Gardiens des Cités Perdues ~ 8. Héritage

Chapitre 5

    Une fois que ses amis furent partis, Sophie se jeta sous la douche et profita longuement de la chaleur de l'eau. Finalement, la discussion avec Biana n'avait pas été aussi gênant que l'aurait imaginer la jeune fille. Au contraire. L'Éclipseuse avait seulement confié son angoisse pour le sort de Tam et des Invisible. Aucune allusion à Fitz. Ce qui ne dérangeait absolument pas la Télépathe. Elle n'était pas encore sûre de vouloir raconter son rendez-vous avec les Entremetteurs.

   Une fois lavé et en pyjama, Sophie s'octroya le droit de laisser libre court à son imagination, durant quelques minutes. Que pouvait bien lui vouloir Prentice ? Avait-il appris quelque chose de.. nouveau ? De dangereux ? Ou bien désirait-il seulement discuter avec le Colibri ? Et que lui dirait-elle, elle ? Elle le remercierai de l'avoir protéger au prix de sa santé mentale ? Et puis, ne l'avait-elle pas déjà fait ? Il pouvait s'agir de n'importe quoi. Des tas de sujets de conversation était encore à aborder avec le Gardien. Comme par exemple Cyrha, ou Jolie, ou encore M. Forkle. Il avait passé tant de temps enfermé à Asile... Son esprit en gardait des séquelles sévères.

   — Vous devriez dormir Mademoiselle Foster, déclara Sandor en passant sa tête par la porte.
    — Sans doute, soupira la Télépathe. Mais je n'arriverai jamais à dormir.
    — J'en ai bien conscience, ainsi que votre mère, aussi m'a-t-elle chargé de vous proposez ceci.

    Il poussa complètement la porte et tendis devant lui une tasse fumante. Sophie savait très bien ce que contenait le récipient, mais elle refusait toujours d'ingurgiter le moindre sédatif. Elle en avait déjà avalé assez pour trois vies entières !

    — Je sais que vous n'êtes pas une adapte de la somnolante, mais êtes-vous sûre de ne pas en vouloir ? demanda le gobelin de sa voix de rongeur.
    — Non merci, je peux toujours contacter Silveny si le sommeil ne pointe pas le bout de son nez, assura la Télépathe.
     — Comme vous voudrez..., spupira-t-il. J'aurais ai moins essayé. Bonne nuit Mlle Foster.
    — Bonne nuit.

    Le garde du corps referma la porte derrière lui et laissa Sophie seule, assise sous ses couvertures. Elle éteignit les étoiles au plafond et se coucha, à côté de son lutin. Non, le sommeil n'était pas au rendez-vous. Mais hors de question de contacter Silveny, la jeune mère avait besoin de repos pour s'occuper de ses poulains. Ne restait plus qu'à...

    La Télépathe attrapa le transmetteur posé sur sa table de chevet, les sourcils froncés. Qui pouvait bien l'appeler ? Pas Fitz en tout cas, puisque le jeune homme était à présent capable de franchir les barrières mentales dites impénétrables de la Télépathe. L'écran resta vide quelques instants, mais le visage de Keefe y apparut rapidement.

    — Salut Foster.
    — Keefe ? s'étonna la jeune fille.
    — Oui, ça va très bien, merci de demander, ironisa l'Empathe. Et toi, comment te sens-tu ?
    — Bien, juste un peu chamboulée.
    — À qui le dis-tu, souffla-t-il. Même si sa fait mal de l'admettre, j'ai un peu peur pour Mister Frangette. Mais bref, passons, ce n'est pas pour ça que je t'appelle !
    — Que se passe-t-il ? s'enquit Sophie.
    — Rien, seulement je n'ai pas de nouvelles de Fitz et il ne me répond pas quand je l'appelle via transmetteur, expliqua l'Empathe.
    — Et qu'est-ce qui te dis que j'ai des nouvelles de lui ? s'indigna la Télépathe.
    — C'est le cas ?
    — Non, à vrai dire on a discuté hier soir, admit Sophie. Je n'ai pas pris de ces nouvelles depuis.
    — Tu lui as dis quelque chose d'important ? interrogea le jeune homme.

    La Télépathe songea à lui parler du Bureau des Unions, mais renonça. Ce n'était pas le bon moment. Sophie gigota sur son lit et récolta un ronflement sonore de la part d'Iggy.

   — Eh bien, je ne sais pas si on peut parler de quelque chose d'important..
    — Tu peux tout me dire Foster, tu sais non ?

    Le ton de Keefe sembla comme déçu à Sophie. Ou bien son cerveau lui jouait des tours. Et puis, l'habituel sourire taquin de l'Empathe avait disparut.

    — Bien sûr, acquiesça Sophie. Je te fais confiance, seulement...
    — Seulement quoi ? la pressa-t-il.
    — Je ne suis pas sûre de vouloir en parler.
    — Je comprend...

    Son ton semblait pourtant dire le contraire. La mine déçu de Keefe serra le cœur de Sophie, mais que pouvait-elle faire ? Lui raconter son rendez-vous ?

    — Ne te sens pas obligée de m'en parler Foster, intervint l'Empathe. Ce ne sont pas mes affaires.
    — Qui êtes-vous et qu'avez-vous fait de Keefe Sencen ? demanda Sophie en rigolant.
    — Ah, là c'est le Keefe sage qui te parle, s'esclaffa-t-il. Il ne te harcelera pour que tu lui racontes tout.

    La jeune fille rigola. Keefe sage ? C'était quelque chose qui s'approchait du miracle. Peut-être en était-ce un, d'ailleurs.

    — Merci Keefe, souria la Télépathe.
    — Tu pourras toujours compter sur moi Sophie, tu peux me faire confiance, déclara-t-il en plantant son regard bleu glacier dans celui de son amie.

    Il lui sembla soudain si sérieux, si sincère que s'en était presque déconcertant.

    — N'hésite pas à m'appeler en cas de problème, on ne sait jamais avec toi. Bon, dors bien Foster !
    — Bonne nuit.