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Ma nuque me lance. Je ressens les battements de mon coeur sur le haut de mon cou. Un cri. Comme si quelqu'un m'appelait. Une détonation fait vibrer tout mon corps. J'ai peur d'ouvrir les paupières. Que vais-je découvrir ? Une ville à feu et à sang ? Des cadavres partout ? Une autre détonation. Et, déjà, où suis-je, moi ? Allez. Un peu de courage. J'ouvre mes paupières. Mes yeux s'habituent doucement à l'obscurité. Je me trouve à l'arrière d'une voiture, assise sur un siège de cuir. Elle est à l'arrêt. Qu'est-ce qui m'est arrivé, déjà ? Loki, sur le siège passager de devant, me hurle :
—Enfin éveillée ! Prend le volant, imbécile !
Voyant qu'il bout de rage, je me précipite à l'avant et démarre. La voiture rugit.
—Mais où est-ce que vous avez trouvé un engin pareil ??
—Je l'ai volée, j'ai pris la première qui m'est tombée sous la main. Qu'est-ce que tu attends ? Démarre !
Oh mon dieu. Il a volé une des voitures de Stark, le con ! Je presse la pédale de l'accélérateur et nous nous élançons dans le parking souterrain du S.H.I.E.L.D en trombe. Des hommes armés tirent sur la voiture mais elle est blindée. Aucune chance qu'ils nous tuent, lui, ou moi. En plus, Loki ouvre sa fenêtre et leur balance des coups de sceptre magique. Il à dû le récupérer pendant que j'étais dans les vapes. Arrivés à la sortie, mon coeur fait un bond dans ma poitrine. Mon père se trouve sur le côté de la route et regarde dans notre direction. Il m'a vue. Son regard comporte tellement d'injustice, tellement de tristesse... Je zigzague entre les voitures, larmes aux yeux. J'espère qu'il n'a pas cru que je le suivait de mon plein gré...
Des bâtiments s'écroulent de partout. Je suis obligée de faire des embardées pour éviter les rochers de béton. Vu que le dieu de la malice m'as hurlé dessus pour me dire qu'il avait chaud, j'avais ouvert toutes les fenêtres quand un bruit sourd suivi d'un choc sur le toit ébranle la Audi. Il crie pour se faire entendre à cause du vent :
—Ne t'arrête pas ! Roule loin d'ici !
Et après ces mots, il passe par la fenêtre pour se rendre sur le toit. Vu le bruit qu'il y a là-haut, il est en train de se battre avec quelqu'un. Mes cheveux volent au vent. Ils me fouettent le visage. Je les entends parler ! Mon sauveur est un homme avec une grosse voix. Ils parlent dans une langue qui m'est inconnue. De... l'asgardien ? Je prends l'autoroute à 170 km/h. Des dizaines de voitures me klaxonnent. Loki me hurle :
—Tu n'aurais pas pu aller dans un endroit plus discret que celui-là ?!
Je lui crie en retour :
—Tu veux qu'on s'en aille loin d'ici, oui ou non !?
Soudain, son sceptre traverse le toit de la bagnole et me frôle le côté gauche. Je pousse un petit cri de surprise. Il le retire du toit et donne un coup de manche au type à la grosse voix. Ce dernier dit en anglais (ouf ! ma langue natale !) :
—Attends, il y a quelqu'un avec toi ?
Un rire machiavélique sort de la gorge du dieu du mensonge.
—Eh bien, Thor, tu as cru que les voitures conduisaient toutes seules sur Midgard ?
Oh, c'est Thor ! Je me retins de l'appeler à l'aide. 180 km/h. J'entends un bruit bizarre. Je jette un oeil dans mon rétro intérieur. Thor est tombé de la voiture. Adieu, liberté. Loki se rassoit et dit platement :
—Plus vite.
190 km/h. Je sors pour prendre une grande route déserte qui descend sur tout le continent américain. Une fois Thor semé, je roule plus doucement. Je dis, hésitante :
—Tu n'aurais pas pu conduire tout seul ?
Il m'assassine du regard.
—Je ne sais pas conduire ces engins pourris midgardiens. Maintenant, tais-toi et roule.
J'obéis sans broncher. S'il devait me tuer, ce serait mieux dans d'autres circonstances. La route est déserte, ainsi que le paysage. Nous avons vu deux ou trois lapins, ainsi qu'une dizaine de broussailles en tous genres. Je mets la radio, lassée de ce silence pesant. C'est E.T. de Katy Perry. J'adore cette chanson. Loki, lui, reste le visage tourné vers sa fenêtre. Si on l'observe de plus près, il est en fait tout sauf laid. Ses cheveux noir jais tombent sur sa combinaison asgardienne. Il est grand et élancé. D'un mouvement vif, comme s'il avait vu que je le fixait, il tourne la tête et plonge son regard dans le mien. Ses yeux bleu-vert me donnent le vertige. Je me concentre sur la route, gênée.
Au bout de plusieurs heures de conduites passées dans le silence, je me gare devant une forêt.
—Où sommes-nous ? demande mon accompagnateur-ravisseur.
—On va camper dans la forêt, je n'ai pas assez d'argent sur moi pour payer un hôtel.
J'ouvre le coffre de la voiture en espérant trouver quelque chose d'utile. Bingo. Un kit de survie. Je prends le sac sur mon dos en demandant au Dieu de me suivre. Devinez ce qu'il me répond ?
"Tu n'as pas d'ordre à me donner misérable vermine gnagnagna..."
Mais il finit par me suivre en silence. Il commence à faire nuit, l'astre du jour entame sa descente. Une fois assez enfoncés pour que personne ne nous trouve, nous nous arrêtons et je déplie la tente. Sans un mot, Loki allume un feu vert. Je jette un regard furtif vers son visage ; une fine pellicule de sueur le recouvre. Étrange, il ne fait pourtant pas chaud. Nous mangeons des boîtes de conserve quand il marmonne, le regard perdu dans la sienne :
—Je le déteste, je le déteste...
—Euh... Ça va ?
Il lève les yeux vers moi. Un éclair de surprise traverse son visage mais il se ressaisit d'un coup. Il est du genre de personne qui ne veut pas montrer ses émotions, à ce que je vois. J'aimerais bien percer cette carapace.
—Oui. Ne t'occupe pas de moi.
Je baisse les yeux vers le feu.
—Vous détestez votre frère, pas vrai ?
Il me dévisage. Je le vois du coin de l'œil, stressée.
—Pourquoi ai-je des informations personnelles à te donner, faible midgardienne ?
La lune s'élève dans le ciel d'une nuit de mi-juillet. C'est bizarre, j'ai l'impression qu'il commence à faire vachement chaud. Ou alors c'est le regard de l'homme sur moi qui me fait cet effet-là.
—Parce que... parce que je vous comprend. Ma grande soeur a toujours été la meilleure dans tous les domaines. Mes parents étaient très fiers d'elle. Et me voilà. Je suis arrivée par accident. J'étais dans un panier, abandonnée. Étrange, hein ? (NDA: cliché, oui-) Mon père m'a recueillie. Tout le monde dans ma famille sauf lui me traitait comme un déchet. (Son regard semble s'attendrir.) Je... dès que j'ai eu l'âge de partir, je suis partie. Ça ne fait pas longtemps que j'habite dans ma maison, dans l'Oregon. C'est d'ailleurs là-bas que je veux vous emmener, on y sera en sécuri...
Il se lève et part, sans un mot. Ok. Je lui raconte mon histoire et lui il se barre. Trop sympa. Je crie aux bois autour de moi, énervée, espérant qu'il m'entende :
—Bonne nuit, hein !
Le silence olympien de la forêt me répond.

ℑ𝔱'𝔰 𝔊𝔬𝔬𝔡 𝔗𝔬 𝔅𝔢 𝔅𝔞𝔡. [𝔏𝔬𝔨𝔦] {𝔗𝔬𝔪𝔢 1}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant