Chapitre 3: Rouge Écarlate

25 4 2
                                    

Inès ne vivait pas sur la même planète que les autres filles de son âge. Elle ne mettait que rarement des robes. Elle avait passé ses Barbie au micro-ondes à l'âge de cinq ans et, lorsque deux possibilités s'offraient à elle, elle choisissait toujours la troisième qui est généralement la plus dure au passage... La seule exception est son doudou qu'elle garda depuis maintenant une dizaine d'années.

•Comment ta pu te mettre dans une telle merde putain ?!, lâcha-t-elle en se plantant devant Damien.

T'es déjà au courant ..?

Tu rigole ? Tout le lycée est au courant !, s'exclama t-elle. Tu n'imagines même pas dans quelle mer...

Oh ! Regarde y'a une Macdo ! On y vas ? J'ai assez d'argent.

D'accord mais c'est toi qui paye avec ton argent de poche.

Et c'est ainsi que Damien réussi sa première mission, soudoyez sa soeur pour qu'elle ne l'embête plus.

Au fast-food, Damien s'offrit un menu double cheese-burger. Inès avait très faim. Elle commanda un CBO et un coca, puis s'empara d'une poignée de sachets de ketchup et de mayonnaise. Tandis que son frère engloutissait son dîner, elle les déchira et en vida le contenu sur la table.

- Pourquoi tu fais ça ? demanda-t-il.

- En fait, répondit-elle, l'air moqueur, en mélangeant les deux ingrédients avec les doigts, je dois dessiner un smiley. Il en va de la survie du monde libre.

- Tu réalises que quelqu'un va devoir nettoyer tout ça ?

- M'en fous, répliqua-t-elle, le visage fermé.
James avala la dernière bouchée de son cheese-burger puis, ne se sentant pas rassasié, lorgna vers le CBO de sa sœur.

- Tu le finis pas ?

- Prend-le si tu veux. Je suis pleine de toute façon.

- Il n'y a rien à manger à la maison, Inès. Tu ferais mieux d'en profiter, je vais acheter un peu après.

- Je n'ai pas faim, dit Inès. Je me ferai des sandwichs, plus tard.

Damien adorait les sandwichs de Inès. Ils étaient trop bon. Nutella, miel, sucre glace, sirop d'érable, pépites de chocolat. Peu
importaient les ingrédients, pourvu qu'ils soient sucrés, en quantité industrielle, que le pain soit croustillant, la garniture chaude, collante et épaisse. Ces spécialités valaient la peine de se brûler les doigts.

- D'accord, mais t'auras intérêt à nettoyer la cuisine. La dernière fois, maman a failli devenir cinglée.

Il faisait nuit lorsqu'ils tournèrent au coin de la rue où ils vivaient. A peine s'y étaient-ils engagés que deux garçons bondirent au-dessus d'une clôture. L'un d'eux plaqua Damien face à un mur, puis lui tordit le bras derrière le dos.

- Salut mon pote, murmura-t-il, la bouche collée à son oreille. Je t'attendais avec impatience.

L'autre garçon ceintura Inès, puis colla une main sur sa bouche pour étouffer ses cris.
Damien s'en voulait d'avoir été aussi stupide. Il s'était inquiété de la réaction de sa mère, du directeur du lycée et de la police, mais il avait oublié que Roxane Jennings avait un frère de dix-huit ans.
Greg Jennings était le chef d'une bande de voyous qui régnait par la terreur sur le quartier de Damien. Ils cassaient des voitures, détroussaient les passants et n'hésitaient pas à faire usage de leurs
poings. Il valait mieux baisser les yeux sur leur passage. Ceux qui avaient affaire à eux pouvaient s'estimer heureux de s'en tirer avec une paire de gifles et quelques pièces de moins dans leur porte-monnaie. Aux yeux des membres de ce gang, il n'y avait pas pire offense que de s'en prendre à l'une de leurs sœurs. Greg Jennings écrasa le visage de Damien contre la brique.

Faux semblant Où les histoires vivent. Découvrez maintenant