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Posé en hauteur, cafétéria de la gare routière Caribe Tour, je suis en partance pour Jarabacoa.

Jarabacoa,cette ville de moyenne montagne. Ce nom que j'ai eu tant de mal à me mettre en bouche, j'ai mélangé les syllabes en bon étranger que je suis!

Je pars quelques jours, à la découverte d'une partie différente de l'île, d'une autre réalité, d'une autre vie. Mon guide de papier compare cette zone aux Alpes, on verra bien. Plein d'excitation tranquille, j'attends de contempler la ressemblance entre ce pays et le mien. Je préfère ne m'attendre à rien et voir par moi même, me laisser submerger.

Je surplombe une grande salle où les autres voyageurs patientent comme moi. Derrière ma vitrine de verre, singe pensant, écrivant ,rêvant et regardant. Singe blanc en voie d'obscurcissement dermique...

J'ai sous les yeux le grand métissage de ce peuple, des noirs aux blancs,des hindous aux asiatiques. La beauté de bien des femmes, de bien des hommes, prouve ceci si besoin en était : le métissage est béni de Dieu, le métissage est la chose la plus utile à accomplir dans l'histoire de l'humanité. Et je rends gloire au pote d'en haut de m'avoir conduit jusqu'ici.

Une rasta passe en bas, c'est si rare que je vais de ce pas lui offrir un bracelet et plus si affinités. En fait elle bouge sur la côte nord avec sa copine. Elles sont parisiennes.

Cabarete, c'est justement là que je prévoyais d'aller si cette otite ne m'avait pas empêché de me baigner. J'aurais donc pu être avec elles mais le destin m'envoie dans les montagnes et je crois que là bas quelque chose de plus spécial va se passer. Les filles me disent qu'elles iront au Costa Rica ensuite pour travailler dans une réserve naturelle. Bonnes vibrations, je ne me fais plus aucun souci.

«Embarquement immédiat pour La Vega, Jarabacoa!» On se dit au revoir et je saute dans mon bus, paquebot du bitume qui s'éloigne lentement mais sûrement du port. Nous mettons un bon moment à sortir de la mégalopole.

Cay est! Je vois enfin les premières montagnes. Et la forêt, immense,Reine. Des arbres à perte de vue et des buissons qui couvrent le sol. La Madre est là, à quelques dizaines de kilomètres du centre ville et je ne le savais pas!

Mes yeux avides avalent tout ce qu'ils peuvent: beaucoup d'entreprises de construction, de camions, des hangars et aussi des maisons égarées au bord de l'autoroute. Je file vers le nord, une base militaire, du vert, du vert à en devenir fou! Le ciel est aussi lourd que mon coeur est léger, l'enfant qui est en moi chante.

Des voitures fracassées sous de vieilles structures de béton. Des hommes regardant le vide et des femmes préoccupées. Sur des chemins de terre, des enfants en slip jouent devant leurs maisons de tôles.

Il y a ça aussi.

Des abris faits de piquets et de grandes palmes, cabanes sans murs,simples toits. Refuges pour les travailleurs agricoles pourchassés par le soleil. J'imagine.

Un terrain de golf côtoie d'autres maisonnettes en bois et tôles autour desquelles jouent d'autres enfants, toujours.

Feu sur une colline, champ de citronniers dans la vallée.

Plein de sapins!

Ô toi, roi de la forêt alpine, tu es là et je te salue. Grâce à une otite, je retrouve mes montagnes chéries et mon âme vibre enharmonie car un rastaman a toujours une relation privilégiée avec la montagne!

Villages quadrillés de pistes. Terre rouge: ocre dominicain. Petite ville sur de grosses marches en pierres où sèche le linge. Ville fantôme,peinte sur un mur supposé en délimiter l'entrée, mais jamais construite. Temple de béton, éphémère rêve de grandeur rattrapé par le manque d'argent.

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⏰ Last updated: May 27, 2019 ⏰

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