Automne - chap. 6⚠️

30 2 0
                                    

Ce ne fut qu'en tournant au coin de Jackson street qu'elle commença à se sentir mieux. Elle était tout près de chez elle à présent ; sa maison se trouvait dans la rue suivante, sur la gauche. D'ici peu, elle pourrait s'enfermer dans la salle de bains, remplir la baignoire à ras bord d'eau fumante et s'y plonger.

Et surtout, oublier toute cette mésaventure.

La jeune fille ne comprenait toujours pas ce qui s'était passé, et quelque chose en elle lui criait de ne pas chercher à comprendre. Quelque chose d'ancien, de primaire.

D'instinctif.

Alors c'était ce Willa allait faire. Elle allait laisser ça derrière elle, peu importait ce que cela pouvait être. L'oublier. Oui, ça c'était bien. Et elle s'assurerait qu'Abby ne rentre pas toute seule de l'école, les prochains jours, se dit-elle en avançant d'un bon pas. Si elle en touchait un mot à ses parents, peut-être qu'ils pourraient...

...

Un ballon.

Il y avait un ballon.

Willa, surprise, pouvait voir la ligne blanche agitée par le vent entraîner avec elle le ballon de baudruche d'un rouge criard.

Cette même ligne blanche qui était apparemment coincée par quelque débris tombé dans la bouche d'égout du coin de la rue.

Ce n'était qu'un simple ballon, comme elle avait pu en voir des milliers dans sa vie, que ce soit à la fête foraine, le 4 juillet ou au cirque...

Alors pourquoi Willa se sentait-elle de nouveau mal ?

Elle était plantée là, au beau milieu de Jackson street, trempée par la pluie qui n'avait pas cessé son manège, à fixer un ballon de baudruche abandonné au vent d'automne.

Mais pourquoi l'abandonner ainsi ? Quelle lubie pouvait passer dans la tête d'un enfant pour attacher son ballon là ?

Sous ses yeux aussi surpris que méfiants, elle vit alors la ficelle se tendre un peu plus... et le ballon filer vers les arbres, emporté comme un murmure. Willa le suivit du regard tandis qu'il s'estompait dans la pénombre huileuse de ce jour de pluie, disparaissant derrière les arbres comme s'il n'avait jamais existé.

Un faible craquement humide se fit alors entendre derrière Willa. Sur les nerfs, la jeune fille fit volte-face tout en plongeant la main dans sa poche pour attraper son téléphone. Mais la rue était, encore une fois, déserte.

- Je deviens dingue, c'est pas possible..., marmonna-t-elle à travers sa gorge serrée à l'en faire mal.

Pour la faire mentir, le craquement résonna à nouveau. Écho d'un fouillis de branches mortes et de feuilles pourries, il était cette fois-ci accompagné d'un faible gémissement...

Et provenait de la bouche d'égout.

...

Willa ne pouvait pas bouger. Tous ses muscles semblaient paralysés, comme si quelqu'un avait coulé du béton sur sa peau. Il y avait quelque chose dans l'égout, il y avait...

Son téléphone choisit cet instant pour vibrer brusquement entre ses doigts, manquant de la faire crier. Par automatisme, la jeune fille le sortit de sa poche, mais il lui fallut quelques instants pour oser quitter la bouche d'égout des yeux afin de poser ces derniers sur son écran.

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Jun 23, 2021 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

Comme le reflet d'un miroirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant