En vérité, bien avant ce fameux jour, on se parlait par sms et on s'était vu à deux reprises, et aussi je ne manquais jamais de l'épier quand je le voyais. Il était si beau, avec ses sourcils bien fournis, ses yeux clairs et si perçants, son teint d'ébène, ses muscles et sa voix qui me faisait fondre. Je rêvais de ses bras et voulait tout faire pour qu'il soit le prince charmant que j'attendais. D'ailleurs, à chaque fois que je lisais un roman d'amour, je me voyais être l'héroïne et il devenait bien sûr mon héros. Et ce temps-là, je lisais beaucoup d'Harlequins. Et dès que j'ai eu le béguin pour lui, toutes les scènes d'amour se concrétisaient dans mes rêves où on était tous les deux les principaux acteurs, de ces choses pas très catholiques. A mon réveil, je me sentais toujours honteuse, et j'avais peur que ma belle-mère Safiétou Ndiaye ne remarque l'état dans lequel j'étais à chaque fois que j'y repensais. Mais, elle semblait absorber par les télénovelas et me laissait tranquillement lire mes livres. Heureusement pour moi, elle est analphabète, et ne pouvait comprendre les titres assez révélateurs de mes romans tels que : « un impitoyable séducteur », « sous le joug de la passion », « la flèche de cupidon », « au nom de l'amour » etc. Certes en plus du titre, les images étaient assez révélatrices, mais quand mon père n'était pas à la maison, je m'étais mes livres où je voulais, car elle ne s'y intéressait jamais, à mon grand bonheur. Et je me délectais davantage de ces livres lorsque j'ai commencé à lui parler. Je m'étais même intéressée au feuilleton les deux visages d'Ana qui passait en ce temps-là, et avais presque mémorisé le son « Coleccionista de Canciones » de Camilia, car dans ma tête j'étais Ana et lui Gustavo, mais en plus vieux. Car, il avait dix ans de plus que moi, et semblait avoir bien plus d'expériences. Mais pour moi, seul notre amour comptait, car comme je le lisais dans les livres, et le voyait à la télé, le véritable amour peut surmonter tous les obstacles, l'âge y compris. Il ne cessait de me dire que j'étais très jeune, et que je brulais peut-être les étapes. Mais cela me peinait beaucoup car j'étais convaincue qu'il pouvait être mon futur époux et le père de mes enfants, car je l'aimais de tout mon cœur.
On s'est connu par le biais de son plus jeune frère avec qui j'étais dans la même classe, à son insu. En vérité, ce dernier avait utilisé son portable un jour pour m'envoyer un message et quand je lui ai répondu, il m'a rappelé, et depuis le contact était établi. Son jeune frère était tout aussi mignon, mais avait un an de moins que moi. Il se nommait Bocar Insa Touré, et comme mon premier prénom est Mariama, il disait que j'étais sa petite maman chérie. J'adorais Insa, il était tout mignonnet avec ses fossettes et très adorable. Seulement, il avait commencé à me faire la cour or depuis que j'avais vu son grand-frère, je n'avais d'yeux que pour lui, mais je n'osais rien lui dire bien sûr. Un jour, il était venu à l'école pour prendre le bulletin d'Insa et lorsque mes yeux se sont posés sur lui, j'ai eu comme un coup de foudre. Il sortait du bureau du principal et sans le faire exprés il a failli me faire tomber à la renverse, tellement il était pressé. Il m'a retenu vigoureusement par la taille, avant de me mettre en face de lui.
_ Désolé, j'espère que je ne t'ai pas fait mal ? M'a-t-il-dit le sourire au coin.
J'étais sous le choc, je ne sais même pas ce que j'ai bien pu bafouiller avant qu'il ne me relâche et s'éloigne après m'avoir servi un jolie sourire qui m'a littéralement subjugué. Il avait une belle dentition, et bien que ses lèvres aient un peu noircies, ses dents étaient toutes blanches. Bizarrement après son départ, je ne cessais de sourire et de penser à ce merveilleux accident. Et j'étais si distraite en cours que je n'ai même pas entendu la sonnerie.
_ Hey ma belle Jasmine, tu ne comptes pas rentrer chez toi aujourd'hui, me fit Insa pour me sortir de mes rêveries.
Il faisait tout pour s'asseoir près de moi. Et comme je me mettais toujours devant à la première rangée, il s'asseyait aussi à la première table de la deuxième rangée. Et je sentais de temps à autres son regard sur moi, à croire qu'il n'écoutait jamais le professeur. D'ailleurs, il ne manquait jamais l'occasion de m'emprunter mon cahier de cours, de me demander des explications supplémentaires après un exercice de maths ou d'SVT.
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Le récit de mes tourments ...
Non-FictionLa grande romancière, Mariama BA, disait que la confidence noie la douleur. Et je voudrais la prendre au mot et vous partager mes peines. Cela ne saurait être facile, car ma conscience me torture, et je m'en veux beaucoup. Mais j'ai espoir que le Se...