L'assassin de Dhuna

Le combat à mort

Après des semaines qui ont paru des années à Évelyne, la Guilde arriva enfin à Zetsubō, la capitale des Terres Maudites. Évelyne fut contente de constater que tous les assassins aient répondu présents et qu'aucun ne se soit défilé. Elle leur annonça du haut de la muraille :

— Maintenant que vous êtes tous là, je souhaite voir vos talents en organisant un concours ! Évidemment, j'y participerai comme vous et Emmy sera l'arbitre !

Des exclamations de surprise, mais aussi de refus se firent entendre dans les rangs des membres de la Guilde fraîchement arrivés. Évelyne haussa la voix pour leur dire :

— Rappelez-moi, qui commande ici ?

Un silence des plus pesants se fit ressentir.

— Bien ! proclama Évelyne.

Elle désigna un assassin du premier rang.

— Viens dans l'arène, tu seras mon adversaire pour le premier combat. Si tu gagnes, tu deviens le Roi des Terres Maudites ! Si je gagne, tu ne seras plus là pour connaître ma récompense ! Car bien sûr, nous combattrons jusqu'à la mort de l'un d'entre nous !

Un sourire confiant étira les lèvres de l'homme.

— Je suis sûr de gagner contre une enfant comme toi ! répliqua-t-il.

— N'oublie pas que tu t'adresses à l'Assassin de Dhuna, la Reine invincible et Sans-Cœur !

Toutes les personnes présentes les regardaient d'un air interrogatif. Seule Emmy, qui connaissait les capacités de sa reine et qui voyait qu'elle était bel et bien de retour, la regardait avec admiration.

Une fois tous les assassins et le peuple de Zetsubō réunis autour de l'arène, Évelyne déclara :

— Maintenant que tout le monde est présent, je vais vous expliquer les règles. Tous les coups sont permis, mais aucune aide extérieure n'est autorisée ! Nous devons combattre uniquement par nos propres moyens !

Le public regarda avec mépris l'assassin, et respect leur reine. Emmy proclama alors :

— Si vous avez compris les règles du combat, vous pouvez commencer !

L'Assassin, très confiant, ne prit pas la peine de monter sa garde. Ce qu'Évelyne prit pour un affront. Il devait la considérer comme une gamine et non comme son chef ou un assassin accompli. Elle allait lui prouver le contraire en le battant. Elle lui dit alors d'un ton amusé :

— Tu sais ce que je pense en ce moment ?

— Non, je n'en ai rien à faire ! répondit-il avec un air arrogant, ce qui exaspéra Évelyne.

— Juste pour t'embêter je vais te le dire. Je pense que tu as un talent inestimable qui ne devrait pas être gâché, malheureusement, dans un monde comme le nôtre, les forts écrasent les faibles.

— Comme tu dis ! Les forts écrasent les faibles ! dit-il, toujours avec cet air arrogant plaqué au visage. Et je vais te prouver que tu es faible !

Il s'élança vers Évelyne. Celle-ci, s'y attendant, se jeta sur le côté, l'esquiva et lui donna, au passage, un coup de poing sur la colonne vertébrale. L'assassin fut projeté au sol avec violence, avec un gémissement de douleur. Les spectateurs étaient en délire. Du coin de l'œil, Évelyne vit un éclat argenté venant droit vers elle et provenant de la foule. Elle l'esquiva au dernier moment, et, contrôlant parfaitement sa rage, marcha calmement vers l'assassin encore au sol, toujours gémissant de douleur. La foule s'était tue, horrifiée qu'on ait tenté hors d'un combat d'attenter à la vie de leur reine. Évelyne déclara en se penchant vers l'assassin :

— Je te préviens, si tu ne me dis pas tout de suite qui a lancé ce poignard, attends-toi à ne plus revoir la lumière du jour avant un très long moment ! Je vais t'enfermer dans la cellule la plus profonde de la citadelle.

L'assassin, déjà pâle à cause de la douleur que lui avait infligée Évelyne, blêmit encore plus.

— Je vous jure que je ne sais qui a essayé d'attenter à votre vie ! Même si je ne vous apprécie pas en tant que reine, je respecte les règles des combats de la Guilde. Je ne sais vraiment pas qui a pu lancer cette arme !

La jeune femme, sentant la peur coller au dos de l'homme, esquissa un sourire machiavélique, ce qui fit trembler le misérable humain qui se tenait devant elle. Évelyne prit alors un de ses poignards et le lui planta dans le cœur sans vergogne. Elle le baissa ensuite d'un coup sec, lui ouvrant le ventre et répandant ses tripes par terre, offrant un macabre spectacle à la foule. Certains spectateurs commencèrent à chuchoter :

— Est-elle vraiment aussi cruelle qu'on le dit ?

— C'est vraiment la jeune fille que l'on a vue au tournoi ? Pour moi, elle est devenue une toute autre personne !

Seules Meghane et Emmy la regardèrent sereinement, habituées depuis longtemps à ses mises à mort spectaculaires.