Tout le temps rejetée

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   Par un beau matin, alors que le soleil brillait, dans les rues de sa ville le calme régnait et que la journée s'annonçait belle, pour la sublime duchesse de Rosembell, le cauchemar recommençait.

   La duchesse se prénommait Maud. Elle avait une vingtaine d'années.

   Maud se réveilla, et entreprit de bâiller discrètement avant de sortir de son lit. Elle se plaça devant un miroir. De longs cheveux bruns ondulés encadraient son doux visage, des yeux bleus envoûtants marquaient sa beauté et sa peau était légèrement bronzée à cause de ses journées passées à cheval au soleil.

   Elle s'habilla d'une robe violette très élégante. Elle dû serrer seule son corset. Maud avait appris depuis longtemps à le faire, étant donné qu'elle était orpheline.

   Elle descendit dans la cuisine, pour voir ce que sa cruelle cuisinière avait daigné lui cuisiner.

   Son personnel n'était pas serviable avec elle. Les rumeurs avaient envahi cette charmante demeure, prenant bien plus de place que la vérité qui était étouffée, par tous ces ragots.

   Elle prit calmement le plateau sur lequel était posé trois croissants grossièrement faits, un pichet rempli d'eau, et des tartines de confiture. Au moins, elle avait à manger.

   La duchesse s'installa dans son immense salle à manger. Elle s'assit à table, seule comme toujours, et mangea en silence.

   Après avoir prit son petit-déjeuner, elle débarrassa son plateau et alla sur son balcon pour jouer de la harpe.

   C'était un de ses seuls réconforts. La musique était pour elle un moyen de s'évader, de faire disparaître la tristesse qui habitait en elle.

   Elle s'assit donc contre la balustrade, et entonna un air qu'elle avait créé durant l'automne dernier. Sa voix se mêlait au doux son de la harpe, le résultat était très beau.

   Ses journées étaient souvent rythmées par les airs qu'elle chantait, accompagnée de sa harpe, ou bien elle chevauchait Phoenix, son cheval.

   Après avoir terminé quelques autres mélodies, Maud décida de sortir un peu dehors, pour se promener en ville. Elle savait que ce n'était pas prudent, avec tout ce que l'on racontait sur elle. Mais, Maud ne pouvait pas vivre en étant éternellement cloîtrée chez elle.

   Elle n'avait aucun ami, personne n'était assez courageux pour ne pas croire aux rumeurs. Qui avait envie d'adresser ne serait-ce la parole à une orpheline dite égoïste et sans coeur ?

   Les nobles sur son chemin rirent, et se retournèrent en critiquant la duchesse. C'était devenu habituel, lors des sorties de la duchesse...

–   Voyez ma chère amie comment cette duchesse ose s'habiller.

–   C'est là un accoutrement ridicule. Que fait cette petite sotte ici ? ricana une riche héritière.

–   C'est tellement ignoble ! Elle ferait peur à un monstre ! ajouta une lépreuse. Vous me faites tellement peur ! Disparaissez de ma vue !

   La duchesse s'en alla en courant, blessée par tous ces commentaires. Malgré l'habitude, cela lui faisait toujours aussi mal. Il faut dire que même si Maud était habituée à ce genre de remarques, être critiquée et fuie dans la rue était souvent un coup dur au moral...

   Mais la pire des choses et qu'elle ne savait pas pourquoi des gens la traitait de cette façon. La duchesse était une personne exemplaire, et elle avait tous les bons traits de caractère que chacun souhaiterait avoir. Malheureusement, les rumeurs empêchaient visiblement d'envisager une autre issue.

   Mais visiblement, les nobles ne l'aimaient pas. Personne ne l'aimait, même pas son personnel !

La duchesse de RosembellOù les histoires vivent. Découvrez maintenant