Chapitre 4

3 1 0
                                    


La Chambre

J'ouvre les yeux. Ils se fixent sur un homme noir en blouse blanche. Son visage fin me semble familier mais je ne saurais dire d'où je le connais.

-Bonsoir Diego. Ça va ?

Son ton doux me déstabilise et je le regarde sans prononçer un mot.
Après quelques instants je réponds que "oui ça va". Il me raconte alors que je suis à l'hôpital, qu'il s'appelle Pierre, que je vais bien, enfin assez bien. Que le séjour que j'allais passer ici allait être des plus sympathique. Que j'avais subis un traumatisme grave et que j'avais été opéré. Il me demande ensuite ce dont je me souviens. J'ai beau me creuser la tête, rien ne vient. Je ne sais rien de ce qui m'est arrivé, de qui je suis, de ce que j'étais.... Je ne sais rien. Ce constat me plonge dans un profond désarroi et me terrifié tellement je me mets à pleurer à chaudes larmes. Le médecin s'approche alors de moi. Pensant qu'il vient me réconforter je me prépare à ouvrir les bras. Mais au lieu de venir me voir, il se dirige vers une perfusion, et la trifouille. Je m'arrête immédiatement de pleurer et me ressaisis. Je m'en veux d'être si faible. Je jette un regard noir à l'homme qui se tient juste à côté de moi. Ses mains agiles dansent sur la perfusion. Il me demande de tendre le bras droit. Je m'exécute sans le regarder. Il s'apprête à enfoncé un tube transparent dedans quand soudain je me sens très mal, la tête me tourne. Je suis pris de nausées et vomis sur la blouse de Pierre. Il me jette un regard noir. Un liquide blanc/jaune s'écoule le long de sa jambe et sur son ventre. Il regarde sa blouse avec dégoût et sort de la pièce, laissant la porte entrouverte.

Alors qu'après cinq minutes d'attente il n'est toujours pas revenu, je décide de me lever pour voir ce qu'il se passe. D'abord je me redresse mais instantanément les maux de têtes reprennent, m'obligeant à faire une pause. Je me déteste d'être aussi faible. Une fois mes jambes sorties du lit et mes pieds au sol je me lève. Je ne parvient pas à supporter mon poids et m'effrondre de tout mon long sur le carrelage froid. Je reste de longs instants au sol. Ma jambe gauche me fais très mal. Tant bien que mal, je me retourne sur le dos et m'accroche au lit pour me relever. Je m'y rallonge sur le ventre, les jambes toujours au sol.

Après quelques instant où je reste les yeux fermé, je m'oblige à m'asseoir sur mon lit. Des points de toutes les couleurs dansent devant mes yeux. Sans réfléchir je me lève et fais quelques pour ne pas m'écrouler. Je continue jusqu'à atteindre la porte, à laquelle je m'aggripe, mes jambes ne me soutenant plus. Je reprend mon souffle difficilement. Après une nouvelle pause, je tire un peu plus la porte et passe la tête à l'extérieur de la chambre. Je découvre un couloir d'une longueur gigantesque. Qu'importe le côté où mon regard se porte je parviens à peine à en voir la fin. Tout les 5 mètres environ une porte apparaît. Des dizaines et des dizaines de portes s'alignent, toutes à l'identique, exceptés les inscriptions qui y figurent. Pour celle en face de ma chambre je lis A20, et celle à côté A18, et ainsi de suite A16, A14... Je m'enfonce un peu plus dans le couloir et m'approche de la porte en face de moi, la A20. Je tourne la poignée puis essaie de pousser la porte. Elle reste irrémédiablement close. Je passe ensuite à la porte suivante et me heurte de nouveau à un échec.

Soudain un groupe d'hommes s'engage dans le couloir. Ils viennent de sortir d'une chambre et marchent dos à moi. De la chambre sort ensuite des personnes en blouse blanche, et enfin un lit semblable au mien. Sur ce lit j'aperçois une silhouette humaine. Sa tête ce tourne subitement vers moi. Je me précipite vers ma chambre et referme presque entièrement la porte. J'entends alors une voix cassée, à briser le cœur, scandée :

- Le méchant ! Le méchant ! Il est revenu ! Au secour ! Au secour !

Petit à petit les mots deviennent intelligibles jusqu'à ce que les cris se transforment en hurlements. Je repasse la tête par l'entrebaillement de la porte. Ce que je vois me donne un haut le cœur. Les hommes de tête sont revenus en arrière et maintiennent fermement la silhouette plaquée au lit tandis que les blouses blanches s'affairent à préparer quelque chose. La silhouette continue à gesticuler dans tout les sens. Un médecin se penchent dessus et soudain les hurlements s'estompent puis s'éteingnent. Le convoi reprend sa route puis disparaît à la moitié du couloir. Je rentre dans ma chambre, referme la porte et me glisse dans mon lit.

La scène à laquelle je viens d'assister me laisse tremblant. Elle est loin de correspondre à l'image parfaite que Pierre m'avait dépeinte de l'hôpital.   Soit la silhouette était dérangée dans ce cas le produit qu'on lui a injecté était nécessaire soit il était seulement nécessaire que la silhouette se taise et soit manipulable selon l'envie des médecins. Je préfère de loin la première option...

Hors De Contrôle Où les histoires vivent. Découvrez maintenant