Chapitre 3:

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Le bruit de la mer était le son le plus calme et reposant que je n'avais jamais entendu. Il me ramenait à des temps plus joyeux, entouré de ma famille à discuter avec Lottie alors qu'elle léchait paresseusement sa glace à la vanille, son parfum préféré. Je nous revoyais tremper nos pieds au bord de l'eau, grimaçant lorsque la marée fraîche remontait assez pour lécher nos peaux lézardant au soleil. La voix de ma mère rirait encore dans le fond, motivée par une des nombreuses blagues de mon père alors que le vent faisait voler nos cheveux dans un ordre inégal.

Aujourd'hui le bruit de la mer était différent, le calme et la sérénité avaient surtout laissés place à la solitude et la peur. Aucun de nous sur cette fichue île ne savions si nous serions sauvés un jour, est-ce que quelqu'un seulement nous cherchait? Peut-être que notre atterrissage forcé nous avait fait dériver de notre itinéraire, nous amenant bien loin de la route que surveillaient les sauveteurs pour nous venir en aide.

La mer était quelque chose de fabuleux quand j'étais petit, elle représentait les vacances, la liberté et la famille. J'avais bien peur qu'à force de rester ici, le bord de mer ne finisse que par rappeler notre emprisonnement sur une île à laquelle on n'était pas attachés. Cet endroit magique deviendrait banale alors que peu à peu le goût de la vie lui-même nous échappera, lassés de voir toujours les mêmes décors, les mêmes personnes sans pouvoir se sortir de cette prison qui avait mis entre parenthèse nos vies.

Quoi qu'il en soit les faits étaient là, cela faisait six jours que nous nous étions échoués au beau milieu de cette jungle et personne n'était venu nous chercher. Notre situation ne s'améliorait pas et je devais bien avouer avec horreur qu'une odeur de plus en plus épouvantable s'échappait de l'avion à chaque jour qui passait, me faisant regretter d'avoir établi notre campement aussi près des corps sans vies. Bien que celui-ci ne se réduisait qu'à une bâche posée au sol et un semblant de toit formé à l'aide de branches et de feuillages récoltés dans la jungle.

De plus, Mike, le docteur, avait déjà commencé à émettre l'hypothèse que l'on établisse notre camp plus loin pour faciliter notre survie. Après quelques voyages dans la jungle, il avait trouvé à dire que l'endroit était plutôt fructueux et qu'il y avait beaucoup de variétés de fruits à travers l'île, il semblerait qu'il soit plus judicieux de rapprocher notre camp des arbres fruitiers plutôt que de rester là où le sort nous avait déposés sans chercher à comprendre. Trouver une source d'eau potable serait aussi une bonne chose mais rien ne nous prouvait qu'il y en ai sur cette île, et dans ce cas, nous ne pourrions pas survivre bien longtemps. Nous n'avions pas encore croisé d'animaux plus grands que des insectes, ce qui semblait prouver qu'aucune vie n'était possible sur cette terre, ce qui n'était pas rassurant. Quoi qu'il en soit, si l'on tombait un jour sur un animal cela insinuerait qu'il y avait obligatoirement de l'eau potable sur cette île pour qu'il puisse y vivre. Alors j'avoue qu'en me baladant au bord de la mer j'espérais toujours croiser un crocodile, un lion ou même une chèvre si cela pouvait prouver qu'il y avait de la vie dans cette jungle.

Je faisais désormais filer le sable entre le creux de mon poing me délectant de cette sensation familière au milieu du chaos puis décida de me relever, époussetant mon short que j'avais récupéré dans les valises que l'on avait pu sortir de l'avion. Je rejoignis le campement me faisant accueillir par Aïsha, le perroquet qui servait de mascotte à notre petite troupe. Nous l'avions découvert dans la soute de l'avion entrain de chanter tout seul comme pour se tenir compagnie.

C'était un animal vraiment intelligent et très curieux, il traînait toujours dans nos pâtes, mangeant dans nos assiettes et buvant dans nos bouteilles lorsque l'on avait le malheur de vouloir s'abreuver alors qu'il se reposait sur nos épaules. Il répétait d'ailleurs la même phrase en boucle, celle que son défunt maître lui avait sûrement apprit pour une raison inconnue: "Tais-toi Maurice!". C'était étrange, mais on s'y était vite fait, c'était sa manière à lui de nous dire bonjour, ça mettait étonnamment un peu de gaieté dans notre petit espace de vie.

The survivors - Larry (En pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant