Un camaïeu de sentiments [Jikook]

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Les fines pellicules de poussières flottaient dans les airs, éclairés par les faibles rayons solaires de ce mois, l'écran de veille jonglait avec les couleurs d'un rythme prédéfini, cela faisait un bon temps que cet ordinateur était en veille, son propriétaire dormait, couché sur ses bras croisés au-dessus de la vieille table décapée par l'usure, rien ne bougeait dans cette petite demeure, tout semblait dormir, à deux détails près ; les aiguilles de l'horloge au rythme doux apaisant et la petite boule de poils qui escaladait une chaise, atteignant finalement la table. Il piétina les documents posés dessus et vint se frotter à l'épaule du dormant.

Yeontan s'ennuyait, depuis que son maitre l'a abandonné chez son ami, ce dernier s'était assoupi sans demander son reste, alors il se mit à léchouiller son oreille, sachant de ses souvenirs qu'il était très sensible de ces dernières.

Jimin grogna en frottant son oreille à son épaule, le chien ne s'arrêta pas, il fut obligé d'ouvrir les yeux en râlant d'une voix endormie :

-Yeontan sérieux...

Lentement, il s'assit correctement, en état de torpeur, il lui fallut une bonne minute pour se lever, indigné :

-YEONTAN !

Le cabot aboya en s'enfuyant, Jimin se précipita vers la fenêtre à volets pour constater les dégâts du passage du chien ; le cintre du rideau était vulgairement avachi au sol, décollé du mur, son joli voilage blanc était tacheté par les petites pattes de Yeontan.

Il marmonna dans sa barbe toute sorte d'indignations alors qu'il ramassait le cintre, faisant glisser les œillets du rideau dessus. Il se leva et constata l'heure avec effroi ; Il était 16h06 et son rendez-vous était dans exactement vingt-quatre minutes.

Jimin laissa tomber le cintre et se précipita d'aller à la salle de bain, évitant soigneusement de mouiller ses chaussettes, il se brossa hâtivement les dents en se coiffant avant de se diriger vers le bas de la porte, il enfila sa même paire de brodequins bruns, son gros manteau pour cacher son pyjama, enfonça un bonnet en tricot gris sur son crâne, laissant le froufrou dessus pendouillé à l'arrière et finit par enrouler une grande écharpe autour de son cou, couvrant la moitié de son visage par précipitation.

Il captura son trousseau de clés et ses gants en ouvrant la porte.

-Le téléphone !

Il fit demi-tour et enfonça son portable dans sa poche, il vit alors ses documents banalement éparpillés sur la table, il jura en regardant l'heure et les rangea dans une chemise en papier. Jimin fit volteface en accourant vers la sortie, Yeontan l'attendit, au pied, la langue pendue.

Il soupira impuissant avant de le soulever et de le garder dans ses bras, il referma la porte grinçante difficilement et descendit les escaliers aux sons discordants sous chacun de ses pas, la cage d'escaliers était étroite, permettant le passage d'une personne à la fois, le mur peint de base d'un vert anis était retouché ici et là en raison des fissures, il fut alors colmaté au plâtre cassant l'harmonie de la peinture verte.

Jimin sortit de la porte d'entrée dont le bois avait épaissi tant elle accumulait de couches de vernis.

Le froid le frappa de plein fouet, le réveillant, il essaya de marcher rapidement tout en restant précautionneux, le verglas recouvrant le pavé était glissant, malgré les brodequins de Jimin.

Il s'avança sur le trottoir d'un pas vif, les arbres étaient nus, leur bois verglacé, on trouvait rarement une feuille asséchée gratter le sol en se faisant transporter par la bise.

Yeontan se calait confortablement dans ses bras chauffants, Jimin créait une chaleur corporelle dans sa marche rapide qui l'aidait à lutter contre le frisquet de ce mois de Décembre, où le monde sort son beau manteau blanc.