Je m'appelle Mariama Jasmine Ndiaye, j'ai aujourd'hui 26 ans, célibataire sans enfants. Je vis avec ma mère et mes deux petites sœurs. Par la grâce de Dieu, on ne manque de rien, maman est une vraie battante et depuis quelques temps je travaille, et gagne bien ma vie. Ma précieuse maman, Fawéllé Aïda Sall, qui nous a donné de l'amour plus qu'il n'en faut. Elle fait d'énormes sacrifices pour qu'on n'envie rien à personne. Aussi, a-t-elle réussi à nous faire oublier l'absence de notre père, Almamy Momar Ndiaye, dans nos vies. Les plus curieux me demandent toujours s'il est en vie,car ils ne m'entendent jamais parler de lui. Mais il est bien vivant et d'ailleurs sa maison se trouve à 20 km de la nôtre. Et malgré tout, maman nous demande d'aller le voir de temps à autres, bien que lui ne sache pas où est-ce qu'on habite exactement. Mais, ça c'est une autre histoire, et j'y reviendrai un peu plus tard. Pour l'heure, l'abandon de mon père n'est qu'une goutte dans le vaste océan de mes tourments. Bien que beaucoup soient convaincus, que cet abandon est la raison de toutes mes mésaventures, je pense que non. Je me serais volontiers réfugiée derrière cette excuse, mais je suis convaincue que j'ai une grande part de responsabilité dans tout ce qui m'arrive, hélas.
Et pour cela, je vous confierai ce qui constitue le plus grand de mes tourments: je ne suis plus vierge.
C'est la première fois que je le dis franchement, de manière aussi cru, sans avoir peur. Je sais, c'est très mal, et dans notre société, c'est impardonnable, pour une femme. Par ce que, nul ne s'est jamais soucié de la virginité voire de la pureté d'un homme. Ce n'est pas pour me dédouaner, mais à cet instant j'aurai préféré être de genre masculin pour échapper à la société, à vos critiques et à vos jugements. Car, je sais que vous me prendrez pour une fille facile, frivole et pécheur de surcroît, car je suis musulmane et ma religion ainsi que les autres confessions religieuses condamnent la fornication. Et je sais que cette dernière, «az-zina» en arabe, fait partie des grands péchés. Mais contrairement à vous et à la société qui me jugeraient sûrement et ne pourraient me comprendre voire pardonner mes erreurs, j'ai espoir qu'Allah me pardonne et qu'il me couvre le jour de la rétribution. Car j'aurai honte que ma mère sache tout cela. Elle ne mérite pas cela. Je sais que plus que moi, elle paiera pour mes fautes. Car c'est comme ça que notre société est régie et vous en conviendrais avec moi. Certes, mon père ne se soucie plus de nous depuis un bon bout de temps, il ne sait rien de nous, si nous mangeons, buvons à notre soif etc. Il n'en a que faire ma foi.
Et pourtant, le jour où il faudrait honorer le rite du fameux « drap nuptial », pour voir si je suis la digne fille de mes parents, et si en l'occurrence j'ai reçu une bonne éducation. Je suis convaincue que personne ne s'attardera sur l'abandon de mon père qui aurait pu être là pour me protéger, m'orienter et me conseiller. Mais tout le monde attaquera ma mère, car elle aurait ainsi raté notre éducation. Or Dieu m'en est témoin, elle a fait l'impossible pour qu'on ait une bonne éducation, surtout religieuse. Car en dépit de toutes mes erreurs passées, aujourd'hui je ne cesse de me rapprocher de mon Seigneur, et je m'accroche au Coran que je lis pour me soulager. Et cela n'aurait été possible, si maman n'avait fait tous les sacrifices nécessaires pour nous apprendre notre religion. Et c'est sûrement parce que mon grand-père lui a inculqué une bonne éducation religieuse. En effet, ce dernier était un grand érudit et récitait le Coran de la sourate An-Naas à la sourate Al-Baqara tous les jours me dit souvent maman. Vous me direz sûrement pourquoi en dépit de tout cela, j'ai commis ces erreurs. Je répondrai juste que je ne sais pas, ou encore que c'est ma destinée et je devais passer par là. Mais moi-même je n'en suis pas convaincue car je m'en veux beaucoup, et je ne pourrai me pardonner mes erreurs. Aussi, vais-je vous raconter comment tout cela m'est arrivé. Et comment, j'ai perdu, ce que je donnerai tout ce que j'ai de plus cher au monde aujourd'hui, pour le retrouver.
Je n'avais que quinze ans, ma sœur Lala Aïcha neuf, et nous étions chez notre père pour l'année scolaire. En effet, après leur divorce mes parents se sont mis d'accord pour notre garde. Ma sœur et moi restions toute l'année scolaire chez mon père et passions les vacances chez maman qui gardait la benjamine. Certes, notre benjamine n'avait que six ans et maman disait qu'elle était trop petite pour qu'elle la laisse avec notre belle-mère. Mais j'ai compris au-delà de cette explication que maman ne voulait pas la laisser avec mon père. Car, il nous a abandonné alors qu'elle n'avait que trois mois, et n'a jamais levé le petit doigt pour elle. Je me rappelle encore de son baptême qui a été fêté à la clinique avec seulement la présence de la famille de ma mère. Mon père avait égorgé un mouton chez sa deuxième femme de l'époque et nous avait envoyé une partie de la viande que mes tantes maternelles avaient préparé pour célébrer la naissance de notre benjamine Fatima Zahra Ndiaye. Pourtant, elle porte le nom de ma grand-mère paternelle, et donc je n'ai jamais compris pourquoi mon père s'en est allé juste après lui avoir donné un nom, et encore avec empressement. Et depuis ce jour, j'ai pris ma petite princesse sous mon aile et j'essaie de lui donner beaucoup d'amour en plus de tout ce que maman fait pour nous. J'aime à dire que c'est ma fille et je me suis promis de tout faire pour qu'elle ne manque jamais de rien et qu'elle ne sente jamais l'absence de notre géniteur. Mais malheureusement, cette affaire de garde des enfants nous empêchait de la voir tous les jours et d'être avec elle pour la protéger et la couvrir d'amour. Ainsi, on se séparait d'elle pour vivre chez mon père le temps d'une année scolaire, et elle nous manquait énormément. Car mon père ne nous permettait pas d'aller voir maman tout le temps, et même pour les fêtes de korité et de Tabaski, il fallait faire des pieds et des mains. C'est ainsi que j'ai profité d'une fête de Tabaski où mon père était parti en Suède, pour convaincre ma belle-mère de me laisser dormir chez maman. Et c'est ce jour-là que tout à commencer avec lui.
Et voilà pour mon tout début, j'espère que ça vous accrochera et que vous m'accompagnerai dans cette périlleuse aventure...
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Le récit de mes tourments ...
Non-FictionLa grande romancière, Mariama BA, disait que la confidence noie la douleur. Et je voudrais la prendre au mot et vous partager mes peines. Cela ne saurait être facile, car ma conscience me torture, et je m'en veux beaucoup. Mais j'ai espoir que le Se...