Ellie est pâtissière à Londres.
Avec son univers floral façon Alice Au Pays des Merveilles, elle est une étoile montante dans le monde des gâteaux, et décide de participer à un prestigieux concours qui pourrait lui permettre de sauver son salon d...
J'étais là, assise au milieu de mon laboratoire, devant un kilo de pâte à sucre et trois tours de génoise, fulminante de rage, prête à étouffer la prochaine personne qui entrerait dans la pièce avec une seringue de crème fouettée à la rose.
Nathan avait ruiné ma journée. Maintenant, je ne pouvais plus penser à autre chose qu'à ce stupide concours de pâtisserie, un évènement national dans lequel s'affrontaient les meilleures enseignes du pays dans un but précis : remporter les dix mille livres et un contrat d'un an pour devenir le fournisseur attitré de Buckingham Palace.
J'avais besoin de cet argent. Londres n'était pas une ville pour une jeune pâtissière endettée après des années d'études ratées. Si je ne m'étouffais pas avec mes matières premières, c'était mon loyer qui allait m'achever d'ici la fin de l'année. Et ce concours était ma dernière carte, avant que je ne sois obligée de mettre la clef sous la porte. Je n'en avais rien à faire que la reine mange mes tartes aux fraises.
Que Dieu la bénisse, mais elle pouvait bien s'essuyer la plante des pieds avec mes cupcakes, cela ne m'émouvrait pas particulièrement. *
Cela faisait deux ans que je m'occupais toute seule de la livraison le matin, du salon de thé en journée et de la préparation des pâtisseries le soir, parce que je n'avais pas de quoi embaucher une serveuse ou un livreur, et je me maintenais juste à flot grâce à un florilège de détours marketing, d'opérations promotionnelles aux couleurs bigarrées à grands coups de photos Instagram « cocooning et chocolat » au salon.
J'avais désespérément besoin de clients, et il n'y avait qu'avec les réseaux sociaux que j'arrivais à faire venir des curieux. Mais même ça, ce n'était plus suffisant pour sauver ma pâtisserie... D'un coup de poing dans la pâte à sucre, je décidai subitement de quitter le labo pour rejoindre le salon de thé. Peut-être qu'un peu de distance avec mon tablier me calmerait...
La grande salle était une longue pièce colorée d'un bleu pastel avec des frises en bois sombre, des tables et des bancs en bois plus clair, couverts de coussins aux motifs orientaux, bleus, rouges, jaunes, comme les tulipes de la terrasse. Un petit pays de douceur et de couleurs de soixante mètres carrés qui m'avait coûté mon héritage, littéralement.
Derrière le bar, un grand tableau noir affichait les prix des boissons et des pâtisseries, entouré d'étagères pleines de pots à thé et à café en céramique fleurie. C'était mon univers, comme mes robes à fleurs « de grand-mère », comme mes pâtisseries pleines de fruits de saison et de parfums floraux. Ici, j'étais Alice Au Pays des Merveilles, et les clients venaient justement pour ça, pour faire partie d'un conte, pour voyager dans un monde imaginaire, le temps d'un thé et d'une part de tarte.
J'étais en train de me dire que tout ce rêve allait bientôt prendre fin, avec une hypothèque de plus en plus inévitable, lorsque la sonnette de l'entrée résonna soudainement dans la salle. Un client ? À 10h30 et en semaine ? Cela faisait des semaines que je n'en avais plus vu avant 14h... Étonnée, je me retournai vers la porte. Comme pour contredire mes espérances, l'ombre qui se glissa dans le salon de thé me fit plus l'impression d'un oiseau de mauvais augure plutôt que d'un client matinal.
C'était un homme de grande taille, vêtu d'un manteau de costume long, comme on en vendait chez Burberry. Avant même de voir son visage, mon regard fut immédiatement attiré par ses chaussures cirées à l'éclat trop clinquant. Elles étaient d'un luxe tellement ostentatoire qu'elles me firent froncer les sourcils. En plus de leur cirage digne de panneaux solaires, elles étaient vraiment très -TRÈS- longues, comme si l'excès débordait de cet homme jusque dans sa pointure. Je levai les yeux vers son visage, à présent certaine d'y trouver un objet encore plus kitsch et voyant que ses chaussures rétroéclairées.
Il avait le teint hâlé, mais blanchi à dose de crème éclaircissante. Sa barbe et sa moustache épaisse étaient parfaitement taillées et dissimulaient son menton et sa bouche, que je ne découvris que lorsqu'il esquissa un large sourire souligné par des dents, d'un blanc émaillé, qui rappelaient ses chaussures clinquantes. Ses grands yeux noirs étaient rivés sur moi, comme s'il s'apprêtait à bondir.
D'une main épaisse et au poignet orné d'un bracelet en argent, il ramena ses cheveux noirs en arrière, baissant légèrement le menton pour me regarder en biais, avec un air séducteur. Sans même chercher à sourire, je levai les yeux au ciel, exaspérée. Encore un représentant commercial...
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Oulàla, première rencontre avec Mr Malhotra, ça va ? On a encore tout le monde ? Aller, évitez la crise cardiaque pour la suite ;-)
Stay happy ! Un peu de N. Flying pour la bonne humeur et rêver nous aussi de trouver notre sirène ou notre triton (oui, on dit "triton" pour un homme, c'est horrible hein ?)!