Quatre mots sur un piano //Yoonminseok// ✅

Chapitre 61

« - Jiminie, c'est quoi cette tête ? »

Le petit grisé soupira en astiquant le comptoir et leva un regard triste vers Taehyung :

« - C'est ce soir... »

Le blond fronça un instant les sourcils avant que sa bouche ne s'arrondisse de surprise :

« - Oh... Le dîner ? Avec tes parents ?

- Oui... Et même si je sais que... Enfin que Hobi et Yoongi savent que mes parents sont... Des personnes exécrables, j'ai peur que... »

Jimin baissa les yeux, incapable de mettre des mots sur la panique qu'il ressentait. Et si ses parents étaient odieux au point de dégoûter les deux frères de la famille Park ? Et s'ils rencontraient là-bas de magnifiques jeunes hommes ou femmes et qu'ils l'abandonnaient tout seul ? Il sursauta quand Taehyung pressa doucement son épaule et la fin de sa phrase s'échoua précipitamment sur ses lèvres :

« - J'ai peur qu'ils ne m'abandonnent... »

Il détestait ce sentiment de peur qui s'infiltrait sournoisement dans son cœur, il détestait se sentir aussi faible. Jimin avait l'impression qu'il ne faisait que cela : être faible. Il avait été faible face à ses parents quand ceux-ci l'avaient jeté dehors, il l'avait été quand il avait supplié presque à genoux Hyunjin de l'héberger, il l'avait été quand il s'était retrouvé à la rue, il l'avait été quand Hoseok l'avait recueilli, et il l'était constamment depuis le début de son étrange couple à trois. Il était constamment dévoré par la peur de ne plus suffire à l'un des deux frères, qu'ils ne le rejettent, que l'un d'eux ne trouvent mieux. Mais plus que tout il avait peur qu'ils ne se lassent de sa timidité, de sa voix trop douce pour un homme, de son corps frêle, de lui.

Après tout, Jung Hoseok et Min Yoongi étaient deux beaux hommes sûrs d'eux, riches à l'excès, adulés par tous, extrêmement compétents... Et lui, qu'était-il ? Qu'était-il à part simplement Jimin, un garçon rejeté par sa famille et par ceux qu'il avait connu, qui était supposé être mort, et qui rougissait encore comme un adolescent quand il recevait un baiser ? Il n'était rien à côté de la prestance des deux frères. Il renifla et essuya une larme traîtresse avant de fuir le regard compatissant de Taehyung pour aller prendre les commandes. Et il eut la surprise de revoir les deux clients masqués de la dernière fois. Le petit grisé s'efforça de leur adresser un sourire poli, mais sa tentative de paraître enjoué échoua pitoyablement quand il demanda d'une voix attristée :

« - Bonjour, que désirez-vous ? »

Il prit une profonde inspiration quand l'un des deux hommes commanda :

« - Deux cappuccinos, des mochis et des macarons s'il vous plaît. »

Pourquoi est-ce que tout lui rappelait les deux frères ? Jimin récupéra les menus avant de sourire faiblement en retournant derrière le comptoir. Aussitôt, Taehyung abandonna sa préparation de café pour venir enlacer ses épaules :

« - Eh, si tu veux prendre une pause, vas-y maintenant... Il n'y a pas beaucoup de monde. Et tu veux venir chez moi ce soir ? Comme ça tu ne seras pas tout seul...

- Mais ce n'est pas ce soir que tu vas au restaurant avec Jungkook ? »

Jimin essuya encore une autre larme et se dégagea de l'étreinte de son ami pour préparer les cappuccinos demandés :

« - Va au restaurant Tae, je ne veux pas te priver d'une sortie avec ton copain.

- Mais Jiminie... »

Il inspira profondément avant d'adresser un sourire en demi-teinte au blond :

« - Ça ira. J'ai juste besoin de... De je ne sais pas... Mais je dois me reprendre, je ne peux pas être dans un tel état à chaque fois qu'ils ont un dîner d'affaires... »

Il devait être fort. Et alors qu'il disposait les cappuccinos et les gourmandises sur un plateau, il sentit son portable vibrer dans la poche arrière de son pantalon. Aussitôt, Taehyung eut un sourire rectangulaire en nettoyant la machine à café :

« - Regarde, c'est peut-être eux !

- C'est surtout un message de publicité oui... »

Mais Jimin sortit rapidement son portable pour voir un message de Yoongi.

Souris bébé, je n'aime pas te voir triste. Et si tu prenais une pause pour venir parler un peu avec nous ?

Il releva vivement la tête de son portable et son regard se dirigea aussitôt vers les clients masqués. Clients qui lui adressaient de grands sourires bien familiers.