Chapitre I : Errance

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Georges. C'était son nom. Là, il était assis sur son canapé en train de fumer ce qui restait d'une cigarette. Regardant le plafond d'un regard vide, il songeait à sa petite amie qui venaient de partir deux heures auparavant en claquant la porte. Sans doute s'était elle lassée du tas de lettre des huissiers qui s'étaient amassées à l'entrée et que Georges n'osait ouvrir. La raison de ses soucis d'argent n'était pas que ses tableaux n'étaient pas appréciés, mais soi il ne les finissait pas, soi il ne les vendait pas assez cher. Georges comprenait bien cela. Voilà pourquoi il l'a laissé partir sans haine, juste le regret que ce soit terminé. La cigarette arrivait à bout de souffle. Georges l'écrasa dans son cendrier et décida de sortir pour changer d'air. Dehors, les rues de Paris lui étaient insupportables. La chaleur de juillet lui pesait sur ses vêtements. En marchant, il vit un jeune couple s'embrasser sur un banc public. Pour une fois qu'il voyait autre chose que des gens qui se disputent dans cette ville, il fallait que ce soit aujourd'hui... Puis, Georges se rendit compte que tout Paris était comme ça. Les oiseaux blancs volaient tel des étoiles dans le ciel nuptial de la capitale. Sur une terrasse il vit des centaines de couples danser une valse à mille temps en riant et en s'embrassant. Georges courut vers la Seine en quête de tranquillité ; mais c'est là qu'il vit une péniche où une bande de copains mangeaient et buvaient jusqu'à n'en plus pouvoir au rythme de leur rire. L'allégresse générale Paris ne faisait que plonger encore plus notre peintre dans sa solitude. Il commença à courir en espérant s'éloigner de la bonne humeur ambiante. Quelqu'un devait bien être en train de souffrir autant que lui. Rien à faire, à chaque coin de rue on lui présentait des fleurs aux pétales colorés. Là, il vit un kiosque de journaux, parfait pour se délecter de la violente réalité. En sautant par-dessus une poussette avec un bébé riant il vit qu'un drapeau américain et un drapeau communiste étaient en première page, encore mieux ! Il se réjouissait à l'idée d'apprendre que le monde tremblait face à la menace nucléaire. Mais lorsqu'il se saisit du quotidien il lut en gros titre « La paix entre l'URSS et les Etats-Unis ! Le monde respire enfin !». Il lâcha le quotidien avec horreur et reprit sa fuite du bonheur. Après une heure de course, lorsque minuit sonna aux cloches de Montmartre, Georges passa devant une ruelle isolée où il entendit des respirations étouffées. Il se glissa discrètement pour se délecter de ce macabre spectacle : un homme violant une femme. Quel délice ! Un acte d'une bestialité unique. La rage masculine dans ses yeux, la peur et la fragilité féminine dans les siens. Puis, l'homme s'arrêta. Oh non ! Pourquoi arrêter maintenant ? Il n'a même pas fini ! Pourquoi ne la met-il pas enceinte ? Pourquoi ne détruit-il pas son restant de fierté ? Mais Georges se rendit rapidement compte de la raison de cet entracte.
« Qui va là ? »
Georges était repéré. Il sortit de derrière son mur en mettant les mains en l'air et regarda droit dans les yeux de l'agresseur qui se mit à rire.
« - Ce regard, dit-il, j'avais le même il y a quelques années ! Tu ne m'as pas stoppé, tu n'es pas resté par héroïsme. Tu n'as pas fui non plus... laisse-moi deviner, tu es là par pur sadisme je me trompe ?
- Vous m'avez démasqué, je l'avoue. L'agresseur fini dans les cheveux de sa victime traumatisée qui était restée au sol.
- Tu m'intéresse toi. Suis-moi j'ai quelques amis à te présenter. »

Ces deux démons marchèrent donc côte à côte jusqu'à arriver devant une brasserie parisienne. L'agresseur proposa à notre ordure principale d'entrer avant lui. Le restaurant était parfaitement vide. Juste deux jeunes gens assis à une table et qui se tenaient trop près l'un de l'autre pour ne pas penser qu'ils étaient en couple. L'agresseur s'approcha justement de cette table et offrit une chaise à Georges. Il s'installa et se retrouva face à ce qu'il pensait être un couple avant de remarquer la grande différence d'âge entre les deux et de calmer ses spéculations. Il remarqua que l'homme était en train de dessiner une femme, une copie d'Olympia mais dans un cadre différent. Le violeur toussa et les deux relevèrent leurs têtes de leur feuille. La jeune fille dit :
« - Ah tu es revenu Haram !
- Ouais, et je vous présente celui que je veux prendre comme nouvelle recrue.
- C'est toi le chef. » et elle retourna surveiller le dessin du jeune homme. Aucune attention n'était donnée à Georges. Haram se leva chercher une bouteille de vin afin de détendre l'atmosphère. Cet instant où il se retrouvait seul avec des inconnus ne fit qu'augmenter le malaise de Georges. Puis, il décida de briser la glace :
« - Si tu veux mon avis, tu devrais lui briser les hanches, elle est trop raide pour une femme. En prononçant cette phrase, Georges avait eu peur de vexer son interlocuteur. Le jeune homme regarda son amie.
- T'en pense quoi Dana ? Elle hocha la tête.
- Dis-moi le nouveau, tu dessines ?
- J'essaye d'être peintre oui. À ses mots, le visage du jeune homme s'éclaircit.
- Tu me feras voir tes tableaux d'accord ? il lui tend la main, Je m'appelle Francesco et j'ai vingt-deux ans. Georges lui serra la main et se présenta en dévoilant qu'il a vingt-quatre ans. Lorsqu'Haram revint, bouteille des vignes Bellamy datant de 1938 à la main, il retrouva Georges en train de converser cordialement avec Francesco. On peut dire qu'il y a eu un véritable coup de foudre intellectuel entre ces deux hommes. Haram servit les hommes, pas Dana à cause de ses quatorze ans, et il s'assit. Georges fini par demander
- Au fait pourquoi vous m'avez fait venir ici ?
- Alors déjà les présentations : mon nom est Haram, j'ai trente deux ans et suis lieutenant dans une mafia aux États-Unis.
- Très bien, mais quel rapport avec moi ?
- Tu vois ? TU VOIS ? C'est ça que j'aime chez toi ! Tu apprends que tu es à une table de gangster et ça ne te perturbe pas plus que ça. Tu possède en toi un sang froid qui me rappelle moi à mes débuts. C'est pour ça que je veux te demander de nous accompagner aux Etats-Unis afin d'intégrer notre mafia. » Georges prit un temps bien bref pour réfléchir. Paris lui était devenu insupportable, il n'avait aucune envie de recroiser son ex et de toute façon d'ici une semaine ou deux un huissier aurait saisi ce taudis qui lui sert de logis. Pour s'assurer de ne pas faire une folie, il demanda s'il serait logé et on lui répondit qu'à New York il y avait un immeuble appartenant au boss dans lequel étaient logés les membres qui le souhaitaient. Georges n'ayant plus rien à perdre en France décida de tout gagner aux Etats-Unis. C'est ainsi que notre peintre devint haut-membre dans la mafia Ciocco.

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