Chapitre 1:

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Mes mains se reposaient doucement d'avoir trop longtemps serré les accoudoirs pendant les dix premières heures de vol alors que je les étiraient doucement. Les premiers picotements, signe d'un engourdissement, apparaissaient déjà, me faisant comprendre que j'aurais vite des fourmis dans les mains. Avec le hoquet et les démangeaisons de piqûres de moustiques, la sensation des fourmis était certainement celle que je détestais le plus, une fois encore, je n'y échapperais pas.

Autour de moi tout le monde dormait déjà depuis une bonne heure, la nuit étant entamée depuis longtemps maintenant bien que je sois incapable de fermer l'œil. Je triturais maladroitement ma breloque en or toujours pendue à mon poignet, pestant sur mon voisin qui ne cessait de s'étaler sur moi dans son sommeil, m'obligeant à le décaler d'un coup d'épaule à chaque fois qu'il revenait à la charge.

-Oui ? Me demanda l'hôtesse de l'air légèrement excédée en arrivant une nouvelle fois à mon siège, bien qu'elle essayait de ne pas le montrer.

J'étais bien forcé de constater que j'avais légèrement abusé du bouton pour appeler les hôtesses depuis le décollage, mais parler à quelqu'un me rassurait, alors elles pouvaient bien faire un effort.

-Il serait possible d'avoir un verre d'eau ?

-Mais bien sûr, je vous apporte une bouteille ça ira plus vite, répondit-elle en référence aux six autres verres que j'avais déjà réclamés jusque-là, sans pour autant quitter son faux sourire, professionnalisme oblige.

Je la remerciai sans grande conviction, déçu de ne plus avoir de raisons de m'offrir une nouvelle distraction devant désormais faire face seul à mes angoisses infondées et mon stress montant qui ne cessait de faire goutter quelques fines gouttes de sueur sur mon front. Je laissai mes doigts pianoter sur l'accoudoir en attendant ma bouteille d'eau qui arriva plus rapidement que prévu alors que l'hôtesse repartit sans perdre de temps comme si j'avais la peste. Je ne devais quand même pas être le seul dans cet état à bord de l'avion, elle aurait pu faire un effort.

Je m'enfonçai finalement dans mon siège après avoir entamé d'une unique gorgée cette bouteille tant désirée, sentant mon dos creuser le cuir derrière lui avant de souffler un bon coup et de me lever déterminé. J'enjembai mon voisin, non sans mal, visant entre ses cuisses épaisses et le magazine people abandonné sur ses genoux qu'il avait lu pendant tout le début du trajet, m'informant à force de lire par-dessus son épaule pour dissiper mon stress que la plage de Malibu avait été peuplée de célébrité en tout genre cet été. Puis, une fois arrivé sur mes deux pieds au milieu du couloir central, je marchai jusqu'aux toilettes pour me débarrasser de tous ces verres d'eau qui commençaient mine de rien à peser sur ma vessie.

-J'espère que vous n'êtes pas pressé, m'interrogea un homme qui semblait faire la queue devant les sanitaires. Je ne sais pas ce qu'il se passe là-dedans, mais j'attends déjà depuis dix bonnes minutes, grogna-t-il en tapant encore des poings contre la porte.

-Non ça ira, c'est une manière comme une autre de passer le temps, riais-je en lui tendant ma main pour me présenter, Louis Tomlinson.

-Zayn Malik, me souffla l'homme aux cheveux de charbon et aux yeux perçants.

-Alors c'est quoi ton histoire à toi ? Demandais-je alors qu'il me regardait perdu attendant sûrement des précisions, qu'est-ce qui t'emmènes en Australie ?

Je vis à son regard que la question semblait inattendue, expression que je connaissais fort bien. J'étais du genre à ne pas connaître les limites de la sociabilité, lorsque quelqu'un avait une bonne tête, je n'hésitais jamais à entamer la conversation, lui dévoilant des détails futiles de ma vie, parfois avant même d'avoir pensé à donner mon prénom. Le plus souvent cela se sommait d'une conversation fort agréable et d'une nouvelle rencontre, mais quelques fois, je devais essuyer un refus catégorique de réponse qui en blesserait plus d'un. Certaines personnes tenaient à leurs tranquillités et ne souhaitaient pas se laisser importuner par un petit mécheux trop curieux.

The survivors - Larry (En pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant