— Mes sincères condoléances. Me dit une énième personne alors que mon regard reste figé sur la pierre tombale familiale.
La seule chose qui me maintient sur terre à cet instant, est la main de mon frère Seth, fermement liée à la mienne. Me donnant toute la force nécessaire pour endurer ce supplice.
Mes chers parents sont décédés trois jours plutôt à cause d'un chauffard de camion épuisé, qui s'était endormi au volant.
Plus rien n'a de sens désormais. Ils étaient des êtres formidables. Ils adoraient le partage. Et ils nous chérissaient de tout leur cœur. Nous n'avons jamais manqué de rien. Nous vivions confortablement. Néanmoins, ils m'ont appris depuis l'enfance que le côté matériel était superficiel. Qu'on vivait avec tout cela mais que nous pouvions amplement nous en passer. Qu'il fallait savoir se contenter du stricte nécessaire.
Bien sûr notre qualité de vie, nous permettait de vivre luxueusement. Cependant, la survie était un point important dans notre famille.
En effet, mon père faisait parti d'une tribu indienne en Alaska. Je suis née là-bas d'ailleurs et ai vécu un début d'enfance en ces lieux. Un peu après mes huit ans, nous avons déménagé et sommes venus vivre dans un petit hameau perdu en plein cœur des Alpes. Nous nous trouvions entre la France et la Suisse. Les origines de ma mère. Notre venu en France était dû au décès de mes grands parents maternel, léguant leur ferme à leur enfant unique, ma mère.Par la suite, mes parents se sont lancés dans l'élevage de Husky et proposaient ensuite des balades à bord de l'attelage à travers les forêts. Petit à petit, venant d'une nombreuse demande de la part de la clientèle tombée sous le charme de ce loisir et de son côté ludique, une partie de la ferme a été privatisé et converti en chambres d'hôtes.
L'affaire familiale n'a jamais chuté une seule saison. Les clients étaient libres de cultiver et ramasser des fruits et légumes de saison dans l'énorme potager. Ils pouvaient également nous aider s'ils en faisaient la demande, et donc se joindre à nos côtés dans les tâches quotidiennes à la ferme. Donner le maïs et les granulés vitaminés aux poules pondeuses, poules à chairs, canards, oies et pintades, ainsi que dans la partie équestre. Cette dernière étant composée de deux chevaux de trait, d'un âne et de trois poneys.
Beaucoup de personnes étaient attirées par le côté bio de ce que nous proposions. Et du côté retour aux sources, même s'il était minimaliste. Pour des gens cent pour cent citadins et désirant découvrir une vie saine, notre ferme était devenue leur havre de paix et l'endroit idéal pour se ressourcer. S'ils le désiraient, ils pouvaient participer à un stage de survie commandité par mon père. Ils y apprenaient comment faire un feu, faire une cabane et comment se nourrir.
Ils se plaisaient dans le fait de pouvoir se nourrir de ce qu'ils récoltaient et de la volaille fermière. Ils trouvaient fabuleux de pouvoir traverser les forêts enneigées à bord d'un traîneau tiré par un attelage de chiens. Tout cela était rendu ludique pour n'importe quel enfant venu en ces lieux. Ils s'y plaisaient tellement qu'ils n'arrivaient pas à faire de préférence entre les balades à poneys et faire leur box, nourrir les chiens et partir en balade avec eux, s'occuper des poulaillers et manger se qu'ils ramassaient. La preuve étant, que l'aire de jeux que mon père avait construit toute de bois et qui formait un mini château fort avec des balançoires et un toboggan restait souvent inoccupée.À notre tour, nous héritons de la ferme familiale, de notre chalet suisse qui est notre habitation principale, ainsi que d'un mas retapé par mon grand-père, nous servant de maison secondaire pour les vacances, situé en haut d'une crique sauvage à Cassis.
Malgré tout, je donnerais tout cela pour une seule journée de plus à leurs côtés.
Aujourd'hui, encore sous le choc de cette séparation brutale, mon frère et moi devons continuer à avancer tout seul.
Notre meilleur ami, employé et logeant chez nous, Nicolas se tient à nos côtés ainsi que Marie la petite amie de mon frère depuis neuf ans déjà.
Nicolas ne cesse de sangloter. Mes parents l'ayant pris sous leurs ailes depuis que les siens l'avaient renié à cause de son homosexualité lorsque nous avions quinze ans et qu'il habitait le village voisin, était vite devenu un second fils pour eux, ainsi qu'un second frère pour Seth et moi.
Marie est autant affectée par cette tragédie qui nous touche de plein fouet. S'étant mise en couple avec mon frère à quinze ans, elle était considérée comme leur seconde fille. En gros nous n'étions plus, depuis longtemps déjà une fratrie de quatre, mais bel et bien de six personnes s'aimant, se complétant, s'appréciant et s'entraidant plus que jamais.
En effet mon frère et elle, meilleurs amis durant le collège ont commencé à se fréquenter en seconde au lycée. Depuis leur quinze ans, ils sont inséparables. Marie a toujours passé plus de temps à la maison avec nous, qu'avec ses propres parents.
Tandis que j'essuie une larme, je décide de m'éloigner un peu. Âgée de vingt-deux ans, j'ai décidé d'arrêter mes études à l'université. À vrai dire je ne participais pas à beaucoup de cours, après avoir obtenu mon BTS en photographie il y a deux ans. Je ressens le besoin de faire une pause et de me concentrer sur ce que je veux vraiment.
En entendant des pas derrière-moi, je me retourne; Nicolas.
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Alaska me voilà! (Sous Contrat D'édition)
RomanceSara vit dans un hameau en plein coeur des Alpes. Sa famille et elle accueillent des clients en chambre d'hôtes et durant leur séjour, leur font découvrir le retour aux sources qu'ils désiraient tant. Seulement, après l'enterrement de ses parents, e...