28 Nature reptilienne

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musique ; motorhead love me like a reptile.

Deux semaines plus tard...

Il ne m'a fallu que quatre jours pour me persuader que j'avais fait quelque chose de travers. Ou alors je n'avais été pour lui qu'un plan cul, un jeu, si c'est vraiment ça c'était plutôt mérité de ma part, un juste retour des choses.J'en suis presque à m'ouvrir une bouteille de rhum et à la descendre seul comme un raté dans mon appartement. Mais je ne l'ai pas encore fait. Je me sens trop nauséeux pour ça. Ça m'a prit ce matin en me levant, le sol m'avait soudainement paru terriblement instable et je sentais un mal de tête monstrueux pointer le bout de son nez. J'avais tout de même enfilé mon uniforme pour le retour demon unité à la base. Bien évidemment Ewen s'était précipité pour venir me demander plus ou moins discrètement qui est Kelam comme il l'avait promis dans sa lettre mais je n'avais pas eu la force ni le courage de lui répondre et avait reporté ma réponse à plus tard à son grand désespoir.

Enfin pour le moment c'est moi qui suis en train de faire copain-copain avec le désespoir et un sachet d'aspirine. Est-ce que j'ai vraiment été naïf au point de croire que Kelam était sérieux ? Je me pince l'arrête du nez et souffle un temps. Une chaleur désagréable s'en est prit à ma poitrine depuis un bon quart d'heure, à vrai dire ça se rapproche plus de la brûlure mais ne dramatisons rien. L'idée d'ouvrir le rhum revient dans mon esprit au même moment que mon téléphone se met à sonner. Je laisse la sonnerie résonner un moment, observant l'écran d'un œil las avant de me rendre compte du nom qui y est affiché. Et alors je me redresse d'un coup et décroche à toute vitesse.

« Kelam ! Je, j'ai fait quelque chose de mal ? » J'enchaîne les mots à toute vitesse, la gorge nouée.

« Non, non, bien sûr que non. Je suis désolé de t'avoir laissé sans nouvelles pendant tout ce temps mais je ne pouvais rien faire. Enfin tu ... peux venir ? »

« J'arrive. » Je coupe l'appel précipitamment et je me jette sur ma veste.

Je manque trois fois de m'étaler dans les escaliers mais ça ne m'arrête pas. Il ne m'en veux pas, il ne jouait pas avec moi, ce n'était pas une blague. Ce n'était pas une blague. Je ne prends même pas la peine de démarrer ma moto et cours à en perdre le souffle, chaque foulée me rapproche de lui. Je cours dans la rue. La rue mène à Kelam. C'est tout ce que j'arrive à formuler comme pensée.

J'arrive devant chez lui, sonne et me plie en deux, tentant de rejoindre les deux bouts de ma respiration chaotique, je pense que je viens de battre le record mondial de course. Il ne met que quelques secondes à ouvrir, ooh il ne m'a jamais été donné de plus belle vision que ce sourire angélique qui illumine son visage et le vert surréaliste de ses yeux à cet instant. Je rentre sans un mot, mon souffle décousus m'empêche de dire quoique ce soit. La brûlure dans ma cage thoracique est devenue quasiment insupportable mais je n'en tiens pas compte, non, la seule chose qui me préoccupe maintenant c'est d'embrasser ces lèvres tentatrices. Je vais donc pour poser mes mains tremblantes sur ses joues mais il me les attrape au vol.

-Hey, bonjour déjà. Me glisse-t-il doucement.

Je pousse un petit soupir et pose ma tête au creux de son cou, découvert par l'espèce de kimono violet foncé qu'il porte. Il lâche mes mains et m'enlace avec tant de délicatesse... aah mon rail de coke bien-aimé. Son odeur apaisante et la chaleur de son corps atténuent ma migraine comme le plus efficace des médicaments. Je me laisse faire quand il m'écarte et prends mon visage entre ses mains. Il pose enfin, ENFIN sa bouche contre la mienne mais ne fait pas durer ce contact, une expression inquiète s'est peinte sur ses traits.

-Sin, je crois que tu as de la fièvre...

Je secoue la tête un peu trop lentement à mon goût.

-Non, j'ai couru c'est pour ça. Je crois que j'ai juste besoin de toi.

Ses sourcils restent froncés, je joue distraitement avec ses boucles et mes yeux glisse sur son corps. Il ne porte qu'un boxer sous son kimono sombre qui lui tombe sur les cuisses, quelle image délicieuse.

-Qu'est ce que c'est que cette tenue ?Je lui demande, ma voix n'est qu'un chuchotement.

Il me sourit avec malice.

-Ma tenue des jours de congé. Je crois que tu ferrais bien de t'asseoir un peu.

Il me guide jusqu'au canapé et m'y assoit, j'ai vraiment perdu toute trace de volonté. Mon esprit est obnubilé par Kelam, c'est à peine si je vois le décors autours de lui. Il se recule, ses yeux luisent de cet éclat sauvage qui prévient quand il a des pensées salaces, à croire qu'il est pire que moi. Debout, il penche la tête sur le côté, son kimono glisse sur son épaule droite dans un petit bruissement de satin.

-Les vêtements sont une insulte sur toi. Je souffle, émerveillé par ce que je vois. Mais je lutte contre le feu qui me lacère les poumons. Qu'est ce qui me mets dans un tel état ?

Kelam a maintenant l'air carrément alarmé. Il pose sa main sur mon front, mes doigts s'enlacent aux siens et un sourire heureux se fraye un chemin jusqu'à mes lèvres.

-Ok. Je vais te chercher de la glace. Allonge-toi, je reviens.

Ooooh oui, prends soin de moi, j'aime bien quand tu fais ça. Je commence à divaguer mais ma migraine reviens comme un coup de gong lorsque ma main quitte la sienne. Mon souffle devient vraiment sifflant et je m'allonge à moitié, le dos sur l'accoudoir du sofa. Mon bouclé revient un linge entre les doigts, et je suis tout content de le voir.

-Dis... j'ai chaud, tu m'aide à enlever mon t-shirt ?

Il pose la glace sur mon front avec précautions puis il commence à soulever mon haut, toujours avec cet air crispé sur le visage. Il s'arrête brusquement dans son mouvement.

-Oh...

-Quoi ?

Je me redresse maladroitement et observe à mon tour mon torse. Un éclair de lucidité me frappe et je tente de rabaisser mon t-shirt. Voilà pourquoi, je me sens tellement honteux... le rouge me monte vicieusement aux joues mais Kelam m'empêche de me rhabiller. Aaah que l'on me tue maintenant, je n'ai jamais été dans une situation plus embarrassante.

Je mue. Et il fallait que ce soit aujourd'hui, en face de lui. Je me cache le visage dans mon bras tandis que mon bouclé soulève mon haut en entier. Il passe sa mains sur la peau qui borde mes écailles fragiles. Je sais à quoi ça ressemble, elles se ternissent, tombent une à une et sont remplacées par de nouvelles sur un cycle de vingt-quatre heures, pendant ce temps mon corps subit le contrecoup d'un tel changement physique. Ce n'arrive quasiment jamais dans la vie d'un draconien, une mue n'est provoqué que par un choc psychologique fort ou naturellement dans l'enfance quand il grandit. Je me sens si vulnérable... c'est horrible. Je retiens un sanglot qui ne passe pourtant pas inaperçu au près de Kelam qui retire vivement ses mains.

-Hey... je t'ai fait mal ? Qu'est ce que je peux faire ?

Je passe ma main sur mon visage en reniflant, je dois ressembler à une misérable loque avec mes écailles qui pellent et mes yeux humides et rougis. Seulement tout ce que je trouve dans le regard de mon humain c'est de la compassion et de la tendresse. Cet homme est parfait, sauvez mon âme de pauvre pécheur qui ait touché à cette pureté.

-Juste...apaiser les brûlures et attendre que ça passe. Je suis tellement désolé...

Il m'embrasse le front, mais heuuu,c'est mon truc ça !

-C'est rien, un peu surprenant maisc'est pas grave, je m'en occupe.

Et ce dit, il repart dans la cuisine. Je reste apathique, pris d'une lassitude lourde, je suis fatigué. Une larme glisse au coin de mon œil sans que je lui en ai donné l'autorisation. Mais je n'ai pas la détermination pour reprendre en main mon corps. Mon doux Kelam reprends ses soins attentionnés,caressant de temps à autre ma tête. Je ne réussit qu'à me perdre dans mes pensées sous ses mains appliquées. Je cède au final pitoyablement à l'appel de Morphée.

Mon nom est SinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant