Une fois les cours terminé, Charlotte et moi primes la direction de la Daurade. On s'arrêta dans un café en chemin et nous achetâmes deux cookies et des cafés XXL à emporter. On s'assit sur les marches à côté des couples et des groupes d'amis rassemblés en cercles plus près de l'eau. Nous faisions face à la Garonne, qui coulait inlassablement. Ca me faisait plaisir de nous retrouver toutes les deux, comme au bon vieux temps. Charlotte sort avec un gars appelé Louis depuis quelque temps déjà, mais les choses n'avaient pas l'air de bien tourner. Elle est blonde vénitien donc un peu rousse, avec des tâches de rousseurs et deux yeux verts magnifiques.
- Tu te rends compte, il me dit qu'il passe la soirée à garder sa petite soeur et il se ramène lundi avec suçon. Le pire ; il n'essaie même pas de le cacher ! Et quand je me suis mise à lui poser des questions il m'a répondu que j'étais chiante ! Elle faisait tourner le gobelet dans ses mains et pressait sa boisson tellement fort que le carton se pliait.
Je lui prenais des mains avant que le café ne déborde et tâche son joli haut bleu. Je me lançais ensuite dans le speech de la meilleure amie qui a pour fonction principale de réconforter l'autre.
- De toute façon, on sait tous que tu vaux mieux que lui, il te mérite pas. Plaque-le et il se rendra compte d'à quel point tu es irremplaçable, t'es trop indulgente. Tu vas pas laisser passer ça quand même ?
Elle hochai les épaules et je fis un non désespéré de la tête. Son téléphone vibra et elle me regarda paniquée.
- C'est lui, il veut qu'on parle...
Elle ramassa précipitamment ces affaires et les fourra dans son sac. Je lui tendis son café et elle me remercia d'un coup d'oeil avant de se pencher et de me planter un bisous sur le sommet du crâne.
- Je t'appelle plus tard, love you !
Je voyais déjà le sourire qui se dessinait sur ses lèvres à l'idée de revoir son "amoureux", comme elle aimait l'appeler. Pauvre Charlotte, pensais-je, et ses problèmes de garçons.
Je tirais un carnet de mon sac et sortais un crayon. Je laissais mon regard se perdre dans le vague et l'inspiration arriver puis je commençai à griffonner des vers sur les pages blanches.
Vers 19h, tandis que le soleil entamait sa descente, je décidais de renter. En marchant, je cru avoir oublié mon carnet alors je m'arrêtai pour vérifier qu'il était bien dans mon sac. Je le sortis à l'aveuglette quand quelqu'un me rentra dedans.
Le carnet glissa de mes mains et s'écrasa parterre en même temps qu'un coca qui se rependait rapidement sur mes feuilles. Je me baissais avec précipitation pour le ramasser et atténuer le désastre mais je me pris une visière de casquette dans les yeux. Je relevai la tête et croisai un regard noir. J'écarquillai les yeux quand je réalisai que c'était le même homme que ce midi au Jardin des Plantes. Lui aussi paraissait surpris et son expression étonnée me confirma qu'il m'avait aussi reconnu. Il me murmura "je suis désolé", sa voix était grave. Je baissais finalement les yeux pour constater le désastre ; la plupart des feuilles volantes de mon carnet recouvertes de poèmes étaient tachées et devenues illisibles. Alors que je les regroupai en paquet il en attrapa une qui avait été partiellement épargnée par le liquide visqueux. Il lut ce que j'avais écrit et je rougissais, ne sachant trop quoi faire.
- C'est toi qui écrit ça ? Me demanda-t-il, avec un air encore plus surpris.
- Oui, je voulut que me ton fut plein d'assurance, mais à mon grand regret ce monosyllabe ressembla plutôt à un couinement de mulot.
- C'est très beau, répondit-il en me fixant de ses yeux inquisiteurs.
Je me sentais atrocement gênée, il est le premier à lire un de mes poèmes, j'ai toujours été trop embarrassée pour les monter à qui que ce soit. Il baissa les yeux à nouveau et ramassa une petite photo sur le sol qu'il me tendit. C'était une vieille photo de mes parents le jour de leur mariage que je gardais toujours avec moi. Elle était tachée, et je la pris en tremblant. C'était le seul exemplaire que j'en avais et j'y tenais beaucoup. J'oubliais complétement l'inconnu qui me scrutai toujours et regardais l'image, la main tremblante et l'oeil larmoyant.

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Nos étoiles vagabondes
FanfictionElle est dans le lycée le plus prestigieux de Toulouse. Tout lui sourit ; passionnée par les étoiles et l'univers, elle a un don pour les maths et la physique et une sensibilité accrue pour la poésie et les arts. Loin d'être une associable et plutôt...