Le Pied De Table

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Bianca ouvre les yeux et aperçoit un plafond orangé.

Elle a à peine le temps de cligner des yeux et de reprendre ces esprits que deux mains griffues se posent sur ses épaules et la redresse brusquement. Elle tombe nez à nez avec un visage tordu en une expression rageuse. Effrayée, elle a un vif mouvement de recul bien qu'atténué par la forte prise sur ses épaules. En croisant les yeux orageux de son vis à vis Bianca déglutit. Quelques secondes s'écoulent sans qu'une seule parole ne soit prononcée.

Mal à l'aise sous se regard enragé elle se met à gigoter pour se défaire de son emprise mais la pression sur ses épaules ne diminue pas d'un pouce. L'autre incline la tête à droite et la dévisage.
Puis à gauche et recommence son manège.
Une fois qu'il semble rassuré il relâche brusquement les épaules de Bianca, recule d'un bon et prend la parole, son air furibond toujours sur son visage.

«    - Madame a repris ses esprits ? Parfait ! Fantastique ! Merveilleux ! Commence-t-il d'un ton sarcastique.
– Qu'est...commence Bianca avant d'être coupée par un doigt venant se poser sur sa bouche et un chut sifflant qui échappe à son interlocuteur.
– Non. C'est moi qui parle tu en as fais assez avec ta petite démonstration la dernière fois tu ne crois pas ? L'ironie mordante de son ton fait grimacer Bianca.
– Et bien en parl... elle s'interrompt en remarquant le froncement de sourcils de l'autre et se recroqueville sur le lit.
– Reprenons par le début. Où  nous sommes ? Ici, en plein cauchemar...un soupir résigné lui échappe. Remarque ça te connais bien il semblerait. Ce que tu 'fous ici' ? C'est à moi de te le demander. Qu'est ce que MOI je fais ici. Pourquoi toi ? Pourquoi moi ? Je ne t'ai rien fais...ne fait pas l'innocente je refuse d'envisager que tu n'en ais pas conscience. Si l'on est enfermé ? Si tu peux sortir ? Tu n’arrêteras donc jamais de te jouer de moi. Le seul moyen de sortir d'ici en vie c'est d'ouvrir la porte d'entrée...qui est fermée à clef... et je n'ai toujours pas mis la main de dessus. Ce qui se passe ? Je nage en pleine horreur et toi, tu es là, paisible et calme alors que rien ne va . Et moi ? Pourquoi suis-je une bête cauchemardesque ? Toi, toi, tu me demandes cela. Es-tu vraiment si cruelle ? Sa voix devient plaintive. Je ne suis que le fruit de tes erreurs, pauvre folle. Quand me laisseras-tu en paix ? Je ne t'ai rien fais. Je veux juste rentrer chez moi... »Un éclat de douleur apparaît dans ces yeux à ces mots. 

Lui qui était levé, majestueux dans sa chemise noire tomba d'un coup, le dos arqué et sifflant de douleur. Le peu d'énergie qu'il avait réussit à accumuler se dissipe et la douleur revient au galop. Un bruit sec de craquement se fait percevoir lorsqu'il s’étale au sol. Sa respiration s’accélère et se fait haletante. Il clos ses yeux et agrippe sa jambe droite, ses mains se serrant convulsivement dessus.

Bianca se précipité à ses côtés et doucement le transporte tant bien que mal sur le lit où elle l'étend précautionneusement.
Entre deux gémissements de douleur il la supplie de prendre soin d'elle. D'être soigneuse avec elle et les autres.

Du moins c'est ce qu'il est possible de comprendre entre deux expirations sifflantes. Alors que son corps est pris de spasmes il ne cesse de la rassurer. 'tout va bien' cela aurait était plus crédible si sa respiration n'était pas chaotique, si il ne semblait pas fiévreux et si sa voix ne faiblissait pas au fur et à mesure qu'il sombrait dans les bras de Morphée. Légèrement déstabilisée, Bianca se trouve prise au dépourvu.

Elle fait un rapide résumé de la situation. Elle est coincée pour une durée indéterminée avec une créature qui semble bienveillante dans un lieux sortant tout droit d'un remake de conte de fée. Et il se passer de drôles de trucs, et elle est coincée. Seule. Avec cette créature qui est sa seule source d'information.

Bianca pousse un soupir, il ne lui reste plus qu'à prendre soin de celle-ci pendant qu'elle est inconsciente. Arrivant à cette conclusion son regard dévie sur le visage presque paisible de son hôte involontaire.

Sa peau n'est plus aussi vive que la dernière foi, elle est bien plus proche du bordeaux qu'avant, elle semble même violine par endroit. Les lignes sont toujours aussi claires mais elles semblent plus nombreuses. Il a un nez droit, tout a fait humain. Ses sourcils noirs épais sont clairement dessinés comme quoi même les créatures humanoïdes prennent soin d'elles, pense ironiquement Bianca. Le sang ne dégouline plus de sa bouche, les emplacements des canines sont dorénavant bien délimités. Il n'a plus qu'une barbe de trois jours. Ses cheveux sont toujours indomptés et tout aussi étincelants cachant plus ou moins ses cornes. En continuant son observation elle se glisse hors de lit et s'étale le long du matelas, appuyant son coude sur celui-ci afin de soutenir son menton avec la paume de sa main droite. La créature a des épaules larges et semble bien 'bâti'. Puis son regard dévie de son torse et tombe sur la main droite de la créature. Le regard de Bianca se fixe sur les doigts. Ils sont longs et fins mais les deux doigts les plus opposés au pouce sont anormalement petits. Si l'on n'y prête pas attention l'on pourrait croire qu'il n'a que trois doigts. Les deux plus petits sont des griffes noires qui surgissent de sous la peau. C'est légèrement perturbant pour elle. Ensuite son regard descend sur sa jambe. Le pantalon semble plus foncé sur la jambe qui a cédé sous son poids.

Délicatement elle s'empare du bas du tissus et le remonte lentement. La peau est noire sur sa jambe et le tissus est humide. En remontant le pantalon elle se rend compte que le liquide qui imprègne le tissus est du sang qui macule ses mains à présent. Doucement elle découvre le genou, notant au passage que le pantalon est fendu à partir du demi mollet jusqu'à la mi-cuisse.

Un petit bout de pied de chaise est planté dans l'articulation. Une large blessure suintante s'étend tout autour. La peau rose se dévoile dans la blessure. Déposant un doigts sur une boursouflure de la blessure elle s'aperçoit qu'elle est infectée. Inquiète elle vérifie la température du front de la créature et s'aperçoit qu'il est anormalement chaud. Choisissant de désinfecter la blessure elle cherche du regard de quoi s'en occuper. Alors que son regard parcours la salle frénétiquement il tombe sur une trousse de premiers secours moderne déposée entre le bureau en bois et le mur, presque dissimulé.

Elle se lève et va la chercher. Elle l'ouvre précautionneusement et observe l'intérieur. Bon, à première vue rien d'inconnu. C'est typiquement le type de trousse qu'elle utilise à l'hôpital. Ayant confiance en elle, Bianca enfile les gants chirurgicaux et s'empare de la trousse qu'elle vient déposer à coté de la blessure. Repoussant un mèche de cheveux en arrière elle s'empare du désinfectant et s’attelle à sa tache. Elle commence par retirer les corps étrangers et arrive à juguler l'hémorragie. Puis elle nettoie la plaie en faisant attention aux soubresauts de la jambe et aux contractions de douleur. Elle poursuit ces soins avec douceur, poussant son patient à se rendormir lorsqu'il se réveille. Ce qu'il finit par faire épuisé bien que retissant. Au bout d'une demie heure de soins et une blessure pansée elle finit par lui faire une injection d'anti-inflammatoires.

Éreintée elle repose tout dans la malle et s'assoie pour que sa tête cesse de tourner. Vidée d'énergie elle finit par s'allonger et sombre elle aussi dans les bras de Morphée.

Bianca Où les histoires vivent. Découvrez maintenant