Après avoir passé une demi-journée en cours j’étais extrêmement fatiguée. Moi qui avais été habituée à ne rien faire à l’hôpital je trouvais les leçons difficiles et demandant beaucoup trop de concentration.
Mais j’étais soulagée, tout c’était bien passé.
Le soir je revins vers l’accueil et Maggie m’expliqua le fonctionnement des chambres. Ma classe de seconde B, comptant vingt-neuf élèves (moi compris) était séparée en deux groupes de pour l’instant, quatorze étudiants chacun. Chacun des groupes possédaient un appartement duplex avec au second étage les chambres qui fonctionnaient par deux, trois ou quatre personnes.
« Tu vas devoir choisir ton groupe, ils ont été constitués selon le choix des adolescents vivant ici. » Vaguement attentive je consultai la liste que me tendit Maggie. Quand je vis le prénom d’Ashley et celui de ses amis, je m’inscrivis directement. En regardant plus précisément le nom de Prism était noté... S’entendait-elle bien avec Ashelay... Je n’avais pas eu le sentiment... Mais dans ce cas pourquoi était-elle ensembles ? Sans chercher plus d’explication je jetai un coup d’œil dans l’espoir d’apercevoir Asher dans mon équipe. Mon cœur s’emballa, au bout de la fiche son prénom était marqué au stylo. Assez satisfaite, je laissai la femme ronde me guider jusqu’à l’appartement. Après être monté dans l’ascenseur de bois, nous longeâmes un long couloir, tournâmes à droite, empruntâmes un escalier pour arriver devant une porte massive que nous poussâmes puis nous traversâmes une ultime allée pour enfin arriver devant le duplex. J’avais l’impression de me trouver dans un labyrinthe sans issue ou il fallait toujours marcher sans pouvoir trouver le bout. C’est essoufflée que j’interrogeai Maggie.
« Vous... vous avez pris le chemin... le plus court ? »
Elle fit une petite mimique amusée.
« J’aime bien passer du temps en ta compagnie. »
Ce qui bien sûr ne répondait pas à ma question. Elle m’accompagna sur le seuil puis avec un signe de tête s’éclipsa.
Timidement je poussai le battant de la porte avec le sentiment de ne pas être à ma place. Ashley m’accueillit à bras ouverts.
« Rylee ! On t’attendait ! Alex a sorti des chips pour faire un apéro, plutôt cool non ? Entre je vais te montrer ta chambre ! Ça te dérange pas si tu dors avec moi et Chiara ?
- N-non. » bafouillais-je, désarçonnée par toutes ces questions.
« Génial suis moi ! »
C’est super excitée qu’elle m’entraîna dans le salon. Celui-ci était splendide, digne d’une villa. D’un côté une véranda donnait sur la mer, de l’autre un baie vitrée gigantesque. Au centre de la pièce, entièrement décorée des couleurs crème et taupe, se trouvait plusieurs canapés très confortables et leurs multitudes de coussins. Devant, il y’avait une table basse, un tapis en gros poils blancs tendance et une télé écran plat. Un peu partout des commodes et étagères aussi belles les unes que les autres et pour les murs des tableaux abstraits que je trouvais vraiment réussis. Pour finir, dans un coin se tenait un espace cuisine aussi design et agréable que le reste. Le tout superbement agencé.
« Wooua... » articulais-je quand je pris enfin conscience du luxe dans lequel j’allais vivre.
« C’est beau, hein ? » s’amusa Jordan de ma voix.
« Oui super. » renchéris-je avec un immense sourire.
C’est à ce moment que je remarquai les personnes qui m’entouraient. Chiara, Brooke, Pepper et Kevin bavardaient joyeusement, Alex était avec deux autres garçons dont je ne connaissais pas les prénoms, en train de vider des paquets entiers de curly et des boîtes de belins, évidemment Prism et Asher manquaient à l’appel.
Je sentis soudain une pression soudaine sur mes épaules.
« Alors c’est toi la nouvelle ? »
Je me retournais, un garçon au corps d’apollon qui me prit dans ces bras.
« Moi c’est Brandon.
- Rylee. »Son étreinte, forte et tendre à la fois me surprit. Je le dévisageai, il avait des cheveux allant du brun au caramel et des incroyables yeux verts. Je le trouvai tout de suite attirant.
« On m’a beaucoup parlé de toi. » m’annonça-t-il avec un clin d’œil.
« En bien ou en mal ? » répondis-je malicieusement, je me sentais tout de suite bien avec lui.
« Ça dépend... » dit-il avec un sourire énigmatique.
C’est ce moment que choisit Prism pour débarquer. Descendant les escaliers, suivit de deux acolytes Shanon et Taylor et de son petit-ami Asher et d’un autre mec, elle portait une tenue rose fluo assez provocante et ses cheveux était noués en une natte.
« Ryyyyylee ! » cria t-elle de sa voix légèrement hypocrite en me voyant.
‘‘Priiiism’’ songeais-je intérieurement.
Elle me serra rapidement puis retourna se coller contre Shay qui me fit un petit signe mais qui fut vite interrompu par les baisers de sa bien-aimée.
Nous passâmes une très bonne soirée, malgré les regards agacés de Prism et inquisiteur d’Asher.
« Aaah ! »
Je me réveillai en sursaut. Ce n’était pas la première fois que je faisais un cauchemar depuis la mort de mes parents. En fait presque chaque nuit.
Comme à chaque fois, je me passai une main sur ma peau en sueur et je retirai mon tee-shirt plein de transpiration et j’enfilai un énorme pull légèrement transparent puis je sortis de ma chambre.
Heureusement les filles ne m’avaient pas entendu. A pas de loup, je descendis chercher un verre d’eau quand je croisai Asher dans le salon.
« Toi non plus tu ne dors pas ? » me lança t-il d’un ton fatigué.
Je secouai la tête négativement.
« Tu as soif ? »
J’acquiesçai sans rien dire.
Nous restâmes ainsi des longues minutes sans parler, moi avec mon verre dans la main sur le côté droit du canapé, lui à gauche adossé à un coussin.
Je savais que je n’irai pas me recoucher, alors pour combler le temps je demandai de but en blanc.
« Ça fait longtemps que tu es avec Prism ? »
Il me regarda avec un sourire en coin.
« Tout dépend... tu veux la version officielle ?
- Plutôt, oui.
- Alors sans compter les nombreuses fois ou elle m’a trompé ou cassé je dirais deux mois...
- Elle... »
Il me coupa la parole.
« Oui plusieurs fois. Quand je n’étais plus le mec le plus populaire... »
Je n’osai pas le questionner plus que ça. Le sujet avait l’air tellement sensible.
« Et toi ? Pourquoi es-tu debout ?
- On a tous un vide quelque part. » expliquai-je dans un souffle.
Il ne répliqua pas, on ne pouvait rien répondre à ça.