Cinq Octaves

6

Elle lut, sourit tristement puis releva ses yeux vers le lever de soleil avant de me regarder de nouveau :

-Je pense qu'on devrait aller retrouver les autres.

Ce que nous avons fait. Mais avant de les atteindre, se sont eux qui nous ont trouvées. Marius et Basile, courant vers nous, une panique luisante déformant leur visage en une grimace horrifique, confondue au soulagement de nous avoir retrouvées. Mais où était Cassiopée ?

Basile dit quelque chose, trop rapidement pour que je puisse saisir ses paroles. Je sentis Abby se figer et sa réponse fut tout aussi précipitée. Je ne comprenais pas ce qui était en train de se passer, mais inconsciemment je savais que c'était grave.

Tout est allé trop vite. J'étais ailleurs, je ne réalisais pas, on ne m'expliquait rien. Le jour s'était complètement levé, mais il n'avait pas emporté avec lui les cauchemars de la nuit. Les cauchemars sont toujours restés, et n'ont plus jamais disparus.

Nous n'avons jamais revu Cassiopée. Malgré nos recherches, malgré nos supplications, malgré tout. Elle n'était pas morte, elle avait simplement disparue. Elle s'était évanouie, envolée. Je me demande parfois si elle a réellement existé. Son image est effacée. Je ne sais pas si je la reconnaîtrais aujourd'hui. Elle n'est plus une amie. Elle est le souvenir flou d'une octave.

Sans doute une crise aigüe. Avait-elle négligé de prendre son traitement? On ne le saura jamais. Où est-elle aujourd'hui? Morte. Vivante. Éternelle.

Nous ne pouvions plus rentrer. Pas après ça. C'était notre faute.

Alors nous nous sommes séparés. Simplement.

J'ai erré. Jusqu'à retourner voir mes parents. Parce que je n'avais rien d'autre à faire. J'étais lâche. Je n'ai rien raconté. Rien dévoilé. Cette nuit était la nôtre. Juste la nôtre. Elle n'appartenait à personne d'autre.