Prologue : Iliana

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   Avec horreur, je contemplais une tache rouge qui s'élargissait. Sur ma jambe. La douleur qui l'accompagnait me faisait grimacer et mes yeux me brûlaient car je retenais mes larmes. Pas juste à cause de ma jambe, mais parce qu'elle était morte.
   Iliana. Ma petite sœur. Couchée contre moi. Quand je croisais son regard éteint, je n'y tint plus et fondit en larmes. De plus, à chacun de mes battements de cœur, ma jambe était agitée d'un spasme et la douleur croissait. 

   Terrifié, j'entendis soudain des bruits de conversation. Des hommes aux voix rauques qui marchaient vers moi. Je fis taire mes sanglots et me recroquevillait sur moi-même, serrant contre mon torse la tête d'Iliana. Autour de moi, ruine et destruction. Les murs noirs ne tenait presque plus debout et le parquet calciné fumait.

  - Les gars ! appela un homme, pas très loin de moi. Venez par là ! On dirait une maison !

   Je baissait les yeux, et arrêtait de respirer. Si c'était les personnes qui avaient incendié notre maison et tué ma sœur, j'étais un homme mort.

   - Oh Mon Dieu, c'est quoi, ça ?! Un gosse ?!

  Je sentis quelqu'un s'agenouiller près de moi. Alors, je relevais mes yeux trempés pour dévisager la personne qui s'approchait. D'abord, je ne vis rien, parce que mes larmes me brouillaient la vue. Puis, les contours de son visage se précisèrent et je découvris un homme.
  La première chose que je remarquais chez lui était son nez. Il avait vraiment un très long nez. Et des très petits yeux verts.

   - Eh ! dit doucement l'homme. Qu'est ce qu'il s'est passé, gamin ?

   - Qu'est ce qu'il se passe, Noah ? fit une autre voix d'homme.

   - Y a un gamin !

   Un autre homme s'approcha à pas lourds. Si celui qui se tenait devant moi était impressionnant, ce n'était rien face à celui qui venait.
   C'est à ce moment précis que je sentis ma jambe devenir très lourde. Je ne sentais plus mes orteils. Visiblement, ça se voyait, car l'homme au long nez écarquilla les yeux et me pressa l'épaule.

   - Tommy ! Il est blessé ! s'écria-t-il. Mais tais toi donc, vas chercher du secours ! Appelle Gérald, il sauras quoi faire. Pas de discussions ! Dépêches-toi ! Oh non non non, gamin, garde les yeux ouverts ! Allez !

   "Trop tard", pensais-je tant qu'il me restais un peu de lucidité.

Fils du tempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant