Chapitre 1 : Reflet

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Horrible. Elle était horrible.

Sophie se regardait dans la glace. Elle avait des cernes violettes, les cheveux désordonnés, et avait les yeux rougis par les pleurs. Elle aurait tout fait pour être une elfe comme les autres, une amie à la hauteur, une petite amie à la hauteur. Mais elle ne pouvait pas être comme les autres. "Une marionnette", "une anomalie"... "Une erreur". Elle avait été qualifiée par bien des surnoms peu flatteurs, mais jamais elle n'avait été appelée comme cela par Fitz. Fitz qui allait découvrir un jour ou l'autre qu'elle ne pouvait pas être assortie. Fitz qui allait devoir choisir entre elle et sa famille. Fitz qui semblait si confiant en parlant de sa liste...
Elle ne voulait pas le décevoir. S'il décidait de rompre avec elle, elle n'y survirait pas. Elle se suiciderait. Et tant pis pour le reste !

Une larme roula sur la joue de Sophie. Elle la laissa couler, contemplant son reflet dans le miroir. "Tu vas encore tous les décevoir. Keefe, Dex, Biana, Fitz, Grady et Edaline. C'est ta faute, Sophie." Les larmes dévalaient ses joues sans qu'elle n'ai envie de les arrêter. Non, ce n'était pas sa faute. Ce n'était pas elle qui avait choisie d'être génétiquement modifiée. Si seulement elle avait été normale dès le départ... Si seulement Fitz ne l'avait jamais retrouvée...

Mais elle l' aimait ! Elle ne pouvait pas oublier tous ces moments qu'ils avaient passé ensemble. Et elle pouvait encore moins rester devant ce miroir éternellement, et ses parents allaient voir qu'elle avait pleuré si elle ne cessait pas immédiatement. Elle essuya ses larmes avec sa manche, puis releva les yeux vers la glace.

- C'est bon, ça va mieux ?

Le visage de Vertina s'était affiché dans un coin du miroir, les sourcils froncés. Elle secoua ses courts cheveux noirs et regarda Sophie dans les yeux.

- Bon, pourquoi était-tu en train de pleurer comme si tu avais appris que tu étais condamnée à mort ? Et je t'en prie, ne tourne pas autour du pot, c'était flagrant.

Et là, Sophie ne sut jamais ce qui lui prit, mais elle lui dit tout. Sans s'arrêter pour que les larmes ne la rattrapent plus. Elle confia absolument toutes ses craintes, tous ses secrets et tout ce qu'elle ressentait pour Fitz à Vertina comme à une grande amie. Celle-ci la regarda, bouche bée.

- Tu es en train de me dire que... tu ne peux pas être assortie ?

- Oui, et Fitz...

- Mais bon sang, bouge-toi alors !!

- Quoi...?

- Tu ne peux pas rester ici à t'apitoyer sur ton sort et à pleurnicher !!  Annonce-le à Fitz, trouve une solution, parle à tes amis mais ARRÊTE de pleurer sur ce qu'il t'arrive !! Ça ne sert à rien et ça m'insupporte au plus haut point, tu ne peux pas savoir !!

Sophie écarquilla les yeux : c'était la première fois que Vertina lui parlait ainsi. Elle n'avait jamais vraiment parlé avec Sophie, et la détestait cordialement la plupart du temps !

- Alors maintenant, Sophie, tu vas m'énumérer la liste des personnes que tu connais bien-comme tes amis- et me dire qui tu trouves apte ou non à t'aider, parce que là tu me fais vraiment de la peine. Tu veux que je te dise ? Tu as besoin d'un soutien moral de toute urgence. Et je ne suis pas qualifiée pour remplir cette tâche - et puis je n'en ai pas envie. Allez !

- Heu... Si tu le dis, répondit Sophie avec stupeur. Il y a Dex... Non, certainement pas, il est trop amoureux de moi... Biana ? Non... C'est ma meilleure amie, mais elle n'en reste pas moins la sœur de Fitz... Il y a bien Keefe, mais...

- "Mais" quoi ? Keefe est parfait.

- Non, Vertina, je suis quasiment sûre qu'il a un faible pour moi.

- Ah ça non, il est amoureux de Tam.

- QUOI ?!

- Hein ? J'ai dit quelque chose ? Bref, prend ton transmetteur et donne rende-vous à Keefe. Rien ne vaut les aveux en personne.

- Tu plaisantes, on dirait un rencard. Et puis, comment pourrais-je lui dire...

- Moins on réfléchis avant de faire quelque chose qui nous fait peur, moins on a peur de le faire.

- C'est de toi ?

- Non, de Jolie.

- Alors je... je vais le faire.

Sophie remit ses cheveux dans l'ordre et lissa ses vêtements avant de prendre le transmetteur de ses mains tremblantes. Elle hésita quelque secondes, puis prononça le nom de Keefe d'une voix qu'elle voulait déterminée.



FIN DU CHAPITRE 1

GDCP : Tome 8 - SophitzOù les histoires vivent. Découvrez maintenant