Tell me why

40.

Cassy

J'entends du mouvement autour de moi, des gens parler.

Je suis toujours dans le van puisque je sens les secousses du véhicule mais mes yeux ne s'ouvrent pas, j'essaye pourtant.

— Remettez-lui une dose. Il ne faut pas qu'elle se réveille.

Une aiguille traverse ma peau, les bourdonnements dans ma tête se font de plus en plus présent, j'ai envie de vomir. Le van s'arrête et plusieurs bras me tiennent.

On me fait descendre, j'arrive à ouvrir les yeux mais tout est flou autour de moi. J'ai l'impression que mon corps pèse une tonne.

D'après l'obscurité et l'odeur qui se dégage de la nature, je suppose que nous sommes en train d'entrer dans une forêt.

Mon dieu ... qu'est-ce qu'ils comptent me faire ?

Les hommes qui me tiennent me font mal mais je n'arrive pas à parler, je pense qu'ils ne savent pas que je suis éveillée, éveillée est un grand mot ... je suis plutôt dans les vapes. J'arrive à distinguer que nous approchons d'un bloc, on dirait un bunker. Un des hommes me lâche et appuie sa main contre le mur et un clavier en sort. Il tape dessus et la porte s'ouvre. Je sens les bras me lâcher et me laisser tomber vers l'avant. Le choc me coupe la respiration, je me sens dévaler les escaliers et atterrir contre un sol froid. J'ai envie de hurler tellement la douleur me lance mais rien ne sort.

Je les entends rire, me récupérer et m'enfermer quelque part.

Mes yeux papillonnent mais je n'arrive pas à lutter et le noir m'enveloppe.

*

Ce qui me frappe en premier c'est la douleur que je ressens le long de mon dos et mon bras droit et en deuxième c'est les chuchotements autour de moi.

Je commence vraiment à croire qu'une malédiction s'abat sur moi, ce n'est pas possible autrement.

Quand j'ouvre les yeux, je remarque des barreaux autour de moi.

Je tourne la tête et constate avec effroi que je ne suis pas seule, il y a d'autres personne ici qui ont l'air autant mal en point.

— Et toi là ! Ça va ? Me demande une fille dans la cellule à côté.

Ma bouche pâteuse réclame de l'eau mais j'arrive à articuler :

— Oui, je crois.

J'essaye de me lever.

—  On ne dirait pas.

— Où sommes-nous ? Demandé-je difficilement.

—  Où ? Aucune idée. Qui nous retient ? L'Ombre Noire.

C'est quoi ça encore ?

— Ça doit faire plusieurs mois que je suis ici.

Cette fille doit avoir à peine 15 ans et elle est coincée ici. Dans quoi suis-je tombé ?

Je regarde les différentes cellules, des jeunes filles, des hommes et des femmes sont présents.

—  Si tu es ici, tu ne sortiras jamais. Personne ne connaît l'existence de cet endroit. Cette femme est là depuis 10 ans, explique la jeune fille en me montrant du doigt une femme de dos.  

10 ans ? C'est énorme ...

—  Maria !

La voix grave d'un garde qui entre dans la pièce résonne, la femme de dos sursaute.

Le garde entre dans sa cellule et l'attrape avec force, elle lâche un cri. Cette femme ne porte qu'une fine robe, elle doit mourir de froid, j'aperçois son corps couvert de bleus et de coupures.