L'assassinat

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À la fin du 18e siècle, Dhuna, une contrée de l'empire irlandais, était gouvernée par le roi Florian II et sa femme Kaitlin. On y trouvait de nombreuses races d'êtres surnaturels. La plus rare était celle des Fa-es, des êtres qui pouvaient prendre la forme de n'importe quel animal à volonté.

Malgré cette population très disparate, Dhuna était prospère. Dans l'ombre des rues de la capitale Dhunaara se nichait un groupe qui se faisait appeler « la Guide des assassins ».

Leur base se nichait dans une grande grotte, située dans la montagne, sur l'autre rive de la Drill, mais ils déambulaient souvent sur les toits de la ville. Ils portaient en permanence une tunique qui variait selon le grade de celui qui la portait, vert pour les apprentis, blanc pour les lieutenants d'Alexandre Rubis, le chef de la Guilde. Le rouge était réservé au fils ou à la fille de celui-ci.

Une silhouette se détachait en haut d'une gigantesque falaise qui surplombait le fleuve, en face de la ville s'étendant sur plusieurs kilomètres. C'était la fille d'Alexandre, la personne en qui il avait le plus confiance. Elle se nommait Évelyne et était surnommée l'assassin de Dhuna, en raison de ses nombreux assassinats commis sans que les autorités locales ne puissent seulement la voir. Elle était la plus célèbre et la plus redoutable des assassins de la Guilde, bien qu'ils soient plusieurs centaines. Elle surpassait même son père qui n'était que le deuxième assassin le plus redouté de tout l'empire.

Le corps entier d'Évelyne était une arme. Sa ceinture rouge était la seule extravagance que l'on pouvait apercevoir dans son équipement, essentiellement blanc, en raison de son grade de lieutenant. Malgré cela, le sang rouge vif des morts contrastait à son retour de mission. Son unique but était de prouver à son père qu'elle était digne de sa renommée. Dans son dos, une épée courte était suspendue par un lien de cuir. Cette épée n'était pas ordinaire, elle était aussi tranchante que l'obsidienne et d'une solidité à faire frémir un diamant. Sur ses avant-bras étaient fixées deux lames, d'apparence inoffensive, mais dès qu'elle les maniait, elles devenaient aussi redoutables que son épée. Elles étaient rétractables d'un simple mouvement du poignet. Sous sa capuche blanche, ses cheveux noirs comme le jais dissimulaient des dizaines d'épingles invisibles à l'œil nu, toutes plus piquantes et mortelles les unes que les autres, très pratiques lors des contrôles des gardes. Ses yeux, plus perçants que ceux d'un aigle, analysaient la ville de l'autre côté de la Drill.

Seul le palais avait de la place pour s'étendre au bon désir du roi, alors que dans le reste de la ville, les maisons étaient entassées les unes sur les autres, ne laissant qu'un étroit passage pour les hommes.

Tout à coup, Évelyne plongea dans l'eau glacée et nagea sans s'épuiser jusqu'à l'enceinte de la ville. Elle y grimpa, dégoulinante d'eau, et dut attendre quelques secondes le temps que l'eau s'égoutte au sol. Elle s'élança alors en direction du centre-ville puis entra dans une échoppe désaffectée. Discrète et fluide comme le vent, elle pouvait se faufiler dans le moindre recoin. Elle monta les escaliers plus vite que son ombre et arrivée en haut, sorti par une fenêtre. Sautant de toit en toit, elle arriva en moins d'une minute en bas du mur qui protégeait le château. De là, elle scruta les alentours ainsi que le haut de la muraille, pour vérifier qu'il n'y avait pas de gardes ou de manants pouvant la dénoncer. Rassurée, elle l'escalada et sauta de l'autre côté. Son frère n'aurait pas pu faire mieux. Se glissant d'ombre en ombre, elle se dirigea vers le mur du château, qu'elle escalada plus vite encore. Arrivée à la fenêtre du roi et de la reine, elle se faufila à l'intérieur. Car oui, c'était eux qu'elle devait assassiner, ayant été embauchée par une maîtresse du roi, déçue par celui-ci.

Elle profita pour récupérer l'argent que Florian laissait dans un tiroir, puis assassina le couple royal dans son sommeil. Chose faite, elle redescendit le mur, traversa les jardins, escalada la muraille et s'enfuit dans le dédale des rues de la ville. En se dirigeant vers le fleuve, elle remarqua qu'elle était couverte de sang, la Drill devrait cependant la nettoyer. Après avoir traversé et escaladé la falaise, elle rejoignit son frère qui l'attendait. Un cri d'alarme résonna dans toute la cité. On venait de trouver le couple baignant dans leur sang encore frais. Elle lui dit alors avec un sourire malveillant :

— Le cri que j'attendais est enfin arrivé !

— Toujours aussi diabolique, ma sœur ! dit-il en réponse à son enthousiasme en la serrant dans ses bras.

— Arrête, tu m'étouffes ! dit-elle en donnant un coup de poing amical à son frère.

Regardant les montagnes avec un désir de liberté, elle chuchota :

— Allez, il ne faut pas être en retard pour mon mariage !

L'assassin de DhunaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant