Devil's Hell, Tome 1 [Sous contrat d'éditions]

Chapitre 2

INDRA

Après une rupture amoureuse, chacun a une manière bien à lui de surmonter le chagrin. Certains se plongent corps et âme dans le sport, d'autres mangent sans pouvoir s'arrêter, ou se gavent de crème glacée devant un film romantique. Moi ? Je ne suis pas comme tout le monde, la seule façon que j'ai trouvée pour survivre a été la musique.

Depuis mon adolescence, je suis une mordue de n'importe quel son qui peut me transporter dans un autre univers. Lorsque j'ai découvert les Devil's Hell, tout a changé. Grâce à eux, je suis encore en vie, ils m'ont aidée à guérir de ce trou béant qui loge dans ma poitrine. Une chose est sûre, sans eux je ne serais plus de ce monde.

Quand j'y repense, je me dis que j'ai été bien bête de croire à tout ça, mon histoire avec Cyril était vouée à l'échec depuis le départ, nous étions trop différents. Je pensais que l'homme avec qui je partageais ma vie allait être l'unique jusqu'à la fin de mes jours toutefois en prenant du recul nos chemins ont pris des directions opposées bien avant notre séparation.

Depuis quelques années, je vis à Grenoble, une ville en Isère dans le sud-est de la France. J'ai tout plaqué pour m'installer chez Savana, qui a été la seule à m'aider. Depuis maintenant quatre ans, je n'ai jamais quitté celle qui m'a tendu la main lorsque j'en avais le plus besoin. Notre relation a très vite évolué. De meilleures amies, on est devenues comme de vraies sœurs, peu importe ce que les gens peuvent raconter à notre sujet, nous sommes inséparables au grand dam de Quentin, le fiancé de cette dernière.

— Alors, tu as sauté le pas ? me questionne Savana.

— Nan ! Je ne veux pas participer à cette connerie, puis combien y a-t-il de chance pour que je gagne ? Aucune.

Savana s'assoit dans le canapé à côté de moi, avec toute la grâce d'un hippopotame. Quentin, qui est installé sur le fauteuil juste en face de nous, se paie notre tête son sourire dissimulé derrière son bouquin, se fait trahir par la malice qui danse dans ses iris.

— Indra ! Si tu gagnes, tu me remercieras et tu pourras même t'envoyer en l'air avec le chanteur ! Tu sais, ce Colin O'Connor, me fait-elle remarquer avant de me lancer un clin d'œil.

— Tes hormones de femme enceinte te font dire absolument n'importe quoi ! Je refuse de t'écouter, dis-je en me levant.

— Indra, je t'ordonne de participer ! Ton minou me remerciera plus tard.

Quentin explose de rire, il n'a pas bougé depuis le début de notre conversation et attend patiemment que tout dégénère.

— Chérie, tu ne peux pas dire ça devant moi, bordel ! lui indique-t-il avant de repartir dans un fou rire.

— Je ne comprends pas. J'ai dit quelque chose de drôle ? me demande-t-elle.

— Juste « Ton Minou me remerciera plus tard » évite de lancer des choses comme ça, tu forces notre esprit pervers à faire surface, lui rappelé-je.

— Oh, ça va ! dit-elle avant de croiser ses bras contre sa poitrine et de nous faire une moue boudeuse. Ce n'est pas ma faute, si je vis avec deux obsédés !

Je rejoins ma chambre en pouffant, Savana a peut-être raison. Je ne perds rien à m'inscrire dans un fichu concours, puis de toute façon les validations touchent bientôt à leur fin. J'imagine que des centaines de milliers de personnes se sont lancées. Quel est le pourcentage de chance que mon nom ressorte vainqueur ?

Je m'assois devant mon ordinateur qui est constamment allumé sur la page Internet. Comment ne pas me torturer encore plus ?! Je soupire, prends mon courage à deux mains et entre mes coordonnées dans le formulaire de participation. Mon amie a raison, je ne risque rien. Et si j'avais enfin l'occasion de les rencontrer ?

Tu rêves, Indra !

Je ferme l'écran de ce dernier, et saute sur mon lit. Ma vie est une catastrophe ! À vingt-sept ans je suis en colocation avec un couple, tandis que moi, éternelle célibataire, je cherche un homme qui aura les mêmes traits que Colin O'Connor.

Je suis complètement folle.

— Bon Dieu, tu ne veux pas m'envoyer un signe, juste pour voir si je suis sur le bon chemin et que ma vie n'est pas aussi moche que je le pense, demandé-je à voix haute.

Je ne suis pas croyante, mais de temps à autre, ça ne fait pas de mal d'imaginer que quelqu'un peut entendre mes supplications.