Chapitre 13

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Je me réveillai, non pas parce que j'en avais envie, mais à cause d'un terrible mal de tête. Pas un simple mal de tête après une soirée trop arrosée : plus comme ci quelqu'un s'était amusé à me frapper le crâne à l'aide d'une pelle, plus d'une dizaine de fois, sans s'arrêter. Quand j'ouvris enfin les yeux, ma vision était beaucoup trop floue pour que je distingue quoi que ce soit. Je pouvais voir des formes bouger autour de moi, des personnes me parler, mais je n'arrivais pas à savoir qui s'était.

Au bout de quelques minutes, ma vision devint normale, ainsi que mon ouïe. J'arrivai enfin à entendre, et à voir tout ce qui se passait. Et la première chose que je vis, fut une chambre d'hôpital. J'étais dans une chambre d'hôpital, encore. J'essayai d'avaler ma salive, mais je n'y arrivai pas. Un tube était dans ma gorge, alors que j'étais réveillé. Alors que j'étais en train de paniquer, au même moment, un médecin, accompagné de deux infirmiers, entra dans ma chambre.

- Calmez-vous, monsieur Miller. Ne touchez pas au tube.

Simple à dire, mais difficile à faire. J'avais clairement un tube de plusieurs centimètres coincés dans ma gorge, et ils ne me l'avaient pas encore enlevé. Bien sûr que si, je paniquais. Un des infirmiers me coinça mes mains, pour éviter tout geste brusque, tandis que l'autre commençait à toucher aux machines qui se trouvaient devant moi.

- Nous allons vous retirer le tube, monsieur Miller. Je vais vous demander de respirer profondément, quand j'aurais compté jusqu'à trois. Cligner des yeux plusieurs fois si vous avez compris.

Je fis ce qu'il me demanda, paniqué.

- Allons-y. Un, deux, trois...

Je pris une profonde respiration, alors que l'infirmier enleva le tube. J'avais envie de vomir, et surtout, envie de tousser. Mais enfin, il le retira complètement, et j'avais l'impression de cracher mes poumons. Le médecin arriva avec un verre d'eau, que j'avalai en une seconde trop chrono, tellement ma gorge, ainsi que tout mon corps, était sec.

- Ça n'a pas dû être agréable, je vous l'accord, mais au moins vous êtes avec nous.

- Qu'est-ce que je fais ici ?

Je donnai le gobelet vide à l'homme en blouse, alors qu'il s'assit sur un petit tabouret, près de mon lit. Il croisa ses jambes, avant de me regarder droit dans les yeux, un air sérieux dessiné sur son visage.

- Vous êtes passé près de la mort, monsieur Miller. Voilà pourquoi on vous a entubé. Vous vous êtes scarifié, mais cette fois-ci, trop profondément.

Sur ses paroles, je me rappelai de ce qui s'était passé au lycée. Courtney et ses menaces, la lame, moi qui errais dans les couloirs, puis un trou noir. Ses paroles me faisaient mal, mais je savais que la plaie était profonde. Je regardai mon poignet, mais un bandage se trouvait sur ce dernier. Ça ne me faisait pas mal physiquement, mais mentalement, j'avais mal. Je venais de recommencer.

- Fort heureusement, un de nos collègues était là. Sans lui, peut-être que vous ne seriez pas avec nous, en ce moment.

- Qui ça ?

- Cody Watson.

Je fermai les yeux, et quelques perles d'eau tombèrent sur mes joues. Voilà pourquoi je ne voulais pas qu'il me retrouve comme ça : c'était lui qui m'avait sauvé la vie, encore une fois. Et j'étais censé arrêter de lui parler. Même si je ne le connaissais pas vraiment, mon instinct me disait qu'il était dans l'hôpital, et que dans quelques secondes, je devrais lui faire face.

- Qu'est-ce qui va se passer maintenant, docteur ?

- Dans une heure, une psychologue va venir vous parler. Quelque chose ne va pas, et nous ne savons pas si cela vient de votre famille, ou autre. Mais nous devons résoudre ce problème. Vous êtes passé à deux doigts de la mort.

Des frissons parcouraient l'ensemble de mon corps. Ma mère devait être au courant. Et je ne devais pas lui mentir. Pas encore une fois. Elle avait le droit de tout savoir. Le docteur décroisa ses jambes, et se leva de son petit tabouret, avant de le ranger dans le coin de la chambre. Les deux infirmiers continuaient à vérifier des choses, avant de le rejoindre, près de la porte.

- Je vais appeler votre mère. Elle se fait vraiment du soucis, vous savez...

- Est-ce que Cody est ici ?

- Je ne sais pas, mais seules les visites familiales sont...

- Je vous en supplie, docteur. Je dois lui parler. C'est urgent. Souvenez-vous, c'est grâce à lui, que je suis encore ici.

XXX

- On expliquera tout ça à la psychologue, et nous irons porter plainte.

Ma mère était assise près de moi, et je venais de tout lui expliquer. Tout, absolument tout. Je n'y étais pas allé de main morte : je lui avais expliqué que je me faisais harceler, à l'école, depuis la rentrée. Depuis ma première rentrée à New-York, en fait. Je lui avais aussi expliqué que l'homme qui me harcelait était Cody, mais que son comportement avait beaucoup changé. Et enfin, je lui avais raconté ce qu'avait fait Courtney. C'était certes, stupide de ma part de tout balancer à Cody, mais c'était sur le coup de l'énervement. 

La nature reprend ses droits. [BXB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant