Prologue:

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-Voyage d'affaire?

-Pardon? Demandais-je en déposant les yeux sur la femme à côté de moi, enceinte jusqu'aux yeux, un sourire rassurant sur le visage.

Je me retrouvais en plein milieu d'un aéroport, assis sur les sièges inconfortables de la salle d'embarquement à observer depuis de longues minutes maintenant mes futurs partenaires de vol.

-C'est le costume, expliqua-t-elle en faisant courir ses yeux sur mon pantalon à pinces et ma chemise blanche, vous êtes là pour affaire?

-Oh non, je me rends au mariage de ma sœur, allez savoir pourquoi elle a pensé que le célébrer en Australie serait une bonne idée. Je me retrouve donc à passer une semaine tous frais payés au pays des mygales, je suis ravi, soulignais-je en faisant pouffer la femme qui caressait son ventre depuis le début de la conversation sans même s'en rendre compte, est-ce que toutes les mères étaient comme ça? Et vous? Qu'est-ce qui vous emmène en Australie ?

-Le papa est Australien, expliqua-t-elle en me faisant un signe vers son ventre, on aimerait pouvoir vivre la naissance du bébé auprès de sa famille.

-Vous en êtes à combien de mois?

-C'est mon huitième, une chance que je sois encore autorisée à prendre l'avion si près du terme, je n'ai pas réussi à trouver une seconde avant aujourd'hui. C'est officiellement mon premier jour de congé maternité.

-Mince alors, ce n'est pas dangereux ça pour le bébé?

-Non, je travaillais de chez moi, je suis organisatrice de mariage et j'avoue avoir eu un peu de mal à décrocher, avoua-t-elle alors qu'une voix stridente résonnant à travers l'aéroport coupait court à notre conversation.

"Les passagers du groupe A du vol 735 en direction de l'Australie sont priés de se présenter au portique numéro 3 pour l'embarquement."

-Groupe A, c'est moi, souriais-je à la femme en agitant doucement mes billets en l'air avant de glisser mon sac sur mon épaule. J'imagine qu'on se reverra dans l'avion, ou à l'arrivée, ce fut un plaisir, saluais-je la jeune femme au moment où son compagnon faisait sa réapparition avec une bouteille d'eau en main qu'il venait sûrement d'acheter au duty free.

-De même, entendis-je dans mon dos comme réponse alors que je quittais déjà mon siège pour rejoindre la file de passagers devant le portique, faisant un vague signe de la main pour la saluer une dernière fois.

Tout le monde portaient déjà de ridicules shorts trop courts et des débardeurs en prévision du temps qui nous attendait en Australie, humide et lourd, contrastant avec les vingt degrés ambiant de l'Angleterre à cette époque de l'année. Ils semblaient tous excités ou stressés, cherchant leurs passeports dans chaque poche de leurs sacs à dos, demandant avec exaspération à leurs enfants d'arrêter de pleurer ou s'extasiant à l'avance du voyage qu'ils allaient faire, rêvant à voix hautes. Je n'avais pas pris l'avion bien souvent au cours de ma vie, mais cette ambiance lourde dans l'attente d'enfin pouvoir embarquer dans l'habitacle après des heures passées à attendre dans l'aéroport, je la connaissais bien et elle ne m'avait définitivement pas manquée.

Je me retrouvai rapidement à mon tour devant le portique, tendant mon billet ainsi que mon passeport à l'hôtesse de l'air qui m'offrit un sourire trop grand pour être sincère. Elle vérifia mes papiers, décrocha une partie de mon billet et me rendit le tout dans une moue qui se voulait amicale avant de me souhaiter bon voyage, de la même manière automatique qu'elle l'avait fait avec chaque passager jusque-là. Je lui offris un signe de tête en tant que remerciements et m'engagea dans le couloir menant à l'avion au milieu des autres passagers, replaçant mon sac à dos sur mon épaule, me demandant une nouvelle fois pourquoi je m'étais encombré du seul sac avec une bretelle défectueuse que j'avais chez moi.

De toute évidence, je devais bien avouer que ma peur des avions ne m'avait pas quitté depuis la dernière fois que je l'avais pris. J'avais beau écouter ma sœur, Lottie, hôtesse de l'air, qui me répétait sans arrêt des pourcentages rassurant sur les taux d'accidents d'avions je ne parvenais pas à rester raisonnable. Chaque passage de turbulences était un cauchemar alors qu'autant l'atterrissage que le décollage me donnaient des migraines pas possibles et attaquaient mes tympans à cause de la prise d'altitude trop rapide.

J'arrivais en peu de temps devant la tête de l'appareil où des hôtesses de l'air et les pilotes nous accueillaient, nous souhaitant bon voyage et nous aidant à trouver nos places attribuées. Je les saluai d'un sourire franc tâchant de cacher mon stress, gêné que des personnes qui prennent l'avion tous les jours puisse trouver ça ridicule d'en avoir peur. Je me laissai guider jusqu'à mon siège par une hôtesse, mettant rapidement mon sac dans les espaces prévus à cet effet au-dessus de mon siège avant de me laisser tomber sur celui-ci dans un soupir de réconfort.

-"Plus que 17 heures de vol", soufflais-je pour moi-même en observant l'avion se remplir peu à peu de tous les passagers.

Si j'avais su ce qui allait bientôt nous arriver.

The survivors - Larry (En pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant