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Des adolescents discutaient le long de l’escalier qui menait à la porte principale, certains révisant d’éventuels contrôle, d’autres bavardant activement. Alors que je gravissais les marches, une fille me toisa du regard. Elle avait de magnifiques cheveux blonds platines qui dégringolaient le long de ses épaules, ses étaient yeux d’un azur glacial. Magnifique.

« C’est toi la nouvelle ? » ricana-t-elle.

« Ouais. » répondis-je platement.
« Moi c’est Prism. » se présenta-t-elle en rejetant ses incroyables mèches blondes en arrière.

Soudain, un garçon arriva. De ses cheveux allant brun à ses yeux d’un bleu-gris reversant en passant par sa peau sans défaut, tout chez lui était parfait. Il incarnait le physique du beau gosse. Ce n’était pas un genre bad-boy qui faisait craquer bon nombre de filles, non lui était sportif et surtout rêveur. Mon cœur se mit à battre à tout rompre. Instinctivement il se dirigea vers Prism en l’enlaçant et l’embrassant.

« C’est qui elle ? » murmura-t-il d’un ton suffisant.

« La nouvelle... j’avoue elle n’est pas très intéressante... » répliqua-t-elle en faisant une petite moue. Il fit un petit rictus, d’un sourire craquant.

« Arrête de faire ta jalouse, elle est plutôt mignonne ! »

Mignonne ? Moi ? J’assistai à la scène en étant transparente, seul ce mot avait retenu mon attention.

« Tu me quitterais pour elle ? » se refrogna la blonde.

Il se racla la gorge.

« Jamais de la vie. Je t’aime. » souffla-t-il d’un air convaincu. J’allai prendre congé des deux amoureux quand Prism m’interpella.

« Au fait Rylee, je n’ai pas eu le temps de te dire qui était Asher mais je pense que tu l’as bien compris, c’est mon petit-copain. » Je perçu la menace dans sa voix : ‘‘touche pas c’est le mien’’.

« Oui bien sûr. Vous formez un très beau couple. » Voyant que j’allais dans son sens elle afficha une mine radieuse.

« Très bien alors je crois qu’on va s’entendre à merveille. »

Moi pas. Je voyais clair dans son jeu. Devant son petit-copain elle se montrait gentille avec moi mais en réalité elle voulait juste que je n’approche pas d’Asher. Ça ne serait pas si compliqué.

« À plus. » me dit-il de sa voix irrésistible.

Intérieurement, je sentis mes promesses et mes motivations flancher.

J’arrivai dans le hall du collège, immense et somptueux. Les plafonds formaient des voutes, une fontaine était située au centre et bien que les murs soit en marbre, l’endroit restait chaleureux. Des ascenseurs anciens avec grilles déversaient chaque seconde un flot d’élèves qui se dirigeaient vers les nombreux couloirs que l’on pouvait apercevoir. Le sol, fait d’un dallage de carrelage ocre et marron s’accordait parfaitement bien avec les plantes suspendues et l’accueil entièrement fait de bois. Aux extrémités, d’imposantes portes décorées de gravures antiques donnaient sur le parc d’un côté et, en face, sur un jardin intérieur qui avait l’air féerique. Le brouhaha ambiant ne perturbait même pas l’authenticité de la pièce.

Je m’orientai vers l’accueil qui se situait à ma droite d’un pas nonchalant où j’annonçai mon prénom à travers une vitre. Je n’arrêtais pas d’observer les alentours, quand une femme me fit signe d’entrer. Assez ronde, les traits tirés et les cheveux coupés irrégulièrement, elle me dévisagea et dit d’une voix rocailleuse :

« Rylee Meyler c’est ça ? »

J’acquiesai.

« Si vous voulez bien me suivre… » Elle m’entraîna vers un cadre où étaient exposées des centaines de clefs. Elle farfouilla quelques instants, à la recherche d’un certain modèle puis annonça brièvement :

« 252. C’est votre casier. Coloir Nord. »

Elle me tendit les clefs et à ce moment, je pus lire le prénom inscrit sur son badge : Maggie Collins.

« Faites attention à ne pas les perdre. On ne donne pas de double. » me recommanda t-elle.

Elle s’absenta ensuite pendant cinq minutes durant lesquelles j’attendis patiemment.  

Un peu plus tard, elle revint avec une pile de paperasse.

« A remplir. » précisa t-elle.

J’avais envie de lui répondre que j’avais compris mais elle s’éclipsa de nouveau et réapparut avec un plan du pensionnat dans les mains. 

« Merci, je vais en avoir besoin.

- Oui ici c’est grand. Très grand. »

Je ne comprenais toujours pas pourquoi elle abrièviait chaque phrase, étais-ce parce qu’elle ne savait pas parler ou pour gagner du temps, toujours est-il que je lui en étais reconnaissante, elle ne s’attardait pas sur les détails comme Samantha, elle ne m’ignorait pas comme Prism... Non, elle disait ce qu’elle avait à dire et ça m’allais.

Maggie régla encore quelques formalités, puis elle me prit mes valises, me laissant seulement mon sac de cours.

« Je vous les apporte dans votre chambre. » indiqua t-elle en toussotant.

« Merci beaucoup. » redis-je de nouveau. Elle ne me répondit pas ‘‘de rien’’ comme le ferait la quasi-totalité des personnes, elle se contenta d’hocher la tête.

Elle me distribua ensuite mon emploi du temps, me dit ‘‘au revoir’’ et je me retrouvai dans le hall, vide cette fois-ci.

Après avoir tourné en rond durant une demi heure je trouvai enfin ma salle de maths, il est dix heure j’avais loupé deux heures de cours.

Je poussai la porte de la salle 212 et j’entrai sans faire de bruit, pourtant dès l’instant où la poignée se met à bouger tous les regards se braquaient dessus et étaient donc maintenant sur moi.

J’essayais de trouver des personnes que je connaîtrais ou que j’aurais déjà vues dans l’espoir de faire tomber la pression mais tous me sont inconnus.

Enfin pas tous, il y’en a une au regard bleu acier parsemé de gris. Prism.

Pas sans toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant