22 - Peine de coeur

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11 jours. Cela faisait exactement 11 jours et 7 heures que Léa avait senti son cœur se briser en une multitude de petits morceaux dans sa poitrine. La jalousie avait embrasé tout son être et la vision de la femme qu'elle aimait dans les bras d'une autre lui avait brûlé les yeux. D'accord, elle n'avait aucune légitimité sur elle, c'était même sa faute, après tout elle ne souhaitait pas de relation ! Mais elle avait voulu ouvrir son cœur, chose qu'elle redoutait par-dessus tout, et elle se sentait maintenant comme trahie. Peu importe que ce sentiment soit justifié ou non, elle ne pouvait pas s'en empêcher.

Camille avait tenté de la joindre au moins cinq fois par jour durant ces onze jours, sans compter les SMS. Mais Léa, à chaque nouveau message vocal ou textuel, ne prenait même pas la peine d'en prendre connaissance et effaçait tout directement. Cela la faisait atrocement souffrir, mais beaucoup moins que de replonger entre les griffes de son amie.

Elle fourra rageusement son téléphone au fond de son sac, en silencieux, et se concentra sur son livre de compte devant elle. La matinée était plus calme que d'habitude au salon de thé et elle en profita pour effectuer quelques tâches comptables pendant qu'Alice s'occupait des rares clients présents. Elle était assise à l'une des tables réservées habituellement à la clientèle, concentrée, lorsqu'une odeur flottant autour d'elle lui fit relever soudainement la tête malgré elle. Elle n'avait pas entendu la clochette caractéristique de la porte d'entrée et ses yeux s'étaient ancrés dans un regard gris, rendu un peu plus sombre par l'infinie tristesse qu'elle pouvait y lire. Elle sentit son cœur se serrer, puis finir par se désintégrer lorsqu'elle entendit sa voix :

- Léa ... J'ai besoin de te parler, s'il te plait.

Restée immobile, Léa finit par sortir de son état de béatitude et se leva brusquement, sans un mot ni un regard. Elle se dirigea vers l'arrière-boutique où elle se réfugia, la porte fermée. C'est le cœur battant et les yeux fermés qu'elle s'adossa contre la porte. Camille était maintenant en train d'échanger quelques mots avec Alice, mais Léa n'entendait pas distinctement ce que les deux femmes disaient. Quelques bribes lui parvenaient tout de même : « Ne t'inquiètes pas », « ... horrible ... », « ... laisse ça ... », « ... jour ... ». Mais c'est quand elle entendit la sonnerie retentir qu'elle sortit de sa cachette.

- Je sais que c'est difficile ma belle mais tu devrais au moins l'écouter, lui dis Alice.

- Je ne peux pas, c'est trop dur.

- Je le sais, et elle aussi. C'est pour ça qu'elle t'a laissé une lettre, sur la table.

Léa, surprise, se dirigea vers la table et aperçu une enveloppe blanche posée en évidence. Elle la prit entre ses mains et la fit tourner entre ses doigts, n'arrivant pas à se décider. Elle resta une bonne dizaine de minutes dans la même position, à peser le pour et le contre et à essayer de deviner ce qui pouvait se trouver dans cette lettre. Elle finit par déchirer fébrilement l'enveloppe, pour en sortit une feuille pliée en trois.



Flashback – 11 jours plus tôt – PDV de Camille

L'alcool que Camille avait ingurgité la désinhibait complètement. Elle n'avait ainsi pas hésité à lancer des regards équivoques à Léa, alors qu'Agustina était présente. Entre SMS torride, pied baladeur ou encore regard déshabillant, elle avait terminé de déstabiliser son amante qui était partie se réfugier aux toilettes. Prenant cela comme un appel, elle l'y avait rejoint et s'était confrontée à une Léa plus agressive que séductrice ... Elles étaient donc sorties et à la question de son amie « Qu'est-ce que tu veux de moi ? », Camille avait ressenti une rage sans nom monter en elle et lui répondit :

Où étais tu ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant