Chapitre 2:

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Une douleur insupportable se fit ressentir dans mon crâne, comme s'il était compressé sur lui-même alors que l'on cherchait à en extraire le jus, comme on presserait un vulgaire citron. J'avais pourtant toujours détesté ce fruit, je ne voulais pas faire ma grande entrée dans le paradis en me comparant moi-même à un satané agrume. Si j'en avais encore la force, j'aurais sûrement pesté contre moi-même, mais étonnamment, la douleur qui me maintenait éveillé semblait me faire comprendre que non, mon heure n'était pas encore venue. Je devrais encore me battre quelques heures ou minutes seulement avant d'enfin pouvoir m'éteindre pour l'éternité, bien que je n'avais plus la force de supporter tout ça.

Je ne cherchai même pas à ouvrir les yeux, cherchant surtout à pouvoir concentrer mon esprit sur autre chose que la douleur intense qui commençait à me faire perdre la tête alors que tout mon corps semblait cotonneux. Aucun son ne parvenait à mes oreilles, rien d'autre qu'un bruit strident répétitif, un acouphène désagréable qui semblait ne pas vouloir s'arrêter, amplifiant simplement mon mal de crâne. Une sensation revenue tout droit de l'adolescence alors que, je me voyais encore sortir de boîte, accompagné de mes deux compères inséparables de l'époque, n'entendant plus le moindre bruit à cause de la musique sourde ayant attaqué mes tympans bien trop sensibles une bonne partie de la nuit. La sensation était quelque peu similaire, malgré le fait que cette fois-ci, je pensais sincèrement être devenu sourd.

Je tentai mollement de bouger mes doigts, puis mes orteils, remarquant que je n'en étais pas capable, cherchant à savoir ce qui avait bien pu me mettre dans cet état. J'essayais de visualiser ce qui m'était arrivé les dernières heures, me rappelant seulement de mes appels intempestifs aux hôtesses de l'air ou de mon passage aux toilettes. Est-ce que le personnel de l'avion m'avaient trouvé si insupportable qu'ils m'avaient fait prendre des somnifères contre mon gré? Je ne pourrais pas leur en vouloir.

Dans un élan de courage je parviens à ouvrir les yeux, me faisant dans un premier temps aveugler par une lumière blanche insupportable alors que je poussais un grognement que je ne fus même pas capable d'entendre tant mes tympans semblaient avoir vécu un sale quart d'heure. Au bout de longues minutes de calvaire, aveuglé par cette lumière mes yeux semblèrent s'habituer à l'intensité de ce blanc perçant qui me brouillait la vue, distinguant des formes autour de moi. Je reconnus d'abord le hublot de l'avion vers lequel ma tête était tournée alors que je ne fus pas capable de la déplacer pour découvrir ce qui se passait un peu plus loin, voyant seulement à l'aide de ma vision périphérique le masque à oxygène qui était toujours parfaitement accroché à mon visage ainsi que le siège d'en face qui portait une marque de sang qui me fit presque avoir un haut le coeur.

C'est ainsi que les souvenirs me revinrent, me faisant pousser un sanglot étouffé. Je ne voulais désormais plus que tout ne surtout pas savoir ce qui se passait autour de moi, redoutant ce que je pouvais y voir alors que mon odorat se remettait peu à peu à fonctionner, laissant une odeur âcre et insupportable prendre toute la place dans mon esprit. L'odeur était si forte que je faillis en vomir alors que je fronçais le nez dans un air de dégoût tâchant de comprendre de quoi il pouvait bien s'agir. Je tentai une nouvelle fois de bouger faisait naître une douleur piquante dans mon dos alors que je me redressais dans mon siège, levant directement mes mains à ma tête pour la presser entre elles. Tous mes sens étaient une nouvelle fois éclipsés par la douleur atroce de ma tête. Je serrai les dents et ferma durement les paupières alors que la douleur s'estompait peu à peu pour devenir supportable, me laissant relever les paupières pour découvrir avec dégoût la scène qui se passait sous mes yeux. L'odeur âcre m'apparut directement comme celle du sang, ce liquide rougeâtre qui semblait recouvrir tout l'appareil tant il était présent partout. Un râle de dégoût puissant et insupportable m'échappa ainsi qu'une première larme alors que je découvrais le corps de mon voisin dans une position, pour sûr, humainement impossible. Sa nuque était dans un angle étrange et son visage rempli de cette même couleur rouge sombre qu'était le sang.

The survivors - Larry (En pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant