Libre et seul

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Le 25 août, 21h12. 5 mois ce sont écoulés depuis le coup de couteau.

Le nouveau premier jour banal du reste de ma vie. Je suis sorti il y a 2 heures du tribunal. Libre. Je suis rentré chez moi. Seul. Sur le sol de ma cuisine je retrouve les deux tâches, orange et rouge, enlacées. Même si, 5 mois plus tard, elles sont plutôt verte et marron.

Depuis hier je suis obsédé par un seul mot : benzodiazépine. Qui ? Où ? Comment ? Pourquoi ai-je été emprisonné. Il faut que je sache. Il faut que je sache pourquoi j'ai tué mon fils.

Depuis 5 mois je repense à ce jour maudit où je suis passé à l'acte. Je revois chaque personne que j'ai croisée, chaque chose que j'ai faite. Rien. Je ne vois rien de suspect. Rien qui aurait pu me conduire à cet acte violent. Dont je n'ai plus aucun souvenir par ailleurs. Les effets de cette fichue benzodiazépine : sur-dosée elle entraîne des excès de rage, pousse à commettre des actes que normalement on ne ferait pas et le lendemain, "pouf", le trou noir. Mais ce que je n'oublierai jamais c'est le lendemain dans la salle du médecin légiste, le corps de mon fils allongé sur une table froide, un trou béant dans le torse. Sa peau blanche que je n'embrasserai plus jamais. Et ces deux tâches sur le sol. 

Des larmes le long de ma joue. Je m'affale sur le canapé.

Autre chose incompréhensible : mon acquittement. Les coupables ne sont que très rarement acquitté et ceux qui le sont finissent en asile de fou. Car on ne prescrit ce genre de médicament qu'à ceux qui souffre de pathologies mentales. Or je ne souffre d'aucune maladie, ni de dépression... enfin, désormais, si. J'ai perdu ma femme et ma fille il y a 5 ans, dans un accident de la route malheureux. Une moto. Un bande blanche. Un peu de pluie. Un piéton qui passe. Un coup de frein. Une glissade. Un terre-plein. Deux enterrements.

Et alors que je trouvais la force de vivre pour mon fils, voilà qu'il m'est arraché. Oui car on me l'a arraché. Je n'y suis pour rien ! Je n'ai rien fait ! On m'a empoisonné ! Et je trouverai le coupable...

J'aurais du aller en prison. Je n'ai pas la force de me battre. Je ferai mieux de mourir.

Non, je trouverai la vérité. Il faut que je la trouve. 

Mon avocat est un nul. Comment a-t-il pu défendre un tueur d'enfant. Pourquoi s'est-il battu pour me rendre ma liberté. Je ne le mérite pas. Ce soir je me pendrai sur la mezzanine de la chambre. Et je quitterai ce monde.

Non, quelqu'un m'a empoisonné et j'ai tué mon fils. Je ne peux pas ...

Vivre ! 

Non ! Je ne peux pas... Mourir !

Si ! Non... 

JE NE PEUX PLUS ! JE NE SAIS PLUS QUOI FAIRE !

Me voici dans la prison la plus commune du monde... mon esprit.

C'est peut-être ça la bonne punition : Errer dans les méandres de mon âme pour l'éternité. 

Ding Ding. Mon téléphone sonne. Encore. Car en voici une autre de punition : les réseaux sociaux. Depuis 5 mois j'ai dû recevoir une centaine de menaces de mort et des millions d'insultes. Et au moins le triple depuis 2 heures que je suis libre. 

Un nouveau message privé. J'ai pris la mauvaise habitude de tout lire... pour me faire du mal.

"Message de Joshua Obel-Ryfy"

C'est quoi ce nom ?

"Bonjour Papa."

QUOI ?!


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Pourquoi j'ai tué mon fils.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant