Chapitre 10

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- Dis, débuta Tao, cela te tente d'aller au restau ce midi ? J'en ai un peu marre de manger à la cantine.

Marin s'arrêta au beau milieu du couloir, ce qui fit râler les lycéens derrière lui. Il n'était pas si sûr tout à coup.

- Tu n'as pas à t'en faire si c'est un problème d'argent, je peux t'offrir le repas, cela ne me dérange pas. Et puis je ne propose pas un cinq étoile. J'ai repéré une brasserie, ce sera moins cher. Qu'est-ce tu en penses ?

Convaincu, le garçon aux yeux bleus hocha la tête puis les deux jeunes hommes quittèrent le lycée pour se rendre en centre-ville. Comme Tao l'avait dit, la brasserie dans laquelle ils mangèrent ne fut pas très loin et pas très chère. De plus les plats étaient délicieux et ils avaient passé un bon moment. Cela rassura grandement Marin. Il n'aurait su dire pourquoi mais ces derniers jours, Tao avait été distant. Ce dernier était de plus en plus fatigué et sortait à chaque nouvelle question, la même réponse ; quand Marin proposait de passer un moment chez lui, il refusait, prétextant qu'il avait trop de travail. Cette distance qui avait été installée inquiétait grandement Marin. Depuis le début de l'année, il n'avait comme ami, que Tao. Les autres ne semblaient pas s'intéresser à lui. En cours, pour ses camarades, il était présent, mais également absent. Alors voir son seul ami glisser des barrières entre eux deux, cela ne lui avait pas plu.

Heureusement, Tao venait de briser ses doutes en à peine trois quarts d'heures.

Ensuite, ils passèrent le reste de la journée à discuter, manquant à plusieurs reprises de se faire sanctionner par leurs professeurs pour leurs manques d'attention.

La sonnerie annonçant la fin de leur journée de cours retentit, les libérant de ces cours barbants. Devant le portail, chacun devait prendre une direction opposée de l'une à l'autre et quand Marin entama sa route, il fut retenu par une main qui tirait sa veste. Il se retourna pour découvrir un Tao nerveux, ce qu'il n'est pas habituellement.

Dans un mouvement qui paraît surréaliste aux yeux de Marin, son ami leva ses mains et les bougea devant lui. Le garçon aux yeux bleus n'eut aucun mal à savoir ce qu'il se passait. Les larmes lui montèrent aux yeux, dévalant ses joues sans qu'il ne s'en rende compte.

« A défaut de ne pas pouvoir m'entendre, ni de ne rien entendre, j'ai appris cette langue pour que tout soit plus simple. J'ai parlé avec ta mère après le weekend que nous avons passé chez toi. J'ai senti le besoin de lui confier mes doutes, elle m'a tout expliqué. Alors j'ai décidé de parler la langue des signes pour communiquer avec toi sans que tu ne te sente exclut. D'où mon évaporation de quelques jours. J'espère que tu ne m'en veux pas trop. A demain M-A-R-I-N. »

*FIN*

Marin, celui qui ne disait rienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant