Chapitre 2

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La Chambre

Je reprends petit à petit conscience. Je le sens car une douleur lancinante me traverse le corps. Je me redresse en un sursaut, provoquant une nouvelle vague de souffrances. Mes cotes me font grimaçer à chaque respiration, un large bandage me recouvre la tête. Que m'est t'il arrivé ?

Je suis allongé dans un lit, recouvert d'un drap blanc. D'ailleurs tout est blanc, du sol en carrelage, jusqu'au mur tapissé. Je pousse un soupir de soulagement. "Je suis à l'hôpital" me dis-je. Je n'entends rien, hormis des sons sourds et des chariots qui roulent. J'observe ma chambre plus en détail : il y a des rideaux opaques sur ma gauche, ainsi aucune lumière ne filtre. A ma droite une perfusion reliée à mon bras ainsi qu'un écran, accompagné d'un bip bip incessant. Je suis éclairé par des néons à la lumière blanche crue, qui me brûle les yeux. J'essaye de bouger la jambe droite puis la gauche. La gauche me fais pas mal souffrir mais les deux semblent répondre à mes solicitations. Je regarde alors sous le drap. Je porte une simple chemise/robe d'hôpital, d'un blanc immaculé, à part au niveau de ma cuisse gauche où s'étend une tache rouge. J'essaie de me redresser en position assise mais je m'effondre. Pourquoi suis-je si faible ? Que m'est t'il arrivé ? Mais surtout pourquoi je ne me souviens de rien, ou tout du moins, de pas grand chose ?
"Je m'appelle Diego Delattre, j'ai 16 ans, je vis dans un foyer, je suis au lycée Al... euh non Abe.. non je..."
Même en me concentrant au maximum je ne retrouve pas le nom de ce lycée. C'est comme si à chaque fois que je m'approche de la réponse, elle s'éloigne hors de ma porté.

Soudain la porte capitonnée s'ouvre, m'interrompant dans mes réflexions. Un homme en blouse blanche entre dans le pièce, me jette un coup d'œil, puis vérifie quelque chose sur la tablette qu'il tient et referme la porte. J'ai tout juste le temps de voir un bout de couloir avec une autre porte en face. L'homme s'avance vers moi, un sourire figé plaqué sur le visage, son stylo tapant frénétiquement sur sa tablette.

- Alors, jeune homme, comment ça va ? me lance t-il, avec un ton enjoué.

- On est où ? Vous êtes qui ? Il m'est arrivé quoi ? Pourquoi je suis dans un lit d'hôpital ?!

Mes questions avaient fusé, sans que je m'en aperçoive. Ma voix est faible, mes cordes vocales irritées m'arrache une grimace. Mes interrogations semblent laisser l'homme perplexe.

- Pour ce qui est de ta première question on en reparlera plus tard. Ce que je peux te dire c'est que je m'appelle Pierre et que je serai ton médecin durant toute la durée de ton séjour parmi nous. Quand à ce qui t'es arrivé, c'est à toi de nous le dire...

Il marque un temps d'arrêt puis reprends :

- Maintenant que j'ai répondu à tes questions, c'est à toi de répondre aux miennes. Alors comment ça va ?

Je décide de paraître plutôt enjoué.

- Ça pourrait aller mieux, même beaucoup mieux... J'ai un de ces mal de crâne ! Ça bourdonne dans mes oreilles. Et ma jambe gauche me... je m'interromps et le regarde :

- Vous pouvez arrêter ça s'il vous plaît, Pierre ?

Finalement pas si enjoué ou gentil que ça...

- Euh pardon ? répondit-il, surprit.

- Vous pouvez arrêter de taper votre stylo sur votre tablette ? Ça fait du bruit, ça m'agresse...

Il me jette un regard agacé, mais il reprend si vite son expression souriante, que je me demande si je ne l'ai pas inventé.

La conversation continue j'apprends que ma jambe est très contusionnée mais pas fracturée. Quand à ma tête, j'ai reçu un coup très violent dessus, mais je ne souffre pas de commotion cérébrale, à première vu. Je pourrais donc "sortir rapidement de l'hôpital".

Soudain le médecin s'approche de moi. Je me crispe. Il touche alors à l'intraveineuse plantée dans mon bras puis à la perfusion. Le bruit d'un goutte à goutte se met à raisonner dans la pièce.

- Pour ton information elle contient un complément alimentaire ainsi que de la morphine, dit -il en désignant la perfusion. Tu ne devrais pas tarder à te sentir mieux et moins souffrir.

Pierre me pose anodinement LA question, à laquelle je m'efforce de répondre depuis mon réveil.

- Alors, Diego, de quoi te souviens-tu ?

Il s'éloigne enfin et je me remet à respirer.

Je décide que je ne lui fais pas assez confiance pour lui dire toute la vérité. Mais le principal problème c'est que je ne me souviens de rien... ou presque. Je ne sais pas pourquoi je suis ici, depuis combien de temps, comment je suis arrivé... Mes questions sont beaucoup trop nombreuses pour être toutes posées. Alors je réponds comme je peux :

- Euh... Je ne sais pas. En fait c'est très flou, je ne me souviens que d'une route... D'avoir très mal et.. et de mon sac bleu. Je détourne le sujet de la conversation : D'ailleurs vous l'avez récupéré avec moi ? Et je suis arrivé comment ici ?

Il semble un peu irrité par ma réponse qui n'en n'est pas une et/ou par mes questions incessantes.

- Pas de sac à ma connaissance. Désolé. Et on t'a retrouvé devant l'hôpital, inconscient et nu.

A l'idée de m'être retrouvé nu devant tout le monde, je rougis.

- En revanche, on espèrait que tu pourrais nous raconter ce qu'il c'était  passé. Mais, il faut croire que non. Tu n'es pas enclin à répondre à mes questions ? Très bien. On se revoit demain, dit-il d'un ton sec.

Non mais ce médecin est complètement bipolaire, j'hallucine.
Il fait volte face, se dirige vers la porte et sort de la chambre. J'entends une clé tourner dans la serrure. Super, je suis enfermé...

Que faire ? Pas grand chose, excepté réfléchir, rassembler les éléments à ma disposition. Mais là, j'avoue que réfléchir est une tâche beaucoup trop difficile. Je me sens de mieux en mieux dans ce matelas si confortable. Je ferme les yeux et me laisse aller.

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