Lourde mélodie

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Je l'ai aperçu pour la première fois en faufilant mon regard au travers de cette porte entrouverte, j'entendais au loin une douce mélodie de piano, ce qui m'attira au plus prés de lui, ses yeux fixant au devant,  ses doigts dansant avec les touches de cet instrument. J'étais envoûté, a la fois par le touché de ses doigts sur ces touches, mais aussi par son visage emporté par sa propre mélodie, j'ai cru y lire a cet instant une lourde mélancolie. Ce qui me toucha au plus profond de moi, étant obligé de partir pour retourner a mes occupations, j'avais le cœur lourd après cet amère spectacle de beauté. Après chacun de mes réveils aux aurores je revoyais ses doigts frôler ces touches froides, et ce son m'emportait avec lui. Mais je revenais vite a la réalité, ma tasse de café a la main, mes bouquins dans l'autre, toujours équipé de mon fidèle ordinateur. Et je retombais dans la routine de mes recherches, inlassablement, le cœur insensible, figé de toute émotions. 

Cela fait maintenant des semaines que je passe devant cette porte, je ne le vois nul part ailleurs, quand il n'y est pas, impossible de le croiser dans l'enceinte de cette immense école où nous nous trouvons. Certain disent que nous sommes enfermés d'autre chantent ses louanges, sa réputation, ce qu'elle nous offre, mais les talents qu'elle renferme sont immenses, des prodiges. Oui vous avez bien compris, nous nous trouvons dans une écoles de surdoués, la plus réputés d'entre elle, pas d'histoire d'argent, non juste du talent, de l'intelligence a revendre, nous sommes pour la plupart en quête de savoir, dénués de sentiments. C'est ce que nous sommes, le regard vide regardant vers l'avant pour s'enrichir de connaissances. Nous avons tous nos propres talents, le miens n'étant évidemment pas le voyeurisme. J'étudie les trous noir, cela me passionne depuis il me semble une éternité, j'aurais tant aimé connaître Hawking, lui serrer ne serait-ce que la main. Je suis passionné, à la fois par ma physique mais aussi depuis quelque peu par les son d'un certain piano, provenant d'une personne, qui aujourd'hui a prit une énorme place dans mon cœur, alors que je ne connais pas son nom. Rien de lui hormis ce qu'il me fait ressentir lorsque ses doigts dansent sur ce piano, je ne saurais dire pourquoi une telle attraction, peut être même une addiction, je n'arrive pas a m'en passer, je rêve de le rencontrer. Mais jamais je n'oserais interrompre ce ballet entre son piano et lui.

Alors je ne fais que penser à lui, j'essaie d'interpréter ses mélodies a ma façon, et cela prend du poids dans mon cœur. Ses mélodies sembles toutes si violentes et sombres, les jours passants j'ai le sentiment qu'elles sont plus obscures les unes que les autres. Je n'ose penser a ce qu'il peut vivre pour que ça ressorte ainsi dans cette harmonie qui caresse mes oreilles, qui ne cesse de me transporter, ce que je ressens est si fort.  

Le soir avant de m'endormir, j'imagine de multiples scénarios de notre premier regard, j'imagine ses yeux carmins me fixer, ses pas se rapprochant dangereusement de moi. Mais tout cela aujourd'hui n'est que l'idée douloureuse d'une chose qui n'arrivera jamais, je le sens si loin de moi.

De ses doigts je l'entends maintenant, après le grand nombre de jours que j'ai passé a l'écouter par delà cette porte, je l'ai ressenti, il est là sans être là, son monde n'est pas le mien. Comment je pourrais les lier, il ne soupçonne même pas mon existence.

Sans m'en rendre compte mes pas m'ont dirigés devant cette porte, me déposant au pied du mur porteur de cette salle, mon corps glisse, laissant mes fesses à même le sol, sans trop savoir pourquoi je reste ici, sans bouger, j'ai même l'impression que mon corps à cessé de vivre. Mon esprit ne semble plus être le mien, cette histoire me rend fou. Je le suis peut-être, on me l'a souvent dit, mon père, mes amis. Tous, en me connaissant un peu plus chaque jour, s'éloignaient étrangement. En ne m'avouant pas la raison de cette distance, j'ai préféré rester seul, épargnant le semblant de sentiment que je garde pour moi même. J'aimerais ne pas être aussi bizarre, et être le gars populaire, ne serait-ce qu'un jour, pour voir ce que cela fait de se sentir important aux yeux de certaines personnes. Mais je reste muet, le nez plongé dans mes recherches, mon mémoire, mes livres. Je n'ai que ça dans ma vie, avec cette école et sa bibliothèque, mes professeurs et mon mentor, sans qui aujourd'hui j'aurais préféré quitter ce monde. Mais maintenant, quelqu'un a illuminé ce que j'avais éteins avec tant de mal, ce cœur que j'ai maltraité. Et son visage me reviens, les doux son de son piano caressent ma chair ils sont comme une brise dans ma chevelure ondulée. Si rafraîchissant, mais cela ne dure toujours qu'un instant, car après cela je reviens à la réalité, et je replonge dans mes recherches.

Tu sens l'espoir [KatsuDeku]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant