Chapitre 18

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- Arrête de bouger !

- Mais j'ai mal au dos...

- Encore quelques minutes, et je pourrais te libérer.

Cody et moi étions tous les deux assis sur mon toit, la nuit commençait à tomber. Nous étions samedi, et nous avions passé toute l'après-midi tous les deux. Maman, ainsi que mes frères et sœurs, n'étaient pas à la maison. Je l'avais donc invité, et ils ne devaient revenir que dans la soirée. Quand j'avais vu le soleil tombé, et la lumière qu'il reflétait, sur la forêt et sur tout l'horizon, j'avais eu une idée.

J'avais directement attrapé mon carnet de dessin, et avais demandé à Cody de s'asseoir, pour que je puisse dessiner la scène qui s'offrait à mes yeux. Cela faisait plus de trente minutes qu'il n'avait pas bougé, et il faisait presque totalement nuit, mais j'avais fini. Plus que quelques détails, et il pourrait partir.

- Pour que le temps passe plus vite, on peut se poser des questions. Genre, la règle des vingt.

- La règle des vingt ?

Il retourna sa tête pour me regarder, et je lui fis un signe de se retourner. Il ne fallait pas tout gâcher. Il mit quelques secondes à reprendre sa place d'avant.

- Genre, je pose une question, tu réponds. Tu poses une question, je réponds. Au total ça fait dix questions chacun, j'avais l'habitude de le faire avec mon père, quand il m'aidait à m'endormir.

Une image apparut directement dans mon esprit. Celle de mon père, couché à mes côtés, me tenant dans ses bras. Je devais avoir treize ans, et à cette époque, j'avais peur de la pluie, de l'orage. Pour m'aider à m'endormir, il me posait des questions, pour me faire penser à autres choses, et je faisais de même. Ça faisait depuis mes treize ans que je n'avais pas fait ce "jeu". Un jeu qui me tenait beaucoup à cœur.

- Ok, je commence. Ton animal préféré ?

- Le loup. Le tien ?

- Le renard. Il me ressemble un peu, quand on y pense.

Je me mis légèrement à rire. Il lui ressemblait non pas physiquement, mais mentalement pour moi. Dans la pénombre, il tuait petit à petit ses victimes. Mais en fait, à la lueur du jour, il était aussi tendre qu'un chiot en manque d'amour.

- Ton film préféré ?

- Scream, quelle question ! Ton pays de rêve ?

Oui, j'avais un petit faible pour les films d'horreur. Un énorme faible, en fait. Je l'avais regardé au moins dix fois, et je n'arrivai pas à m'en lasser. Puis, au fond, je vivais un peu la même vie que Sydney Prescott, quand on y pense. Je sortais avec un petit copain psychopathe. Puis finalement, j'ai rencontré le bon, sûrement. Pourvu qu'il ne se fasse pas tuer sur une scène d'un théâtre, lui.

- L'Irlande, pour les paysages. Ta première situation amoureuse ?

J'avais enfin fini de dessiner. J'avais entendu sa question, mais je ne voulais pas y répondre. Du moins, je n'y arrivais pas. Il n'avait pas dû faire exprès, puisqu'il reprit la parole directement, pour s'excuser.

- J'ai oublié... Désolé, Chris...

- Quand est-ce que tu as commencé à t'intéresser à moi, et pourquoi ?

Il se retourna, et vint me rejoindre, quand il vit mon carnet posé à côté de moi. J'avais la tête enfoui dans mon pull, comme pour me protéger du froid qui régnait dehors. Il passa son bras par-dessus moi, avant de me faire un baiser sur la joue.

- Ça fait deux questions.

- Ça fait longtemps que je te la pose, alors j'ai le droit à deux réponses.

Je tournai mon regard vers ce dernier. Il me rit au nez, avant de m'embrasser. Qui l'aurait cru ? Cody en train d'embrasser Chris, sur son toit. Pas moi, en tout cas. Ni même toutes les personnes du lycée. J'avais envie de lui faire connaître ma mère, pour de vrai. Pas un simple bonjour et au revoir. Mais, pour avancer, j'avais comme besoin de connaître la réponse de la question que j'avais posée. C'était important pour moi, de savoir.

- Je ne sais même pas, en fait. Je vais être honnête avec toi, mais depuis le début, j'avais une réelle haine pour toi. Je ne sais pas pourquoi. Puis, un jour, je t'ai vu pleuré, dans les toilettes. Sûrement à cause de nous, et j'ai commencé à me poser des questions. Le vrai bouleversement, ça a été ta tentative. Là, je me suis rendu compte que je déconnai vraiment. Au début, je voulais juste me faire pardonner, puis je suis tombé sous ton charme. Un charme que je n'avais jamais connu, auparavant.

Ses paroles me semblaient sincères. Vraiment. Et au fond, il l'était. Il s'était beaucoup éloigné de ses amis, même si je ne lui avais pas demandé. Il ne les voyait presque plus, et réservait son temps pour moi. Ses amis étaient toxiques, et le rendaient toxique. Avec eux, il était un autre homme. Avec moi, il était l'homme qu'il devait être. Même si je ne me lance pas de fleurs, bien sûr.

- Et toi ?

- Que j'ai commencé à succomber à ton charme qui fait succomber tout le monde au lycée ? Depuis la fois où tu as touché ma cicatrice sur le front. Quand tu es venu chez moi pour t'excuser. Il y a eu... Quelque chose.

Il me sourit, avant de me prendre dans ses bras. Je n'avais pas l'habitude de dire des choses comme ça, mais nous étions en plein dans le jeu, et nous devions dire la vérité. Alors, je la disais, rien que pour lui. Après un moment, il me relâcha, avant de me montrer du droit mon carnet, toujours posé à mes côtés.

- J'en suis donc à ma cinquième question, et je pense qu'on va s'arrêter là parce que ça me saoule, mais avant tout, tu pourrais me montrer ce fameux dessin ? 

La nature reprend ses droits. [BXB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant