Chapitre 2

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J'ouvre les yeux aux bruits de coups portés contre quelque chose. Je fronce les sourcils, perplexe, et m'assied lentement tout en me frottant le visage puis passant mes mains dans mes cheveux. Je grimace en sentant des picotements provenant de mes bras, je baisse les yeux et vois le pourquoi de ces douleurs: mes bras sont lacérés un peu partout, surtout sur les avants-bras. Je grimace, plus par dégoût que par douleur cette fois-ci, et essaie de me concentrer. Je regarde autour de moi et vois que ma "chambre" est sans dessus dessous. C'est moi qui ai du faire ça j'imagine. J'entend de nouveaux ces bruits de coups et écarquille les yeux d'étonnement. Quelqu'un est en train de toquer à ma porte. Je me lève, tanguant un peu sur place, enfile mon sweat pour cacher les dégâts et m'avance vers la source de tout ce vacarme. J'entrouvre la porte et vois devant moi une jeune fille de mon âge. Elle est blonde et très mignonne, d'un point de vu purement objectif.

"Raiponce que me veux tu? "Je marmonne tout en la fixant

Elle me souris gentiment, elle est bien une des rares personnes de mon entourage à être gentille avec moi. Mais ça ne veut pas dire que je veux être ami avec elle ou qu'elle veut être amie avec moi. Elle est comme ça avec tout le monde. Cela doit être dans les gènes. Pour elle c'est la gentillesse et pour moi c'est le côté pathétique, chacun son héritage. Je coupe court mes réflexions quand elle répète mon prénom. Je répond par un grognement, quand je dis que j'ai eu trop de contacts sociaux, et elle décide de se répéter:

"Ma mère a dit qu'elle avait entendu des bruits bizarres provenant de chez toi, du coup je viens voir si tu as des soucis."

Ai-je mentionné qu'on était voisins? ah et accessoirement sa "mère" enfin plutôt sa mère adoptive n'a aucune raison de s'inquiéter pour moi. C'est juste une commère qui aime ragoter sur les choses étranges de son entourage et je suis son sujet favoris. Le fils Frost "pas fréquentable" qui "traîne dans des trucs louches" et qui "finira retrouvé mort gelé dans une rivière". Quelle ironie. Enfin donc je n'ai aucune raison valable de lui dire la vérité:

"Mon meuble à vaisselle s'est décroché du mur et ça a fait un vacarme monstre, je suis en train de tout nettoyer. Désolé du dérangement."

Je vois ses yeux s'écarquiller de stupeur, cette fille est beaucoup trop naïve. Je lui annonce un sobre "bonne soirée" tout en fermant la porte ne lui laissant pas le temps de proposer son aide. Je rentre dans ma chambre et commence à tout ranger et sauver ce qui est utilisable.

Une heure passe et j'ai enfin fini de tout ranger. Je me dirige vers la salle de bain et observe le miroir cassé, je vais devoir en acheter un nouveau mais... ai-je vraiment besoin d'un miroir? Je ne tiens pas à voir, chaque matin, l'être abject que je suis. Mais bizarrement, je ne parle à personne et la seule chose qui me prouve mon existence est ce miroir où je me vois chaque matin. Je soupire et me dis que oui j'en achèterais un. Plus tard. Je rentre dans le cabinet de douche et laisse l'eau froide me laver du sang, de la saleté et j'espère de mes défauts. C'est à dire de moi même. Je sors, me sèche et enfile des vêtements pris au hasard. Je regarde l'heure: 21h53. Je ne suis pas fatigué, comme d'habitude, et me demande ce que je pourrais faire maintenant. Je regarde autour de moi, est-ce que les murs ont toujours été aussi...proches? J'étouffe ici. Je décide de sortir. J'enfile mes chaussures, prend un paquet de clopes remplit de joints déjà roulés, mon briquet, téléphone, écouteurs, clefs puis sors de chez moi.

Je marche tranquillement, il fait plutôt froid, et me dirige machinalement vers un petit parc près d'ici. Normalement il devrait être remplit d'enfants mais quel parent laisserait un gosse sortir à cette heure-ci? Les miens certainement. Je m'avance pour me diriger vers une balançoire et m'assied sur cette dernière. Je sors un joint et l'allume. Je fume avec comme compagnie le silence qui, avec le temps, est devenu mon seul ami. je rêvasse tranquillement lorsque j'entend un bruit à ma gauche. Je me retourne rapidement et vois une silhouette un peu plus loin. La silhouette me fait un signe de la main et commence à marcher vers moi. Je plisse les yeux et découvre que cette silhouette est la dernière personne que je pensais trouver ici.

sauve moi de moi-mêmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant