Réfléchir à mon avenir.
Voilà ce que me conseilla Kimberley pour cette ultime séance. Cette femme n’avait vraiment rien compris à mon problème ! Comment voulait-elle que je le fasse alors que je n’arrivais pas à me détacher de mon passé ?
« Il faudrait que tu avances dans la vie maintenant, c’est important. » avait-elle souligné.
Comme je ne réagissais pas elle poursuivit.
« Tu vas devoir te poser des tas de questions...
- Comme quoi ? » l’interrogeai-je, lasse de son petit discours.
« Eh bien... où vas-tu vivre ? »
Là elle marquait un point, je n’avais jamais vraiment songé à cette difficulté avant mais elle avait entièrement raison, il fallait bien que j’habite quelque part.
« Plusieurs propositions s’offrent à toi...
- Lesquelles ? »
J’avais envie d’aller droit au but.
« Tu pourrais vivre seule... Quel âge as-tu ?
- Quinze.
- Donc c’est inimaginable tu es mineure et tu n’as même pas seize ans qui est l’âge requis. Alors... Un membre de ta famille pourrait t’héberger...
- Impossible, pour mes grands-parents ce seraient fatiguant et pour moi ennuyant.
- Et tes cousins ?
- Ils sont déjà nombreux et je ne pense pas que ce soit une solution.
- D’accord alors sinon tu pourrais peut-être te faire adopter, vu que tu es orpheline. »
Orpheline.
Le mot s’imprégna en moi comme du poison.
« Jamais de la vie. Je ne mérite pas des parents si attentionnés, je ferais surement de leur vie un enfer. De plus, ils adoptent toujours des bébés, ce sont les plus mignons et les moins difficiles.
- Tu n’as pas tort. » avoua-t-elle. « Néanmoins si tu ne choisis pas tu finiras en foyer. »
La dernière des choses dont j’avais envie, de ce que j’avais entendu parler, c’était souvent des personnes avec des lourds problèmes comme un père en prison, une mère droguée et je n’étais pas totalement sûre de pouvoir cohabiter avec ces gens. J’expliquai à Kimberley mon point de vue.
« Faux. Il y’a aussi des gens comme toi qui ont perdu leurs parents et qui ont besoin d’amour...
- Et bah je ne ferai pas partie du lot. Il n’y a pas une autre issue ?
- J’avais pensé au pensionnat, ça te permettrais de voyager un peu et il y’en a un excellent pas très loin d’ici. »
Elle me montra le dépliant, les élèves paraissaient ravis, je tentais de décrypter si leurs sourires étaient faux mais dans la quasi-totalité des cas, cela semblait positif. Ma psychologue me décrivit cet établissement : il y’avait un immense parc et un complexe de sport comprenant mur d’escalades, terrains de foot, piscines et même jacuzzi ! Le tout étant évidemment très confortable.
De toutes les solutions, ce pensionnat me semblait la plus enviable. J’avais conscience qu’il s’agissait d’un institut de luxe, et une fois Kimberley m’ayant assuré que l’héritage de mes parents me le permettait largement (je n’étais pas très étonnée vue notre villa) je décidai de ne pas laisser passer cette chance.
« Va pour le pensionnat. » choisis-je avec peu enthousiasme, à mes yeux ma situation restait critique.
Il faudrait que j’essaye de l’améliorer là-bas... Tout se passerait pour le mieux, non ?
C’est ainsi que je me retrouvai au pensionnat Kingland.