Devil's Hell, Tome 1 [Sous contrat d'éditions]

Chapitre 1

Colin 

Je shoote dans une canette de bière, en râlant contre la terre entière. Depuis seulement deux ans, ma vie a viré au cauchemar, j'en ai ma claque ! Après des années de carrière, tout est parti en vrille, j'aimerais pouvoir revenir en arrière sauf que j'en suis incapable. Si ça ne tenait qu'à moi, je plaquerais tout pour aller vivre normalement, mais la musique est la seule chose que je sache faire. Je suis pris dans un engrenage que je ne maîtrise plus vraiment, j'ai juste besoin d'évacuer le mal qui me ronge.

Le fait d'être célèbre me plaisait jusqu'à maintenant, dernièrement c'est l'enfer. Je suis devenu un bout de viande qu'on expose devant un troupeau de lions affamés. Ça vous pourrit jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien de vous. Jamais je n'avais réalisé que mon existence serait... aussi catastrophique. La musique, l'argent, le sexe et l'alcool. Je n'ai qu'à claquer des doigts pour avoir tout ce que je souhaite ; or, parfois je regrette tellement la vie que j'avais avant tout ça. J'ai l'impression d'être une bête de foire, les gens ne vivent que pour nous. Je me demande si certains savent que nous ne les connaissons pas, que tout est éphémère.

Nous voyons passer énormément de visages, il nous est impossible de nous rappeler de tout le monde. L'importance que les fans nous accordent est beaucoup trop étouffante. Par moments, j'ai envie de leur hurler dessus pour qu'ils ouvrent les yeux.

Merde à la fin !

À l'heure d'aujourd'hui j'ai abandonné l'idée d'avoir une bonne image. La prison ? Je connais les murs mieux que personne, la presse people se régale lorsque je fais parler de moi, c'est-à-dire au minimum une fois par jour. Leurs magazines me réservent à chaque parution une dizaine de pages, ce qui fait râler mon manager, uniquement en apparence, car tout ceci l'arrange bien ! Ma seule obsession est de pouvoir crier mon mal-être, or ce n'est pas ce que l'on attend de moi, alors je la ferme et en bon petit toutou, je fais ce que l'on me dit, du moins la plupart du temps. Tandis que je termine ma cigarette, j'entends des pas derrière moi. Je ne me retourne pas, je sais très bien que je vais me prendre une brasse encore une fois, mais rien à carrer ! Tomas et Liam, mes deux amis d'enfance, se stoppent devant moi pour me montrer leur colère. Je vais encore entendre parler de toute cette histoire pendant des mois. Les bras croisés contre leur poitrine, je remarque les regards assassins qu'ils me lancent.

Si vous saviez ce que j'en ai à foutre !

— Colin, il va falloir que tu arrêtes tes conneries et vite. Tu es en train de détruire tout ce qu'on a construit jusqu'ici, à cause de ton comportement ! Les gens en ont marre de toi, tu ne les intéresses plus, sauf pour de mauvaises raisons et nous, dans l'histoire, on subit, car tu es l'image principale des Devil's Hell. Ressaisis-toi, bordel, me réprimande Liam.

Agacé, je jette mon mégot à mes pieds et l'écrase. Je prends mon temps, ce qui n'a pas l'air de plaire à mon ami, or je m'en cogne sévère. Ils peuvent m'engueuler pendant des heures, ça ne m'atteindra pas le moins du monde. Soit ils m'acceptent comme je suis, soit ils dégagent, c'est aussi simple que ça.

— Si tu as des problèmes, tu peux nous en parler, nous sommes là pour toi comme nous l'avons toujours été, m'informe Tomas d'une voix inquiète.

Ils me saoulent !

Je les observe tour à tour. Mes potes sont des personnes physiquement différentes. Liam est blond musclé et mesure presque deux mètres, il est le bassiste du groupe. C'est quelqu'un de calme, c'est souvent lui qui nous aide à canaliser nos nerfs avant de faire une énorme connerie. Il a toujours su toucher le cœur des femmes par sa simplicité et sa manière d'être. Il ne se prend jamais la tête et reste lui-même.

Pour ce qui est de Tomas, il a les cheveux noir corbeau et mesure à peine plus d'un mètre quatre-vingts, il est le second guitariste du groupe. Par contre, nous avons le même caractère lui et moi, ce qui pose très souvent problème. La moindre étincelle entre nous peut se révéler fatale. Heureusement, Liam veille au grain.

Franchement, j'adore ses deux gars, mais j'aimerais qu'ils arrêtent de me juger constamment. Ils me connaissent mieux que personne, ils savent ce que je traverse alors pourquoi ils n'arrivent pas à me comprendre sans me demander une putain d'explication ! Si seulement tout était différent...

— Si vous saviez ce que j'en ai à foutre de vos belles paroles. Vous pouvez vous les mettre là où je pense, je n'ai pas besoin de vous. Faites ce que vous avez à faire pour le groupe, le reste, on s'en tiendra au strict minimum, leur rétorqué-je avant de les foudroyer du regard et de monter dans la voiture.