Ce double état de l'âme qui nous hante l'esprit à deux.
Ce paradoxe de la tristesse enchanteresse qui nous soumet l'ascenseur émotionnel sans monter ni descendre.
Une seconde d'inattention et elle nous envahit pour un temps indéfini.
Sans elle, pas de réflexion. Sans elle, pas de remise en question. Sans elle, pas de divagation de la pensée. Sans elle, pas d’énergie nouvelle qui nous propulse pour briser la cage.
Je savoure sa compagnie. Ce masochisme du bonheur perdu ou jamais atteint. Ce passé que l'on se remémore avec une douceur aigre et cet avenir que l'on imagine follement euphorique et inquiétant.
Pour certains elle représente le mal du siècle. Pour d'autres, elle est beaucoup plus fugace. Toutes les vies ayant atteint l'âge de la plus grande conscience du maillon faible du plus fort des groupes s'y confrontent au moins une fois.
Elle a ses vices. Elle nous perd aussi souvent qu'elle nous aiguille. Comme tout luxe, elle peut nous figer dans le temps alors que le temps, lui, ne nous attend pas.
Elle a ses avantages. Ses émotions contemplatives nous fournissent la sensation d'une vie richement vécue et d'un futur à vivre plein de rebondissement. La place qu'elle occupe, en tombant subitement, évanoui l'obstacle du moment présent quand il est difficile à contourner.
Je l'accueille toujours en mon sein avec un amer plaisir. Elle me procure la nostalgie du passé qui se mêle aux regrets et aux remords. Elle me fournit l'impatience du futur qui se mêle à l'angoisse que dans un avenir plus ou moins proche, ma fin m'attend.