Chapitre 3 : Rage

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Sophie réapparut devant Havenfield, déterminée à tout avouer à Fitz. Elle sortit son transmetteur et réajusta sa cape pendant qu'elle marchait dans l'herbe, la brise du soir lui caressant les joues. Elle se sentait plus confiante tandis qu'elle dépassait les enclos. Verdi ouvrit un œil lorsqu'elle passa à coté de lui. Elle inspira et expira deux ou trois fois, puis approcha son transmetteur de sa bouche.

- Fitz, tu es là ? Dit-elle en poussant la porte de sa maison.

- Oui !

Sophie regarda son transmetteur, intriguée. La voix ne semblait pas provenir de l'appareil, et pourtant il n'avait pas l'air d'être défectueux...

- Hé, lève les yeux ! Dit une nouvelle fois la voix de Fitz.

Sophie obéit... Avant de se rendre compte que Fitz était en fait dans le salon, et qu'elle avait failli lui rentrer dedans.

- Fitz ! Je suis désolée, je ne t'avais pas vu ! Quelle empotée... Marmonna-t-elle en grimaçant. Bref, qu'est-ce que tu fais là ?

- En fait, j'étais venu pour te voir, mais tu n'étais pas là. Alors j'ai attendu avec tes parents, mais mon père les a hélés avec son transmetteur, et ils ont dû partir régler une affaire urgente au sanctuaire -je crois qu'un Gorgonops s'est échappé...

- Ah, je vois...

Sophie était soulagée d'être seule avec Fitz pour lui parler.

- Fitz, j'ai quelque chose à te dire.

- Oui, moi aussi.

- Attends, il faut que je te le dise tout de suite.

- Non, c'est important, tu vas être heureuse !

- Mais c'est aussi important ! Supplia Sophie, au bord des larmes.

- J'aurais ma liste dans une semaine !

Sophie recula d'un pas, le souffle coupé. Si tôt ? Alors... Cela signifiait qu'elle ne pouvait plus reculer. Elle devait sauter le pas immédiatement avant que la peur ne reprenne le dessus.

- Fitz, je... Je suis allée voir les Entremetteurs.

- Oh, Sophie, c'est génial !

- Je ne peux pas être assortie.

Sophie vit le visage de Fitz s'affaisser, et son air rayonnant se transformer en une grimace consternée.

- Quoi... ?

- Fitz, avant de dire quoi que ce soit, je t'aime, et je comprendrais si tu...

- Attend, Sophie.

Fitz s'assit dans un fauteuil, hébété. Il se passa la main dans les cheveux.

- Je... Je crois que j'ai besoin de réfléchir. C'est compliqué.

Sophie regardait Fitz. Lui-même la regardait, les larmes aux yeux. Elle se sentait étrangement calme. Ses lèvres bougèrent sans qu'elle ai pu les contrôler.

- Espèce de lâche...

Fitz tourna la tête vers elle, les yeux écarquillés.

- Hein ?!

Sophie sentit une vague de colère monter en elle. Toute peur avait disparue. De quel droit faisait-il passer sa famille avant elle ? N'était-elle donc qu'une aventure pour lui ?
Plus elle regardait Fitz, et plus elle le trouvait écœurant. S'il l'aimait réellement, il lui aurait instantanément dit que le fait qu'elle soit assortie ou non n'avait pas d'importance.
Sophie tendit la main vers la porte d'entrée, et dit dans un souffle :

- Dehors.

Fitz la regardait toujours, immobile, les yeux vitreux.

- J'ai dit DEHORS !!

Fitz se leva lentement, le regard fixé sur elle. Puis il ouvrit la porte, et partit sans se retourner.

Sophie sentait le monstre qui grondait dans sa gorge s'apaiser.
Et soudain, elle réalisa ce qu'elle avait failli faire. Comment elle avait été tenter de le blesser avec son pouvoir d'Instillatrice. Et comment elle aurait voulu le faire souffrir, jusqu'à ce qu'il lui demande pardon.
Son sang se glaça dans ses veines. Elle devenait folle. Pourquoi avait-elle agi de la sorte ? Pourquoi avait-elle eu l'impression de ne pas être elle-même ? Pourquoi avait-elle voulu blesser quelqu'un ?! Quelqu'un... qu'elle aimait ?!
Les jambes vacillantes, Sophie se précipita à l'extérieur de la maison. Personne. Fitz était déjà parti. Il était trop tard.
Elle sortit son transmetteur d'une main tremblante.

- Elwin ?


FIN DU CHAPITRE 3

GDCP : Tome 8 - SophitzOù les histoires vivent. Découvrez maintenant