Deux jours après, je me dégoûte encore plus. J'ose même pas me regarder dans un miroir, je m'interdis d'être de bonne humeur et je me donne envie de vomir. Je n'arrive pas à avoir un avis fixe sur ce qu'il s'est passé. Je n'aime pas Austin ça j'en suis sûre. Mais je ne peux pas nier que ses bras m'ont fait du bien. Soit à défaut d'avoir ceux de Nash, soit parce que ce sont les siens. Mais dans tous les cas je me dégoûte. Se battre contre soi-même est ce qu'il y a de plus dangereux. Tu connais ton ennemi mieux que personne, ses faiblesses, ce qui le fait pleurer. Mes démons sont pleine guerre avec les anges qui me restent. Les deux clans ont leurs raisons, les deux me feront pleurer. C'est le chaos dans ma tête, et mon esprit n'est plus qu'un champ de bataille. J'ai envie d'en vouloir à la terre entière. Ce grand POURQUOI reste encré dans mon esprit. Dans mes pensées. Mes sentiments. Partout. Je suis trop énervée et tendue pour ouvrir les vannes. Alors je me contiens, je serre les dents et tape ces mots comme si j'attaquais directement ce grand POURQUOI. La nuit est tombée, et moi avec. Je laisse couler dans mes oreilles toutes les musiques tristes et violentes. Je ne supporte pas de rien faire, j'ai besoin de bouger. Un éclair de génie. Ou la pire idée du siècle, peu importe. J'attrape ma veste, enfile mes chaussures, glisse mon portable dans ma poche et claque la porte derrière moi. Me voilà dans la rue. À droite la maison de Nash, à gauche celle d'Austin. La raison me pousse vers la droite mais la folie m'entraîne vers la gauche. Je bifurque et me précipite. Cent mètres plus loin, se dresse devant moi la maison d'Austin. Je ne l'aime pas. Mais il est l'option de facilité. Je n'aurai pas le courage d'aller chez Nash, de le regarder dans les yeux et de faire comme si rien ne s'était passé. Je ne veux pas lui mentir et encore moins le blesser. Je m'avance pour frapper à la porte mais au dernier moment, me ravise. Un message de Nash. Je revois son visage, son délicat sourire, ses yeux doux, son rire incroyable, ses bras. Mon dieu. La chanson « When I was your man » résonne dans mes oreilles. Les larmes coulent toutes seules sur mes joues. Je fais un pas en arrière et réalise que je me fiche d'Austin, de ce qu'il peut penser de moi, de nous. Je l'ai perdu il y a bien longtemps et je ne compte pas le récupérer. En revanche, il est hors de question que je perde Nash. Je repousse mes démons pour la première fois. Courir ne m'a jamais fait autant de bien, j'ai enfin l'impression de déverser ma colère comme il le faut. Le coeur battant, la respiration courte et l'estomac retourné, je toque. Je vois une silhouette s'avancer. La maman de Nash, Sandy, ouvre la porte avec un grand sourire chaleureux comme elle a l'habitude de faire.
- Bonsoir Eden ! Je ne savais pas que tu venais ? Me dit-elle
- J'aimerai parler à Nash, s'il vous plaît.
- Nash ! Tu as de la visite ! Crie-t-elle dans les escaliers.
À la seconde où je le vois, les larmes coulent instantanément. Il me dévisage, il ne m'a jamais vue pleurer. L'air embarrassé, il s'avance vers moi et me prend dans ses bras. Sentir son corps contre le mien, son parfum, mon coeur manque un battement et je redouble de sanglots. Je ne cesse de répéter « désolée, désolée, désolée... ».
- De quoi ? Pourquoi tu t'excuses ? Eden, que se passe t-il ? Me questionne Nash.
Je n'ose même pas le regarder dans les yeux. Je me lance.
- Peut-être que tu te fiches complètement de ce que je vais te dire, mais je m'excuse un million de fois. À la soirée de Taylor, j'ai embrassé Austin à cause d'un action ou vérité, on a dormi côte à côte, enfin plutôt dans les bras l'un de l'autre. Je marque une pause, je sens le regard de Nash, il ne comprend pas.
- Je me suis laissée faire, repris-je, j'avais besoin d'attention pas d'une dispute. Et c'est là que j'ai compris que je ne ressens plus rien pour Austin. Ça fait deux jours que je me dégoûte, si tu savais comme je suis désolée.
- Pourquoi tu es désolée ? Tu as le droit d'aimer ton ex, me dit-il froidement.
- Parce que je t'aime putain ! Criais-je en sanglots.
Je le regarde enfin dans les yeux, à travers les larmes, je vois son visage s'illuminer. Un silence s'abat sur nous. Mes mots sont sortis touts seuls, mais je me sens soulagée d'un poids. Nash enfoui sa tête entre ses mains. Il pleure. Je cours dans ses bras et le serre le plus fort possible contre moi. Je m'excuse à nouveau, il dégage sa tête et me regarde droit dans les yeux.
- Eden Parker, tu es incroyable. Souffle-t-il avant de poser ses lèvres sur les miennes.
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Trop beau pour être vrai
RomanceUne histoire d'amour trop belle pour être vraie, avec son lot de rebondissements. C'est seulement l'essai d'un roman qui ne verra jamais le jour, mais écrit avec un doux mélange de tristesse et d'amour.