Chapitre 2 : Angélique

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   C'est pour ça qu'Amélie dors mal, qu'elle fait des crises. Elle a peur des monstres. Pas ceux avec des tentacules, violets à poix roses, qui foncent sur les gens en criant "Groiarrrgh !". Non, les vrais monstres, comme ceux qui emprisonnent les enfants ou les êtres en général. 
  Non, franchement, lecteurs ! Imaginez-vous être obligé de faire peur aux gens, se mettre devant leurs lits pour les terrifier ; il y aurais de quoi garder des séquelles. A vie, je pense. 

   Ce n'est que mon point de vue, après tout. 

   - Ad' ? m'appela Amélie. J'en ai marre de rester là. On peut s'en aller ? 

   Je furetais du regard autour de moi, cherchant l'infirmière. Je la trouvais assise sur une chaise en bois, loin de nous, dans le coin opposé de la pièce. Elle semblait plongée dans la lecture de "La vie selon Anne Demelon", qui est sans doute l'un des livres les plus ennuyant que puisse écrire un écrivain. 
   Mais comment peut-on être passionné par un livre comme celui là ?! C'est long, c'est lent, c'est... Je croisais soudain le regard d'Amélie, qui me rappela à l'ordre. 

   - Madame ? demandais-je d'une petite voix qui résonna étrangement dans le silence irréel de l'infirmerie. Pouvons-nous sortir ? 

   Sans lever les yeux, elle m'accorda un : "Grhmm", qu'Amélie interpréta comme un oui, puisqu'elle m'attrapa par le bras et me tira vers la sortie. Une fois dans le couloir, elle ne me lâcha pas le poignet et continua de me tracter vers ma chambre. 
   Je me laissais emporter par l'ouragan Amélie, trottinant comme je le pouvais pour garder le rythme et mon deuxième bras. 

   Mon énergique amie donna un grand coup dans la porte, qui partit à toute vitesse contre le mur, pour rebondir bien gentiment. L'apparition soudaine d'une Amélie flamboyante fit sursauter Lukas. 
   Il sursauta si violemment qu'il tomba du lit et se ramassa le tapis. 

   - Ça va ? m'inquiétais-je. 

   Mais Lukas se relevais déjà, grimaçant et se frottant la tête. Il se rassit sur le lit, les pommettes en feu et nous offrit un pauvre sourire. Quand à moi, je le rejoint, suivi de près par Amélie et nous restions tout les trois assis, blottis l'un contre l'autre. 

   - A... Alors ? demanda timidement Lukas. 

   - Alors rien, lui répondit Amélie d'un ton découragé. Fabien sera sur pieds dans deux jours, et je continuerais à faire des cauchemar. Rien n'a changé.

   - Ne t'inquiètes pas, Am', la rassura gentiment Lukas. Ça te passera sûrement avec le temps...

   - Et bien j'ai hâte, dans ce cas. 

   Je les écoutais parler, mais laissais mon esprit tourbillonner et réfléchir. J'espérais sincèrement pour Am' que ces terrifiante crise lui passerait. Pour elle, déjà, parce que ce n'est pas agréable à vivre. 
   Et puis pour sa vie, aussi ! C'est pas facile de trouver un boulot, ou un petit copain quand on est sujet à des crises de violence et de terreur. 

   Heureusement, Amélie était la fille la plus forte que je connaisse. Elle a quinze ans, mais elle à l'apparence d'une fille de douze ans et l'esprit d'une jeune femme. Drôle de combinaison. 
   Drôle, certes, mais efficace, lecteurs. Elle peut se faire passer pour une innocente fillette grandie trop vite à une femme de vingt cinq ans qui en fait dix de moins. 

   Vous n'avez pas idées, lecteurs, du nombre de fois où c'est utile. 

   Quand à Lukas, il est petit, mais je ne le dépasse que d'une demi-tête, et encore. Il a des cheveux blonds très clairs et des yeux d'ont je ne connais pas la couleur. C'est une sorte de mélange entre du bleu, du brun, du vert pas très vert...
   Si vous ne l'avez pas rencontré, lecteurs, je doute que vous arriviez à percevoir son caractère. Il est très timide, très rougissant et très gentil. Il est prêt à tout pour moi et Amélie, et nous aussi pour lui. 

   - Oui, je comprends, lui assura Lukas, compatissant. Moi aussi, si j'avais ça, j'en aurais assez. Même si tu es bien plus courageuse que moi. 

   - Et toi, tu es beaucoup plus intelligent, répondit gentiment Amélie. 

   - N'importe quoi, je comprends rien. 

   S'ensuivit un long débat où chacun tentait d'expliquer qu'il était bête et que les autres était des génies. Débat qui ne m'intéressait pas du tout et où je ne pris pas part. J'arrêtais un moment de réfléchir, les yeux dans le vague.
    Les voix de mes deux amis me parvenait, mais sans que je comprenne ce qu'ils disaient. 

   - Adrien ! souffla une petite voix. 

   - Oui ? répondis-je en me redressant. 

   J'eu droit à un regard perplexe collectif. 

   - Oui ? répétais-je. Qu'est ce qu'il se passe ? 

   - Hein ? balbutia Lukas. Mais non, Ad', on t'as pas appelé... 

   Je secouai la tête, un peu étonné, et me replongeais dans ma somnolence, sentant qu'Amélie avait relancé le dialogue. 

   - Adrien ! répéta la petite voix, agacée. S'il te plaît, écoute moi ! 

   Je paniquais franchement et m'agitais dans tout les sens. 

   - Les gars ! appelais-je à nouveau, d'un ton pressant. Vous entendez rien ?! 

   - Mais qu'est ce que tu raconte, Ad' ?! s'écria Amélie. Ça va ? Tu es pâle. Qu'est ce qui se passe ?!

   - C'est moi, hurla la petite voix dans ma tête. C'est moi ! C'est Iliana ! 

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Pardon, ce chapitre est un peu court, mais j'ai préféré couper là. Bonne lecture ;)

Fils du tempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant