Ça, s'était il y a sept ans. Sept longues années. Et maintenant, j'ai treize ans. J'en avait huit lors de... l'incident.
Mais comment vous dire que je suis un petit peu difficile a vivre. Permettez-moi, lecteurs, d'éclairer votre lanterne : je m'appelle Adrien, et je suis... spécial. Oui, c'est peut-être de la prétention, mais c'est la vérité.
Ah oui ! L'homme au long nez s'appelle Noah Patricien. Je ne le voit pas souvent, d'ailleurs. Quand à son acolyte aux larges épaules, c'est Yoreck. Tout court.Je les connais si bien, que, rien qu'à leur façon de toquer à ma porte, je sais reconnaître chacune des personnes vivant avec moi. Yoreck tape deux fois et entre, alors que Noah donne une demi douzaine de coups dans la porte. Il y a Amélie, ma meilleure amie, qui frappe trois coups secs, et Lukas, mon meilleur ami aussi, qui toque du bout des doigts.
En même temps, je les connais depuis mes huit ans, alors... Moi et Amélie, on était inséparable. C'est la première à m'avoir adressé la parole, quand je suis arrivé. Quand on m'a dit :"- Bienvenue à l'OSPP, gamin !"
J'avais huit ans, rendez-vous compte, lecteurs ! J'étais seul, perdu et orphelin depuis peu. Ma petite sœur venait d'être tuée sous mes yeux, et mes parents aussi. Alors, je me suis recroquevillé sur moi même, le premier jour. C'est là qu'est apparu... Amélie. Tout sourire, elle s'est présentée, m'a raconté sa vie... Pour moi, petit être terrifié, c'était un ange gardien. Elle était si sûre d'elle ! Si certaine ! Si fière !
Pour Amélie, baisser le menton, c'est une insulte à soi-même. Elle est comme ça. Mais elle ne prends jamais les gens de haut. Elle est incroyable.Quand à Lukas, c'est tout son contraire. Il est si timide qu'il peine à regarder Noah en face. Il ne parle jamais, se contentant de rougir quand on lui pose des questions et de répondre avec une petite voix. Par exemple, Lukas est incapable de demander l'heure à un inconnu.
- Adrien ! appela une voix fluette.
Quelques coups tapés du bout des doigts sur la porte : c'est Lukas ! Je me précipitais vers l'entrée et ouvrit avec un sourire.
- Salut, Ad' ! me salua-t-il.
Sans attendre, il entra et s'assit sur mon lit. Je l'imitais, un peu étonné.
- Qu'est ce qui t'amène ? demandais-je.
- Y a Amélie qui a refais une crise, m'expliqua-t-il. Fabien est à l'hôpital.
- C'est pas possible ! m'écriais-je. Qu'est ce qui s'est passé ?
- Elle s'est mis à hurler. Franchement, c'était terrifiant. Puis, elle a attrapé une assiette et l'a jetée contre le sol. Fabien s'est pris un éclat dans le front, ça saignait super fort.
- Elle est où ? m'enquis-je.
D'accord, je m'en fiche de Fabien. C'est un gringalet désagréable qui ne se trouve jamais au bon endroit et bon moment. Il est toujours a faire des remarques... Je pense que Lukas a remarqué, parce qu'il soupira et me répondit qu'elle était à l'infirmerie.
Je m'y précipitais, laissant Lukas là. Ce dernier aimait moins Amélie que moi et avait, pour autant dire, un peu peur d'elle.Quand je déboulais dans l'infirmerie, j'eu droit à trois regards : celui glacial de l'infirmière ; celui naufragé d'Amélie et celui étonné d'un autre blessé.
- Bonjour, articulais-je, essoufflé. Comment ça va, Am' ?
- Elle irait mieux si ses visites se passaient dans le calme, grommela l'infirmière, agacé. On vous a déjà appris à toquer, Adrien ?
- Oui, répondis-je docilement, retenant un soupir. Excusez- moi.
Inutile de se fâcher avec cette tête de mule. Je marchais le plus doucement possible vers Amélie, et m'assis a côté d'elle.
- Tu vas bien ? chuchotais-je.
- Non, Adrien, j'ai refais une crise... me répondit-elle d'une petite voix brisé.
- Ça, je sais, répondis-je d'un ton rassurant, ne t'inquiète pas. C'est pas grave, Am' ! C'est une chose qui t'arrive, on peut rien y faire !
- C'est la troisième fois ! insista-t-elle. En deux mois ! Ça n'arrive jamais aussi souvent !
- C'est un hasard ! Tu dois être stressée ou un truc nul comme ça. Ne t'inquiète pas.
Elle ne répondit pas, s'enfonçant dans un silence buté. Je savais pertinemment que si elle ne répondait pas, c'était parce qu'elle était fatiguée. Malgré tout, elle préférais se taire plutôt que de me donner raison.
- Qu'est ce que tu as imaginé, cette fois ? relançais-je d'une voix posé.
- Tu sais bien que je n'aime pas en parler... Bon d'accord, range tes yeux et ta tête de chien battu, Ad', tu m'auras pas comme ça. Cette fois, j'ai vu des visages... D'elles. Autour de moi. Elles criaient ! Je voulais plus les entendre, ça me déchirait les oreilles. Et j'entendais plus rien. Alors, j'ai jeté une assiette pour faire du bruit, mais elles ont continués a hurler... Du coup, je me suis coupé avec un morceau de l'assiette et j'ai réussi à me concentrer assez pour "reconnecter" avec la vraie vie.
Je l'écoutais, bouche bée. A chaque fois un peu plus, je mesurais ce qu'endurait Amélie. Enfin... Angélique. Je ne devrais pas vous en parler, lecteurs, mais vous devez comprendre. Amélie faisait partie des "Enfants de l'ombre". Si, si, vous savez de quoi je parle, lecteurs ! Vous les connaissez sûrement sous un autre nom, mais vous les connaissez. J'en suis sûr.
Les Enfants de l'ombre sont des enfants pâle, vêtus d'une longue robe blanche ou d'une chemise de nuit, qui viennent de poster devant votre lit pour vous faire peur. Alors ?Et bien Amélie, qui s'appelait autrefois Angélique, faisait partie de ces terrifiants enfants. Mais sachez qu'ils ne sont pas là de leurs plein grès. La plupart sont capturés dès leur plus jeunes âge : vous n'avez pas idée du nombre de petits bébés disparus chaque année. Du coup, lorsque qu'ils sont sauvés par l'OSPP, la plupart garde des traces de leurs enfances... disons pas facile.
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Fils du temps
Sci-fiN'avez vous jamais rêvé de retourner dans le temps ? Oui, mais c'est impossible, ça n'existe pas ! direz-vous en riant. C'est là que je me vois obligé de vous contre-dire. Oui, moi, Adrien, treize ans, je vous contre-dis. Car j'ai l'étrange, l'ins...