Partie 3

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Le lendemain, je me réveillais avec une telle béatitude. Je devais balayer toute la maison et préparer le petit déjeuner, mais je le faisais à cœur joie. J'avais mis la chanson «l'amour est un soleil» d'Hélène Ségara, et je ne touchais plus le sol. Comme si, on m'avait révélé le secret du bonheur durant cette nuit. Je ne cessais de sourire. Je n'ai même pas entendu tata Safiétou, je me suis retournée juste parce que je sentais un regard perçant sur moi.

_ Ioe khana dégoma? (toi, ne m'as-tu pas entendu)? Anh sa papa nekoufi daal ngay tek musique ci keur gui bamou fort nii(anh ton père n'est pas là et tu mets de la musique avec un volume si fort), me cria-t-elle en me fixant droit dans les yeux.

_ Je... je balayais et j'ai...

_ Bref, je dois aller au marché, et comme il n'est que 7 heures, tu m'attendras ici, je ne vais pas durer, ok.

Elle retournait déjà sur ses talons sans attendre de réponse. Mais cela ne me démonta point, j'avais un cours de maths à 10h. Et j'étais de très bonne humeur pour la laisser gâcher ma journée. Quand mon père n'était pas là, elle en profitait pour me confier les tâches les plus ardues. Heureusement qu'elle ne voulait pas que je touche à son linge, et ainsi cela m'était épargner. Mais j'avais tellement nettoyé les carreaux que j'en avais des maux de reins, telle une mamie. En fait, elle ne gardait pas longtemps une bonne, elle disait que cet argent pouvait être dépensé ailleurs. Et comme je prenais toujours Lala Aïcha sous mon aile comme me l'avait demandé maman, je ne la laissais rien faire. Du coup, j'étais la seule à aider tata Safiétou dans les tâches ménagères et elle m'en faisait voir de toutes les couleurs. Toutefois, je dois avouer que c'est elle qui m'a appris à cuisiner bien qu'elle ne l'ait pas fait pour me rendre service.

_ Mariama où est le petit déjeuner, j'ai faim! me fit Lala Aïcha qui venait de finir sa toilette.

_ Lala Aïcha toi aussi, tu n'as pas de cœur! C'est vrai que je le faisais toujours pour toi, mais tu es assez grande maintenant et tu vois bien que je suis assez occupée, lui répondis-je, dépité.

_ ah c'est pas moi qui te traite comme une bonniche! Tu n'aurais pas dû être aussi amie avec cette Safiétou, tu sais bien qu'elle ne nous aime pas. En tous cas moi je ne me laisserais pas faire!

Et c'était reparti, Lala Aïcha ne voulait rien faire dans la maison, et elle ne supportait pas tata Safiétou qui le lui rendait bien d'ailleurs. Moi je n'osais pas sortir de la maison ni inviter mes amies. Mais elle revenait toujours avec ses camarades de classe et les installait dans le salon de Tata Safiétou, rien que pour l'agacer. C'est vrai qu'elle était la préférée de mon père, sûrement c'est pour cela qu'elle en abusait. Aussi, elle ne disait jamais tata, mais Safiétou, bien sûr ma tante ne l'entendait pas car elle le disait tout bas. Mais sûrement elle le ferait exprès un jour, rien que pour l'énerver. Et tout cela m'étonnait, Lala n'avait peur de rien contrairement à moi. Un jour, alors qu'elle était au salon avec ses amies, elle a sorti de très jolies photos de maman qu'elle avait éparpillé sur la grande table. Et ces dernières s'exclamaient:

_ Waouaw, qu'elle est belle ta maman!

Et Lala en rajoutait toujours un peu trop.

_ C'est vrai que papa avait bien choisi! Cria-t-elle presque comme si elle ne s'adressait pas à elles seulement avec un rire moqueur.

A cet instant, on était dans la cuisine, tata Safiétou et moi, et on a entendu distinctement ce que Lala disait. J'ai vu ma tante serrait les poings alors qu'elle fixait un point du micro-onde comme si elle réfléchissait. Et avant que je ne comprenne ce qui se passait, elle sortit en furie pour aller vers le salon.

J'étais toujours dans la cuisine, incapable de bouger, comme scotchée. J'ai été ramené à la réalité à cause du bruit qui venait du salon. Je m'approchais et voyais mon père également s'empressait de les rejoindre. J'allais rebrousser chemin quand j'ai entendu un autre bruit, cette fois c'était bien celui d'une tape, une bonne gifle.

Le récit de mes tourments ...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant