Chapitre 7

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Ce jour-là, Victoria passa devant la Grande Salle sans un regard pour le repas dont l'odeur alléchante attirait les élèves depuis le grand escalier de marbre. Il y avait plus d'un mois déjà que Louis n'avait pas franchi ces portes et ce n'était pas aujourd'hui qu'elle l'y trouverait. Ainsi prit-elle l'escalier dans le sens inverse, non sans heurter quelques premières années – visiblement trop pressés d'aller manger pour présenter des excuses – et se dirigea vers le couloir qui menait à la salle de Défense Contre les Forces du Mal. Un Serdaigle du nom d'Arthur avait accepté de lui révéler où il avait l'habitude de croiser Louis à l'heure du déjeuner en échange de quelques informations sur une Poufsouffle de quatrième année que Victoria avait bien dû croiser une ou deux fois.

Elle se retrouva bientôt seule à monter les escaliers dans un presque-silence de plomb que seul le faible écho du brouhaha qui montait de la Grande Salle venait briser.

Alors qu'elle se pressait dans l'escalier, elle manqua de chuter, son pied glissant sur un bout de tissu. Quand elle eut retrouvé son équilibre, elle se pencha pour ramasser le gant qui gisait sur la marche. En l'examinant, elle nota les couleurs qui indiquaient que son propriétaire était de la maison des érudits. Une petite étiquette blanche, à l'intérieur du gant, attira son attention. Sur le petit bout de tissu cousu à la doublure il était brodé en lettres d'argent : Pandore Levy. Elle fourra le gant dans la poche de son jean et reprit son ascension, ses pensées se tournant peu à peu vers la propriétaire du vêtement égaré. Puis, de fil en aiguille, elle se surprit à se remémorer le quatuor et les bons moments qu'ils avaient passé ensemble.

Par la fenêtre dans les escaliers, elle aperçut la plaine qui bordait le Lac Noir. Quatre jeunes élèves se livraient à une bataille de boules de neige terrible et leurs éclats de rire firent écho dans l'esprit de la jeune fille. Elle n'aimait pas vraiment l'idée de se jeter des amas de neige au visage, mais adorait regarder Will, Dora, Lys et Adèle se lancer à la poursuite d'un Louis qui se transformait vite en bonhomme de neige. Un soupir s'échappa de ses lèvres. La quatrième année n'était plus qu'un lointain souvenir mélancolique... Aujourd'hui, plus rien n'était pareil. Certes, la cinquième année avait été le témoin de grands changements chez chacun d'entre eux ; mais sans qu'elle puisse vraiment dire quoi, Victoria sentait que quelque chose s'était brisé en cette horrible nuit où les Mangemorts avaient attaqué Poudlard.

A ce souvenir, la jeune Serdaigle sentit une vague d'angoisse la submerger.

Cette nuit-là, de grands bruits l'avaient réveillée en sursaut et dans la salle commune des Serdaigle régnait une terreur presque palpable. Elle se souvenait des ordres des préfets, de l'interdiction de sortir des dortoirs, de l'attente interminable, de l'angoisse et des larmes que personne ne retenait. Ses pensées toutes entières consacrées à une seule personne dans ce château : Louis Baker. Elle se souvenait aussi du professeur McGonagall venue leur annoncer la fin du cauchemar, de la délivrance et de la lumière du jour qui n'avait jamais été si belle, du récit de ce qui était arrivé et de l'intervention du professeur Dumbledore, de son nom « Miss Victoria Gardner ! » qui avait résonné dans le couloir.

– Miss ! Miss !

Un jeune homme vêtu d'un uniforme d'un blanc immaculé et dont l'insigne représentait un os et une baguette croisées, avait posé une main sur son épaule :

– Miss Gardner ! Il y a quelqu'un qui vous demande.

Elle se souvenait enfin de son visage, blême mais souriant, de son étreinte rassurante et des larmes de soulagement quand elle put enfin reprendre son souffle. Elle lui avait sauté au cou pour l'embrasser. Ils ne s'étaient jamais montré qu'une amitié très forte, mais il ne l'avait pas repoussé alors elle avait continué à l'embrasser.

Moremplis IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant