Moremplis II

Chapitre 2

Peu d'élèves avaient eu le courage de quitter leur lit à l'heure où le bruit de ses pas résonnait sur le marbre froid des grands escaliers.

Son livre sous le bras, Dora promenait ses doigts sur la rambarde en pierre, laissant son esprit vagabonder. Au dehors, le soleil se levait seulement mais la jeune rousse n'avait plus sommeil depuis deux longues heures déjà.

Il y a deux ans de cela, elle et ses amies dormaient encore après avoir veillé tard dans la nuit. Elles avaient exploré le château, rit à ne plus pouvoir en respirer et elles s'étaient moquées du professeur Broadmoor et de son imposante bedaine. Aujourd'hui tout ça n'était plus qu'un souvenir. La jeune rousse avait passé la soirée à fuir la conversation, préférant se perdre parmi les créatures toutes plus fantasques les unes que les autres d'un certain Mr Dragonneau que d'affronter la présence de l'ancien quatuor, et rêver à une fin différente, meilleure peut-être.

Ses pensées se brisèrent sur les murs froids et durs de la Grande Salle.

Et pour cause, la première chose qu'elle vit en passant les lourdes portes de bois était un groupe de Poufsouffle qui riaient très fort.

Dora avait pu établir une théorie très simple : dans chaque groupe de Poufsouffle, si une exubérante blonde riait d'un rire particulièrement irritant il s'agissait obligatoirement d'Helena Beurk.

Cependant le sourire que ces réflexions avaient fait naître sur son visage s'évanouit bien vite quand elle reconnut la jeune brune que Beurk prenait dans ses bras – en déployant sa gorge d'où sortaient des cris aussi insoutenables qu'assourdissants qui lui servaient de rire.

Lys ne remarqua pas la jeune rousse qui s'empressa de lui tourner le dos pour prendre place à la table des Serdaigle, à l'autre bout de la salle. Dora ouvrit alors précipitamment son livre à la dernière page et lut le titre de ce chapitre « Le Moremplis, le monstre dans votre placard ».

Elle referma le livre.

*

Dora marchait d'un pas déterminé vers la gargouille qui menait au bureau du professeur Dumbledore, la moitié d'un toast à la main.

Quand tous les élèves étaient finalement descendus dans la Grande Salle, on leur avait attribué leurs emplois du temps pour le reste de l'année. Seulement, le professeur Flitwick avait aussi donné à Dora une enveloppe avec le sceau de Poudlard au dos. Après lui avoir remis la lettre « À l'intention de Miss Pandore Levy », le petit homme avait disparu avant que la jeune fille n'ait le temps de lui demander ce qu'était cette lettre qu'elle était visiblement la seule Serdaigle à avoir reçu.

Maintenant elle se pressait vers le bureau du grand sorcier qui dirigeait ce collège et qui lui avait écrit de le rejoindre dès que possible. « J'ai à vous parler. »

La jeune rousse prit le soin d'essuyer les miettes de toast collées autour de sa bouche avant de frapper à la porte du bureau du directeur, non sans une certaine crainte.

Elle fut surprise de voir Dumbledore en personne venir lui ouvrir la porte, et elle entra dans la pièce lumineuse. Elle s'arrêta soudainement quand elle vit les deux autres filles qui se tenaient près du bureau en bois massif, visiblement moins surprises que la Serdaigle. Elle pensa à rebrousser chemin mais entendit le claquement de la porte dans son dos. Elle comprenait maintenant pourquoi le vieux sorcier était venu lui ouvrir et l'avait laissé passer devant.

Elle se résolut donc à la seule chose qu'elle pouvait faire à présent, avancer.
Tout en marchant d'un pas beaucoup moins assuré, elle observa le visage de ses deux anciennes amies.