Chapitre 3

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Tao posa son plateau sans retenu sur la surface plate, créant un bruit qui fit sursauter l'occupant. Prenant tranquillement ses aises, Tao tira la chaise vers lui et s'assit face au jeune homme de la veille. Le matin même encore, il l'avait évité. Maintenant, il aurait du mal et Tao ne comptait pas le lâcher. Ce dernier se trouvait face à lui, les yeux dans les yeux. C'était la première fois qu'il voyait son visage en entier. Ce qui frappa immédiatement Tao fut ses yeux. D'un bleu profond, comme l'eau au cœur de l'océan. Sa peau de porcelaine les faisait ressortir et ses cheveux ébène et bouclés surplombaient en masse le haut de sa tête.

- Salut, démarra Tao. Je m'appelle Tao, on est dans la même classe. Toi c'est comment ?

Le garçon ne répondit pas. Il le détaillait en silence, attentif.

- Tu viens d'arriver ici ? poursuivit-il. Je ne t'ai jamais croisé avant, et cela fait un moment que j'habite dans le coin. Avant j'habitais dans le sud de la ville mais j'ai déménagé pas loin du lycée.

Tao continua ainsi, il lui posait des questions mais le garçon ne répondit à aucune d'entre elle. Il avait même fini par se désintéresser de son interlocuteur, reprenant le cours de son repas. Après une nouvelle bouchée, une main se plaça sous ses yeux, attirant son attention. Le garçon lança un regard ennuyé à Tao.

- Tu n'as pas l'air bavard... Cela te dit qu'on se mette à côté pour le cours de français tout à l'heure ? Cela pourrait être sympa j'en suis sûr !

Le garçon le fixa, hébété. Il soupira, délaissant sa nourriture et rassembla ses affaires en vitesse avant de quitter précipitamment le réfectoire, abandonnant Tao à la table. Celui-ci se demanda alors ou était le problème. Avait-il dit quelque chose qu'il ne fallait pas ? Etait-ce une erreur d'aller le voir ? Il ne pensait pas à mal... Il irait s'excuser plus tard, quand il en aura l'occasion.

Et cette occasion arriva plus vite que ce qu'il pensait. Encore une fois, l'autre était seul à sa table. Délaissant Jules qui l'avait rejoint en chemin, Tao s'installa à côté du garçon aux yeux bleus. Ce dernier ne l'entendit pas arriver, plongé dans ses pensées. Ce fut quand Tao posa sa main sur son épaule qu'il se retourna vivement, effrayé. La main sur le cœur, on aurait pu croire qu'il venait de frôler une crise cardiaque. Quand il reconnut Tao, il lui flanqua un coup plutôt violent dans l'épaule. C'était mérité.

Cependant, au grand étonnement de Tao, il ne dit rien. Enfin, il ne dit rien sur sa présence à ses côtés. Au moins, à la cafétéria, il soufflait ou montrait sa désapprobation. Mais là, rien. Le cours allait commencer alors Tao chuchota rapidement un « je suis désolé » ce qui fit froncer les sourcils au garçon. Ce dernier sortit de son sac un paquet de post-it jaune et écrivit une phrase dessus avant de coller le bout de papier sur le cahier de Tao.

Pourquoi ?

- Tu sais que tu peux chuchoter, ce n'est pas dérangeant si on ne fait pas de bruit. Comment cela pourquoi ?

Je n'aime pas parler. Pourquoi tu t'excuses ?

Se prêtant au jeu, Tao se saisit d'un stylo et écrivit à la suite :

Parce que tu es parti précipitamment tout à l'heure, c'est à cause de moi pas vrai ?

Le garçon secoua négativement la tête et agita la main par-dessus son épaule l'air de dire « oublie ». Puis il sourit légèrement. Sourire que Tao lui rendit. Au bout de quelques minutes où tout deux suivirent le cours plus ou moins attentivement, un nouveau post-it fit son apparition sur le cahier de Tao. Ce dernier le lut en un coup d'œil furtif. Il n'y avait qu'un mot :

Marin.

Tao tourna la tête vers son voisin qui lui, attendait sa réaction. Tao le pointa du doigt et il hocha la tête de haut en bas, malicieux.

- Enchanté, Marin. 

Marin, celui qui ne disait rienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant