Premier Contact

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Doucement Bianca papillonne des yeux. Peu à peu elle se reconnecte avec la réalité et reprend conscience. Au fur et à mesure qu'elle émerge, elle se remémore les événements précédents. Encore légèrement sous le choc elle observe de ses grands yeux bleus son environnement. Étendue dans un vaste lit à baldaquins dans les tons orangés, elle n'est à présent vêtue que d'une longue chemise blanche, semblant venir du siècle dernier qui lui arrive aux genoux. Doucement elle s'assoie sur le bord du lit et se lève. Tout aussi silencieusement elle parcourt rapidement la salle du regard, ses yeux glissant sur les meubles. Ils sont si semblables à ceux que l'on trouve dans les vieux châteaux, ceux qui auraient abrités il y a fort longtemps une princesse de conte. Du moins c'est ce qui se raconte. Puis ses yeux se posent sur le mur à sa gauche. Ce n'est plus vraiment un mur mais plusieurs colonnes dignes des bâtisseurs de la Rome Antique. Entre deux colonnes l'on voyait une tringle dorée, d'où pendait paresseusement de longues voiles roses pâles transparentes. Intriguée par cette soudaine ouverture, dans un style bien différent du reste du mobilier qui plus est,  elle s'approche et disparaît entre les tissus rosâtres .

Elle émerge sur un vaste balcon de plusieurs mètres de largeurs et encore plus en longueur. Délicatement décoré avec de nombreux végétaux, il présente une vue époustouflante sur une vaste vallée. Du pied du bâtiment jusqu'à un lac en aval, s'étend une vaste prairie d'un doux vert pomme. Au delà du lac se trouve une forêt aux verts chatoyant s'étendant à perte de vue. Le ciel, lui est un dégradé typique du soleil couchant. Du bleu nuit à l'ouest à l'orange sanguin à l'est. Tout ce qui s'étend devant elle est baigné par cette étrange lumière, lui donnant un aspect féerique. Doucement Bianca se laisse hypnotiser par cette vue. Peu à peu elle s’appuie de plus en plus sur la balustrade et observe le coucher de soleil.

Sous ses yeux émerveillés, la Nuit gagne peu à peu du terrain. Recouvrant de son sombre manteau toutes vies, lui offrant enfin un calme absolu. Troublé uniquement par les respirations lourdes des vivants, par le vent et les enfants de la Nuit qui rôdent dans son ombre. Discrets, silencieux, fins, puissants, vicieux, rusés, invisibles, insoupçonnés ils s'infiltrent dans tous milieux avec aisance. Mais dès que leur mère se montre et envoûte le monde de son voile sombre ils sortent de leur costumes et révèlent leur vrai visage. Sous les doux rayons de la lune ils laissent libre court à leur pulsions. Silencieusement ils se glissent dans les ombres.

Les voiles s'agitent soudainement, sous le souffle d'un vent tout aussi soudain.

Doucement, ils s'approchent de leur proie.

Les plantes à proximité de Bianca s'agitent sous un autre coup de vent.

Puis une fois près ils s'exposent en pleine lumière sous les lueurs du ciel nocturne puis ils referment leurs griffes sur leur innocentes proies.

Bianca regarde le ciel et son voile d'étoile, la douce lueur lunaire se reflétant sur sa peau blanche lui confère un halo argenté. Sous la lune, elle semble au-dessus de l'humanité. Comme un être divin tombé en ce bas-monde. Bien que la vue soit à couper le souffle, elle est plus captivante. La lune fait briller sa peau, illumine ses yeux azur comme les étoiles brillent au-dessus de sa tête, sa longue chevelure dorée crée une aura phosphorescente qui se laisse porter de temps à autre par le vent. La pleine lune l'inonde de lumière faisant apparaître, par transparence, ses fin membres sous sa chemine blanche. Les plis mettent en avant ses courbes avantageuses. Sa poitrine fait plisser le tissus qui retombe élégamment sur ses hanches et suis la courbe de ses jambes. Appuyé négligemment  sur la rambarde elle balaye des yeux le ciel et la terre sous elle. Un fin sourire sur les lèvres elle semble être la maîtresse de ce domaine, qui lui est pourtant étranger. Plus d'un se sont damné pour avoir son attention comme le paysage nocturne sous ses yeux. Nul n'a pourtant réussi à l'avoir.

Perdue dans sa contemplation elle ne voit pas les rideaux s'écarter pour laisser passer un corps en mouvements.
Elle ne voit pas le lierre qui s'est étendu sur le sol se faire piétiner sans un bruit.
Elle n'entend pas le souffle rauque venant de la silhouette qui se rapproche inexorablement.

Elle voit juste ce qui s'offre à ses yeux devant elle, en aval. Si elle avait tourner la tête, détourné le regard une fraction de seconde elle l'aurait vu se glisser dans les ombres, s'approcher silencieusement et tendre un bras pour le placer dans son dos.

Mais elle sent que la grande main venir se poser entre ses omoplates. Le temps se fige. Même le vent semble s'immobiliser. Elle retient son souffle et prend conscience du souffle de la chose derrière elle qui vient érafler sa nuque. Elle déglutit contre la balustrade et alors que la main se fait moins lourde dans son dos, hésitante , elle se retourne brusquement et lui fait face dans un dernier sursaut de vaillance.

A quelques centimètres de son visage se trouvait un torse. Les épaules était bien plus larges que celle de Bianca. Sa main qui était auparavant dans son dos se trouvait sur le haut de son thorax, à la base de son coup. L'annulaire et l'auriculaire étaient plus court que chez les humains et se finissaient en griffe. Remontant son regard sur le coup et le visage de son agresseur, elle le vit enfin.

Frôlant le mètre quatre-vingt-dix, il était baigné dans la lueur lunaire il se dressait majestueusement devant elle. Une mâchoire carré recouverte de ce que l'on pourrait associer à une imposante barbe noire, une bouche fine souriante alors même qu'elle était plissée, un nez droit, une chevelure noire indomptable de cinq centimètres défiant la gravité. Et sortant de ses cheveux, deux longues cornes se courbant vers l'arrière et les côtés. Rougeâtre à la base elles fonçaient jusqu'à être noir à sa moitié. Le rouge de la base était de la même teinte que la peau de la créature. Un rouge foncé tirant sur le framboise avec des zones brunâtres. Sur ce rouge écarlate se trouvait des lignes roses pastelles, très fines. De chaque côté de la bouche il y en a une qui remontait jusqu'à l'accroche supérieure entre l'oreille et le crâne. De même, à chaque coins des yeux de plus fines lignes serpentent aléatoirement sur sa peau carmin. Une plus épaisse que les autres sépare son front en deux parties égales et elle s'arrête entre ses sourcils. Maintenant qu'il ne plissait plus la bouche elle voit qu'il manque deux bouts de la lèvre inférieure au niveau des canines, laissant celle-ci visibles. Les canines supérieures étant monstrueusement longues elles recouvrent les canines inférieures et dépassent un peu des trous. Trous d'où suintait un liquide noire poisseux. Du sang. Frissonnant elle remonte son regard et tombe dans les yeux de son vis-à vis. Quels yeux...

Le pourtour du glaucome était noir, le même noir qui englobait plus ou moins le blanc de l’œil dans ses volutes d'aquarelle sombres. Et, au centre de ces yeux, la fixant intensément, ce trouvais deux iris incandescents. Les pupilles blanches étaient cerclées par des iris à couper le souffle. Une multitude de teintes si proches mais si distinctes s'y trouvaient. Le pourtour aussi noir que les pupilles se transformait en un bleu azur des plus purs se trouvant à la lisière de ce noir ébène. Puis jusqu'au centre, un rapide éclaircissement lui conférait des iris mauve pastels aux reflets lagons plus ou moins verts. Ces reflets nettement dessinés formaient des fissures dans ces iris cerclés de noir.

Ces yeux brisés s'écarquillent quand leurs regards se croisent, puis vivement ils se reculent de deux bon mètres. De la main entre ses omoplates au recul de l'autre il ne s'est écoulé que cinq secondes. Aussi vivement qu'il s'est écarté, il bondit à travers une ouverture au fond du balcon et disparaît dans l'obscurité de la pièce.

Bianca Où les histoires vivent. Découvrez maintenant